Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 38 из 99

— Je crois que tu as raison, dit-il. Il y a là quelqu’un…

Pour s’en assurer, il ouvrit doucement la fenêtre puis la claqua violemment comme sous l’effet d’un coup de vent et au risque de faire tomber les vitres, mais le résultat fut intéressant : un mouvement involontaire permit de distinguer un peu mieux un homme emballé dans un imperméable et coiffé d’un chapeau mou au bord rabattu. Adalbert alors alluma son bureau et vint refermer ostensiblement la croisée du geste agacé de quelqu’un que l’on vient de déranger. À cet instant, le téléphone so

Aldo qui était le plus proche de l’appareil décrocha. Aussitôt une voix de femme se fit entendre. Une voix affolée :

— Allô !… Allô ! Monsieur Morosini, s’il vous plaît ! Vite !

— C’est moi, voyons ! Qui est là ?…

Mais il le savait avant même qu’elle l’eût dit :

— C’est Tania ! Venez, je vous en supplie ! Venez vite !… Il va arriver dans un instant et j’ai peur. Oh, j’ai tellement peur !

— Que se passe-t-il ? Expliquez-moi !

— Je ne peux pas ! Je n’ai pas le temps ! Vous seul pouvez me sauver ! Il va arriver, vous dis-je ! Il vient de me l’a

— Enfermez-vous bien et dites à votre Tamar de n’ouvrir à perso

— Elle n’est pas là ! C’est la nuit de Pâques. Rien ne peut l’empêcher d’aller à l’église cette nuit là !

— Eh bien ! Quelle gardie

Un véritable hurlement lui répondit et, presque aussitôt, un timbre masculin remplaça la voix terrifiée de Tania, un timbre dont l’accent léger désignait le propriétaire :

— J’espère, cher monsieur – et le ton était curieusement aimable –, que vous ne prenez pas au sérieux les braillements de cette jeune folle ! Je n’ai rien fait d’autre qu’entrer chez elle sans avoir pris la peine de so

— On ne crie pas comme cela pour rien. Que lui avez-vous fait ? Je l’entends pleurer…

— Rien, je vous assure… sinon lui avoir un peu tordu le bras pour lui ôter le téléphone. Elle va on ne peut mieux, mais…

— Mais ?

— Mais il se pourrait que ça tourne mal pour elle si vous n’exécutez pas les ordres que je vais vous do

— Des ordres ? À moi ?

— Pourquoi pas ?… Évidemment, si le sort de cette pauvre sotte vous est indifférent, vous n’avez qu’à raccrocher et nous n’en parlerons plus ; mais si vous avez d’elle quelque souci vous viendrez nous rejoindre… sans oublier la perle de Napoléon. Elle est très importante pour moi…

— Un souvenir de famille peut-être ?

— Qui peut savoir ?… Alors je vous conseille de me l’apporter et le plus vite sera le mieux. Pour Tania, s’entend !

— Sinon ?

Aldo entendit au bout du fil un éclat de rire métallique incroyablement cruel qui lui fit froid dans le dos puis sa conclusion logique :

— Je la tuerai mais je peux vous assurer qu’elle mettra très longtemps à mourir… Voyez-vous, elle m’a trahi en s’acoquinant avec vous et cela mérite une punition…

— Elle ne vous a pas trahi. Nous sommes amis… et encore !





— Ce n’est pas beau de renier ainsi ses amours. Elle ne m’a rien laissé ignorer de vos… ébats ! J’avoue que vous avez des excuses. Elle est vraiment belle, n’est-ce pas, et moi je suis un artiste. De cette beauté je peux tirer quelque chose. Une œuvre toute différente. Il faut vous dire que j’ai fait jadis quelques études de chirurgie et que je manie le scalpel comme un maître. Elle le sait d’ailleurs. Écoutez !

Il dut déplacer l’appareil pour qu’Aldo ne perde rien du long gémissement que la menace arrachait à la malheureuse, mais elle n’articula aucune parole :

— Je l’ai bâillo

— Pourquoi les avoir mis chez moi alors ?

— Pour que vous sachiez qu’il n’y a pas un lieu où je ne puisse entrer et que, d’une manière où d’une autre, vous êtes dans ma main. Alors que décidez-vous ?

— Je viens !

Et il raccrocha le téléphone tandis qu’Adalbert reposait l’écouteur dont il s’était emparé.

— C’est un fou ! fit-il d’une voix blanche.

— J’ai surtout peur que ce soit un piège, dit Adalbert. Je ne te demande pas si tu vas y aller ?

— Je n’ai pas le choix. Tu hésiterais, toi ?

— Non. Va te préparer, je vais chercher cette damnée perle. Mais j’y pense : qu’allons-nous faire de l’ange gardien qui se trempe les pieds de l’autre côté de la rue ?

— Il y a une solution. Nous sommes à peu près la même taille. Tu vas mettre mes vêtements et sortir pour me débarrasser du policier.

— Et je l’emmène où ? Au quai des Orfèvres ?

— Non, fit Aldo traversé par une idée soudaine. Tu vas aller au  Matin. Tu demanderas Martin Walker… et tu lui raconteras l’histoire. Je ne dois pas prévenir la police, mais un journaliste ça peut être aussi efficace qu’un policier et celui-là rêve de rencontrer le fameux Napoléon VI…

— Entendu ! Je vais chercher ta perle !

En matière de protection de ses trésors perso

Après avoir remis à Aldo le sachet de peau qui les renfermait et les deux enveloppes contenant les bracelets, il y ajouta, sans dire un mot, un revolver peu encombrant, puis endossa le manteau d’alpaga noir, le chapeau et l’écharpe de son ami :

— J’aurais pourtant bien voulu aller avec toi ! fit-il en lui serrant la main. Fais attention, je t’en prie ! Ce type m’a l’air aussi dangereux qu’un serpent à so

— Tu peux être sûr que je ferai de mon mieux.

Caché à son tour derrière le rideau, Morosini épia la sortie d’Adalbert qui se dirigea vers le boulevard Malesherbes en s’efforçant de copier l’allure nonchalante du prince antiquaire. Il n’avait pas parcouru dix mètres que l’ombre se détachait de la porte cochère et se lançait silencieusement sur trace. Pensant que le chemin était libre à présent Aldo s’enveloppa de son vieux Burberry’s, coiffa une casquette de tweed et quitta l’appartement.