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— À mort. À mort !

— Tuez-le !

— Tuez-le !

Et déjà les balles sifflaient, allant s’aplatir avec un bruit sourd autour du malheureux Jupiter…

Encore quelques secondes et le drame allait être accompli.

Une voix très calme cria :

— Attention, gentlemen, ne le tuez pas d’un coup. En détail. Tuez-le en détail, les bras, les jambes d’abord. Au cœur ensuite. Il a torturé une vieille femme.

On suivit ce conseil.

— Au bras !

— À la jambe !

— À l’épaule droite !

Les balles portaient.

La plainte sourde, affolante du noir, continua quelques minutes encore, puis une balle dut atteindre le malheureux en plein cœur, on vit son corps s’agiter dans un dernier soubresaut, se roidir, puis s’abando

Alors, subitement, comme si la mort du malheureux avait été un signal attendu de tous, les cris, les clameurs cessèrent.

Tous les meurtriers, les tortio

Et seul peut-être, demeuré en haut de l’allée du parterre, crampo

— Misérables ! ah ! misérables !

Cet homme-là, c’était Jérôme Fandor…

— Bien parlé. C’était un misérable.

— Nous avons fait justice !…

Alors, Fandor, courbant la tête, s’en fut, atterré. Nul n’avait compris son cri de révolte.

17 – UN MÉDECIN COURAGEUX

— Tenez, major, voulez-vous inscrire les signaux ?

— Lieutenant, je suis à votre disposition…

— Mais il me semble qu’ils télégraphient une longue dépêche ?

— Vous avez parfaitement raison…

— Les pauvres gens. Leur sort est affreux…

— Affreux, vous exagérez ! Mais enfin, il est certain que leur situation n’est pas très réjouissante.

— Je ne vois même pas en quoi j’exagère, major, car enfin, vous figurez-vous leur situation ? La peste à bord, pas de sérum, interdiction absolue de communiquer avec la terre. Je ne sais même pas ce qu’ils font de leurs morts ?…

— Ils les brûlent, sans doute.

— Ils les brûlent ! C’est facile à dire, et plus difficile à faire…

— Vous renoncez, major, à prendre les signaux ?

— Bah, nous aurions plus vite fait de monter à la capitainerie du port. J’imagine qu’on nous communiquera le texte de ce qu’ils vie





— Vous avez raison. Nous y allons ?

— Allons-y. Cela occupera toujours notre matinée…

Devant le sémaphore, où se pressait la foule, le major et le lieutenant s’immobilisèrent.

À ce moment précis, un soldat sortit du bâtiment et lut une sorte de document qui informait la population de Durban de la situation exacte à bord du navire en proie à la peste.

« Il n’y avait pas lieu, affirmait-on, de s’inquiéter, tout d’abord, relativement aux chances de contagion. Les précautions étaient très bien prises et devaient être rigoureusement observées…

« Le bateau pestiféré ne demandait même point à entrer en relations suivies avec le sol, sa communication n’avait eu qu’un but, supplier que, par pitié, on autorisât l’un des médecins de la ville à se rendre à bord… »

« Les malheureux en quarantaine vie

« La capitainerie fait demander s’il se trouve un médecin qui veuille se rendre à bord du bateau, dans de telles conditions, que le voyage ne puisse causer aucun danger à la population de la ville. La capitainerie croit de son devoir de signaler qu’il y a infiniment de risques à courir et que seul un homme décidé à affronter la mort peut se présenter… »

Or, tandis que la foule hésitait encore, un homme à l’allure vive, décidée, traversa l’espace libre qui demeurait entre le sémaphore et la foule.

Des voix chuchotèrent :

— C’est un médecin. Il se dévoue.

L’homme pénétra dans les bâtiments administratifs, pour se faire conduire auprès de la Commission de la Santé.

Il saluait légèrement ceux qui le recevaient et d’une voix brève qui ne tremblait point, demandait :

— Messieurs, je viens d’entendre lecture de votre proclamation. Je suis médecin, disposé à me rendre là-bas, si, toutefois, les conditions sont acceptables. Quelles sont-elles ?

Alors parmi les membres du bureau, il y eut une certaine stupéfaction. Les braves gens qui le composaient avaient espéré qu’il ne se trouverait pas de médecin assez hardi pour tenter l’aventure.

Or, voilà qu’il s’en présentait un.

Impossible de refuser son offre.

Restait, et cela toujours dans le but naturel et compréhensible d’éviter tout danger pour la santé publique, à lui imposer des conditions si sévères qu’il se retirât lui-même…

La Commission de la Santé qui siégeait depuis le matin, en raison des communications entreprises avec le bateau pestiféré, était présidée par un vieil homme qui avait, au moins, le mérite d’une très grande franchise.

— Docteur, répondit-il à l’étranger, vous savez qu’aller là-bas, c’est aller à la mort ?

— Je le sais.

— Que ce dévouement ne vous rapportera pas grand-chose ?

— Si, monsieur, la satisfaction d’avoir accompli mon devoir.

— Docteur, voici les conditions : Nous vous remettrons trois caisses de sérum antipesteux. Une chaloupe à vapeur vous porte jusqu’au navire et sitôt que vous aurez accosté, s’éloigne pour gagner dans le vent, c’est-à-dire aller se mettre en avant du bateau, à l’abri de ses relents empestés… Un quart d’heure après votre arrivée, cette chaloupe accostera à nouveau le navire, vous aurez deux minutes pour embarquer et à ce moment, ou vous embarquerez – et vous serez ramené à terre où l’on vous soumettra à une rigoureuse quarantaine – ou vous n’embarquerez pas… et dans ce cas vous resterez à bord jusqu’à ce que l’épidémie soit complètement enrayée et que, par conséquent, si vous avez échappé au trépas, il n’y ait plus aucun danger à ce que vous repreniez vos occupations dans la ville. Voulez-vous toujours aller là-bas ?

— Oui, monsieur. J’irai, je ne resterai qu’un quart d’heure, puis je réembarquerai pour revenir ici chercher, j’imagine, le complément de l’outillage médical qui me sera nécessaire. Je retournerai ensuite immédiatement à bord du navire, car ma conscience d’ho

Alors, d’un seul mouvement, les membres de la Commission se levèrent. Puisque cet homme, de sang-froid, acceptait d’aller affronter la mort uniquement pour porter secours à ses semblables, puisqu’il se dévouait à sa tâche sublime de médecin, et cela sans exiger une récompense ou des conditions moins sévères, sans exposer la ville à une émotion d’ailleurs compréhensible, il convenait de le féliciter, de l’encourager.

Les membres de la Commission n’y manquèrent pas…

***

Le départ du médecin eut lieu une heure plus tard.

On avait pris les précautions d’usage…

Par-dessus ses vêtements ordinaires, on lui avait fait endosser deux longues blouses blanches imprégnées de produits antiseptiques, qui le recouvraient complètement.

Sur les manches de ses blouses, manches qui étaient fermées aux poignets par des élastiques, venaient joindre de longs gants hermétiquement clos.

Sa figure, enfin, était entièrement recouverte d’une sorte de masque composé d’ouate sur laquelle on avait enroulé de longues bandes de tarlatane. À peine avait-on laissé subsister deux trous pour les yeux, une mince fente à hauteur du nez, par laquelle le docteur pouvait respirer, respirer difficilement d’ailleurs, car, par surcroît de précaution, l’air ne lui arrivait qu’à travers le filtre d’un épais tampon de coton.