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— Je ne demande pas mieux, madame, à condition que vous ne me demandiez plus l’impossible. À propos, ce que vous venez de me dire m’éto

— Oui, il a avancé son séjour à cause des fêtes de son jubilé qui doivent avoir lieu à l’automne. Il a passé des commandes importantes à des joailliers parisiens et il vient voir ce qu’on lui prépare. Mais changeons de sujet ! Savez-vous ce que vous devriez faire pour sceller notre amitié ?

— J’espère que vous allez me le dire.

— M’inviter à dîner ce soir dans un endroit agréable ! Je suis libre pour une fois et j’ai envie de sortir avec vous. Ne fût-ce que pour faire enrager quelques-unes de ces femmes dont je vous parlais tout à l’heure !

— Je pense qu’il vous suffit de paraître pour atteindre ce but.

— Peut-être, mais avec vous ce sera plus amusant ! Venez me prendre à huit heures. Si j’étais un peu en retard Tamar vous ferait patienter…

— Je préférerais vous attendre dans une voiture. Elle n’est pas très divertissante…

— Mais tellement dévouée !… Faites comme il vous plaira…

— Eh bien, je monterai dire que je vous attends !

— Tu sors avec une femme, toi ? s’écria Vidal-Pellicorne, scandalisé. Tu as songé à Lisa ?

— Lisa est à Salzbourg où elle prend un bain de Mozart et certainement pas en la seule compagnie de sa grand-mère. En outre elle sait très bien que lorsque je voyage je ne vole pas de monastère en monastère. Enfin ce n’est pas moi qui ai formulé l’invitation. C’est elle qui m’a demandé de l’emmener dîner. Difficile de refuser, n’est-ce pas ?

— Quelque chose me dit que si elle avait été affreuse tu te serais arrangé pour te défiler. J’ai bien envie de vous accompagner !

— Et quoi encore ? Tu veux jouer les duègnes ?

— J’ai toujours rêvé d’être le frère aîné de quelqu’un…

— De Lisa, par exemple ? Eh bien, ce soir je sors sans mon beau-frère. D’ailleurs, rassure-toi, j’ai changé le programme…

Il avait réfléchi, en effet, à la trop longue promiscuité que représentait un dîner en tête à tête qu’il fallait prolonger, si l’on savait vivre, par une visite à un cabaret élégant. Ce qui signifiait boire peut-être un peu trop et, en conclusion, se voir invité à prendre un dernier verre chez la dame. À moins d’être amoureux, on se lasse de la contemplation d’un visage, si ravissant soit-il. En consacrant une partie de la soirée à l’art on gagnerait un temps appréciable.

— J’espère que vous n’avez pas trop faim ? déclara-t-il gaiement quand le colonel Karloff ouvrit devant eux la portière de son taxi.

Le hasard avait voulu que Morosini tombe sur lui en rentrant chez Adalbert et il avait décidé de s’assurer de ses services en priorité, ce qui était possible en téléphonant dans certain bistrot de la place Clichy.

— Je vous emmène à l’Olympia, après quoi nous irons souper chez Maxim’s.

Si elle éprouva une déception, elle n’en montra rien.

— Qu’allons-nous voir à l’Olympia ?

— L’Argentina, voyons ! J’espère que vous aimez le flamenco ?

Elle se mit à rire :

— Vous pensez que je suis saturée de danses russes et qu’un changement de décor me fera du bien ? Ce n’est pas une mauvaise idée.

Son entrée dans la célèbre salle de spectacle ne passa pas inaperçue. Sur une robe de velours noir à manches longues montant jusqu’au cou mais laissant le dos pratiquement nu, elle portait une sorte de domino court, de même tissu, que fermait sous le menton un gros nœud de satin noir. Une broche de diamants et de perles éclairait la robe, assortie à une série de bracelets qui s’entrechoquaient à son poignet droit, sa main gauche ne portant que le diamant remarqué dans l’après-midi par Aldo.

« Elle est vraiment très belle, pensa-t-il en considérant un instant le fin profil penché sur le programme. Mais pourquoi si triste ? »

Il aurait juré, en effet, que les jolies lèvres si tendrement ourlées tremblaient un peu. Lui aurait-il fait de la peine en l’emmenant à ce spectacle ?

Le rideau se levait sur un décor de rue espagnole brûlée de soleil, où des passants allaient et venaient et où bientôt s’inscrivit la longue silhouette rouge et noire de la célèbre danseuse encore prolongée par la traîne aux volants multiples de sa robe sévillane. L’Argentina n’était pas vraiment belle avec ses grandes dents éclatantes où elle se plaisait à planter une rose rouge mais, quand se mirent à crépiter les castagnettes répondant au martèlement de talons qui entraînait le corps de la femme dans l’envol de sa jupe à multiples étages, Morosini oublia sa compagne pour se laisser emporter par le rythme de la danse. Cette femme avait le don de fasciner les foules et chacun des numéros de son programme soulevait des to





Quand les lumières de l’entracte se rallumèrent, force fut à Aldo redescendu de son nuage de constater que son invitée n’avait pas applaudi et même qu’elle avait l’air de s’e

— Vous n’aimez pas ? demanda-t-il.

— Non, soupira-t-elle avec un haussement d’épaules lassé. Je ne comprendrai jamais pourquoi cette femme fait courir les foules. Elle est laide…

— Je vous l’accorde mais son immense talent le fait oublier !

— À condition d’aimer sa musique et moi je ne l’aime pas.

Aussitôt, Aldo fut debout, lui tendant la main pour l’aider à se lever :

— Partons ! Mais vous auriez dû me le dire plus tôt. Jamais je ne vous aurais amenée ici. Je pensais seulement vous faire plaisir, ajouta-t-il en manière d’excuses.

— Nous ne nous co

— Alors, allons souper !

— N’est-ce pas un peu tôt ?

— C’est sans importance. On ne nous jettera pas pour autant à la rue et notre table est retenue. Nous aurons un peu moins de monde, voilà tout !

— Perso

— Habillée comme vous l’êtes ? Votre coin tranquille se changerait vite en meeting. Mais si vous n’aimez pas Maxim’s nous pouvons aller ailleurs ?

Elle serra contre elle le bras de son compagnon auquel elle s’appuyait et sourit :

— Non, c’est très bien ! Ne faites pas attention : il y a des moments où je deviens un peu folle, je crois…

— Cela vous va si bien !…

C’est apparemment ce que pensa Albert, le célèbre et bedo

— La comtesse préférerait un coin tranquille, Albert !

— Comme c’est dommage ! J’ajoute que les coins tranquilles sont rares ici.

Il les mena cependant à une table d’angle où Tania s’installa avec un soupir de satisfaction.

— Maintenant je boirais bien un peu de champagne ! soupira-t-elle en faisant glisser ses longs gants noirs qui montaient plus haut que le coude.

Pendant qu’Aldo établissait leur menu, elle caressait tour à tour ses bracelets et le diamant de son a

— Vous aimez vraiment les bijoux, n’est-ce pas ? fit Morosini qui l’observait depuis un instant.

— Je les adore ! Ils sont ce que la terre et les hommes font de plus beau !

— Vous êtes dure pour l’espèce humaine. Et si vous me parliez de ceux que vous recherchez ?

— Plus tard, s’il vous plaît. Il y a une question qui me brûle les lèvres depuis cet après-midi : cette perle que j’ai vue chez Félix, qu’en avez-vous fait ? Vous l’avez littéralement escamotée…

— Elle a regagné son coffre tout simplement.