Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 39 из 99

La rue Jouffroy était bien déserte maintenant. Enfonçant les mains dans ses poches, il partit dans la direction opposée à celle prise par Adalbert, c’est-à-dire vers la place des Ternes. Il lui restait environ une demi-heure pour arriver chez Tania. L’exigence formulée par Agalar de le voir arriver à pied le contrariait. Cela ne lui laissait pas le temps de faire quoi que ce soit : par exemple essayer d’appeler Karloff à son bistrot favori. En traversant l’Étoile il pensa un instant arrêter un taxi pour au moins se faire rapprocher, mais à cette heure avancée il n’en trouva pas et poursuivit son chemin à longues enjambées rapides. Paris, cette nuit, lui offrait un visage hostile, voire inquiétant…

Quand il entra dans la rue Greuze, sa montre bracelet consultée sous un réverbère lui apprit qu’il lui restait quatre minutes.

Plus lentement, alors, regardant autour de lui, il avança vers la maison de Tania en s’efforçant de ne pas penser à ceux qu’il aimait, car son sixième sens lui soufflait qu’il allait vers un danger réel, mais, au fond, livrer la grosse perle qui lui causait tant de soucis ne l’attristait pas. Bien au contraire, car même si ce n’était pas la manière qu’il eût choisie, il en serait malgré tout débarrassé et peut-être que le sort funeste qui semblait s’y attacher jouerait contre celui qui allait s’en emparer.

Il y avait de la lumière aux fenêtres et une grosse limousine était arrêtée à quelques mètres en avant de la porte. Un chauffeur se tenait sur le siège et Aldo pensa qu’il devait faire partie de la bande. Il n’en continua pas moins son chemin, passa près de la voiture. Une portière s’ouvrit devant lui si brusquement qu’elle le frappa de plein fouet. En même temps une main invisible lui assenait sur la nuque un coup violent qui le précipita à terre sans co

Un instant plus tard, deux hommes le jetaient sur le tapis de l’arrière, puis ils montèrent. La voiture démarra sans bruit et disparut sous les arbres de l’avenue Henri-Martin…

Les fenêtres de l’appartement de Tania étaient toujours éclairées…

Pour sa part, Adalbert avait eu plus de chance que son ami. En sortant de la rue Jouffroy, il avait trouvé un taxi en maraude et, sans se soucier du coup de sifflet à roulette qui avait fait surgir comme par magie deux « hirondelles (12) » pourvues de mollets bien musclés, il s’y était engouffré. Ils n’eurent d’ailleurs pas à forcer l’allure car, sûr de son bon droit, Adalbert n’essaya pas de les semer en se montrant pressé. Mais les rues étant vides on ne mit pas longtemps à atteindre le boulevard Poisso

Comme il l’espérait, l’archéologue trouva Martin au travail : installé devant une machine à écrire haute comme un lutrin, enviro

L’arrivée tumultueuse d’Adalbert – car à peine débarqué il se rua dans le bâtiment après avoir ordo

— Je suis sur un papier important et je ne veux pas qu’on me dérange !

— Ce que je vous apporte est encore plus important. Alors laissez tomber et venez avec moi !

— Où ça ?

Lâchant le journaliste qu’il avait saisi par la manche, Adalbert planta un regard bleu fulgurant dans celui, tout aussi bleu mais ulcéré, de sa capture :

— Rencontrer Napoléon VI, ça vous intéresse toujours ?

Aussitôt les yeux de Walker retrouvèrent leur vivacité :

— Qu’est-ce qui vous fait croire que c’est possible ?

— Venez toujours ! J’ai une voiture en bas ; je vous expliquerai en chemin.

— Et on va où ?

— Près du Trocadéro ! Eh là, doucement !...

Le jeune homme avait jailli de son siège, pêcha une casquette sur une chaise et courait déjà vers la porte où il se retourna :

— Remuez-vous un peu ! fit-il sévèrement. Je croyais que vous étiez pressé !

Tandis que l’on roulait vers la rue Greuze, Adalbert, après avoir vérifié que son compagnon n’ignorait rien de ce qui s’était passé chez le maharadjah, lui raconta comment s’était déroulée la soirée avec Morosini, l’apparition des bracelets de rubis et finalement le coup de téléphone terrifié de Tania ainsi que ce qui s’en était suivi. Naturellement il fallut lui en dire un peu plus sur les relations d’Aldo avec la belle Circassie

— Il y tient à ce point-là, votre ami ? questio





— Si vous entendiez une femme hurler et vous supplier de l’aider, grogna Adalbert, vous raccrocheriez le téléphone pour aller tranquillement vous mettre au lit ?

— Non, admit Martin en riant, mais pour moi le danger serait moindre. Je ne suis qu’un petit reporter, pas un expert en joyaux historiques doublé d’un collectio

— Ça fait beaucoup de doublures mais j’admets que vous avez raison.

— Ainsi, le Napoléon russe serait en fait un Espagnol ? Intéressant ! En tout cas une qui vient de l’échapper belle, c’est la petite Van Kippert ! Je suis persuadé qu’à peine mariée, il lui serait arrivé un accident quelconque… Ah, je crois que nous arrivons !

On arrivait, en effet. Le taxi vint se ranger devant l’immeuble de Tania. À l’exception des becs de gaz qui brûlaient encore à cette heure toujours noire qui précède le jour, tout était éteint, tout était silencieux.

— C’est bougrement calme ! remarqua Martin sans bouger de son siège.

— Qu’est-ce que vous croyez ? gronda Vidal-Pellicorne. Que lorsqu’on se livre à ce genre d’action, on ouvre les fenêtres, on illumine et on fait marcher un gramophone ?

— Non, vous avez raison. Allons-y !

— Et moi qu’est-ce que je fais ? demanda le chauffeur. Il faut encore que je vous attende ?

— J’aimerais mieux, répondit Adalbert.

— Mais moi j’aimerais mieux pas. Ma nuit est finie et je vais rentrer à Levallois-Perret ! Alors si ça vous fait rien, payez-moi !

Il fallut bien s’exécuter. Adalbert paya tandis que Martin se pendait à la so

— Je suis médecin ! clama-t-il. Mme Abrasimoff, c’est bien ici ?

— Troisième étage droite ! lui répondit une voix ensommeillée. Tâchez moyen de crier moins fort et d’pas me réveiller toute la maison.

— On fera de son mieux.

Aucun bruit non plus derrière la porte aux cuivres rutilants de la belle Tania. Adalbert so

— La fidèle servante n’en a peut-être pas encore fini avec la Pâque russe ? bougo

Tout en parlant, il évaluait du regard la solidité de la porte. Comme celles des beaux quartiers en général, c’était de la belle qualité, difficile à enfoncer. Il n’eut pas le temps de se poser davantage de questions : Martin venait de tirer d’une de ses vastes poches un couteau à lames multiples et commençait à s’occuper de la serrure. Assez versé dans l’art d’ouvrir des portes qui ne lui appartenaient pas, Adalbert admira en co