Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 85 из 93

— La Galigaï ? s’exclama Aldo trop passio

— Sans doute ! coupa Ricci avec impatience. Ce que j’en sais en dehors de ce que je viens de vous dire et que Cesare m’a appris, est qu’au début du siècle ils étaient revenus à Florence. Ils appartenaient à la mère du comte Pavignano… dont mon frère était l’amant. Cesare était superbe alors et ne rencontrait guère de cruelles. Le David de Michel-Ange qui est à la Signoria de Florence peut en do

— Je vous croyais siciliens ?

— L’un n’empêche pas l’autre, vous devriez le savoir ! Les Pavignano le sont aussi mais do

— N’aurait-il pas été plus simple de le tuer ?

— Un mort est parfois puissant ! Bianca l’aurait peut-être pleuré longtemps et Pavignano était pressé de la mettre dans son lit : mieux valait faire de Cesare un objet d’horreur et vous avez pu constater qu’ils ont réussi certainement au-delà de leurs espérances.

Au souvenir de ce visage de cauchemar qu’il avait entrevu, Morosini eut un frisson : plus de nez, plus de lèvres et autour des chairs tuméfiées, rongées par d’affreuses brûlures, un crâne presque chauve avec lui aussi des traces de brûlures, un seul œil visible, l’autre étant recouvert d’un bourrelet de peau violacée. On avait méticuleusement détruit cette figure avec une abominable cruauté. Le corps n’avait pas dû être épargné car l’homme boitait et ses épaules voûtées, ses longs bras évoquaient la silhouette d’un singe.

— Comment a-t-il pu résister ? pensa-t-il tout haut.

— Il était très vigoureux et on ne lui a infligé aucune blessure mortelle. Après quoi on l’a abando

En dépit de son sang-froid, Aldo ne put étouffer un hoquet d’horreur. Il savait depuis longtemps quel degré de cruauté pouvaient atteindre les hommes – et singulièrement les Siciliens – dans la vengeance, mais c’était dur à avaler et il dut se forcer pour articuler calmement la question qui lui venait. Au pli de ses lèvres, son dégoût était visible :

— Je ne comprends pas. Vous avez pris les bijoux. Comment se fait-il qu’il vous ait fallu tuer la Solari pour les lui reprendre ?

— La plus simple des raisons : on me les a volés. J’avoue avoir eu du mal à les retrouver. Cela m’a pris du temps jusqu’à ce que j’appre

— Vous avez préféré vous en prendre une fois de plus à une femme i

— Il me les fallait afin d’en parer les sosies de Bianca que je ne cessais de rechercher pour Cesare. Grâce à son génie financier – à la guerre aussi ! – mon empire se développait. Et j’ai construit pour lui ce palais…





— … dont il n’habite que les souterrains ! Magnifiquement aménagés je dois en convenir d’après ce que j’ai aperçu.

— Il lui arrive de venir dans ces appartements. Et même d’y loger. Ses hommes pre

— Et ils peuvent supporter sa vue ?

— Cesare se masque devant eux. Ils sont royalement payés et savent que s’il lui arrivait malheur ou s’ils parlaient, ils ne lui survivraient pas. Un seulement peut le voir tel qu’il est et c’est une femme, une infirmière qui l’aimait avant le désastre et qui l’a soigné en clinique. Elle est laide et lui a voué sa vie. J’ajoute qu’elle en sait autant que n’importe quel médecin : j’y ai veillé.

— Une femme ? Et il la respecte ?

— Je viens de vous dire qu’elle est laide. En outre, seules celles qui ressemblent à Bianca éveillent son désir… et sa rage ? Chez lui il y a le portrait de la Sorcière de Venise mais aussi ceux de « ses » femmes car ne vous y trompez pas, je ne les épouse que par procuration en quelque sorte puisque tous deux nous appelons Cesare. Seule la dernière n’a pas été peinte faute de temps mais surtout parce que cela n’a plus d’importance… Celle-ci l’accompagnera dans la mort et reposera en paix auprès de lui.

— En paix ? Après ce qu’elle aura subi ?

— Elle souffrira moins que les autres puisque demain à pareille heure tout sera détruit jusques et y compris l’accès aux souterrains… Permettez que je repre

— Vous avez l’intention de les détruire aussi ?

— Une telle merveille ? Vous voulez rire ! Je vais les emporter avec moi comme le plus beau symbole de l’esclavage volontaire que je m’étais imposé ainsi que celui de ma liberté…

À son tour il contemplait les joyaux dont les reflets allumaient dans ses yeux des lueurs infernales. Son visage avait quelque chose de démoniaque et un désagréable filet glacé courut le long de l’échine de Morosini. En dépit de sa parole posée, de sa voix assurée l’homme était fou ! Pourtant se souvenant de ses racines sicilie

— N’avez-vous pas peur de la colère divine ? Une croix est avant tout et quelle que soit la matière dont elle est faite, le symbole du Christ et vous en faites un instrument de mort ! C’est la damnation qui vous attend, Ricci, et le temps vous est compté car vous n’êtes plus un jeune homme…

D’un coup sec, le criminel referma l’écrin qu’il serra contre sa poitrine :

— L’important était que Cesare pût vivre dans la maison de nos ancêtres et y co

— Vous ne songeriez pas à une canonisation, pendant que vous y êtes ? fit Morosini acerbe mais le degré de mégalomanie de l’autre le rendait imperméable à la moindre forme d’ironie il leva un doigt doctoral :