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Il semblait si sincèrement désolé qu’Aldo lui tendit la main spontanément :

— N’y pensez plus et buvez quelque chose avec nous ! Je vous présente Monsieur Vidal-Pellicorne, mon ami et mon… associé. Je suppose qu’à cette heure ce sera du thé ?

— Difficile de faire autrement. Trois thés, Nancy ! brailla-t-il en s’installant sur le banc à côté d’Adalbert. Puis, plus bas, il ajouta « La vérité est que j’ai vraiment eu la trouille ce matin-là… Voyez-vous, quand on l’a emmené au bateau j’ai cru voir une ombre… »

— Pourquoi ne l’avoir pas dit ?

— Parce que je pouvais aussi bien avoir rêvé. On avait pas mal bu ce soir-là mais quoi qu’il en soit j’ai ressenti une irrésistible envie de me sortir de tout ça et de vivre ma vie sans plus m’occuper de celle des autres. D’où mon attitude… Je l’ai regrettée aussitôt d’ailleurs mais la baro

— Non. Si elle l’a su la baro

— Peu importe. Ce qui compte, c’est ce que m’a raconté le captain Blake quand il est venu boire son pot de café habituel : son passager n’a pas fait plus de trente pas sur les quais de New York : il a reçu, entre les épaules, un couteau qui l’a étendu raide mort. C’est pourquoi si vous n’étiez pas venu je serais allé à Belmont Castle afin de vous prévenir.

— Et vous avez peur à nouveau ?

— Pas pour moi. À la réflexion je suis dans le pays une espèce de monument historique auquel on tient et il faudrait y regarder à deux fois avant de m’effacer du paysage. Et puis j’ai pris mes précautions mais vous, il va falloir que vous fassiez attention. Vous êtes un étranger et un mauvais coup est vite arrivé. Alors vous devriez éviter de sortir…

— Mais c’est que, justement, je ne suis pas venu pour rester enfermé, fit Aldo en se beurrant un « bun » qu’il enfourna avec une nouvelle tasse de thé. Et à ce propos nous sommes allés ce tantôt jusque chez Mrs Bascombe.

— Vous feriez mieux de la laisser tranquille. Elle a eu suffisamment de malheurs et si on vous voit trop souvent rôder dans sa solitude…

— Une solitude qu’elle partageait avec une jeune femme ou une jeune fille qu’elle semblait bien co

— Ah bon ! C’est nouveau ? Elle était comment votre jeune femme ?

— Robe blanche à petites fleurs rouges, vaste capeline cachant entièrement le visage. À part ça des bras minces dont l’un portait une montre-bracelet, et de jolies jambes. Une peau claire mais nous n’avons rien vu de la figure ni de la couleur des cheveux.

Les sourcils de l’aubergiste se relevèrent de deux bons centimètres.





— Je ne vois pas ! Une touriste de passage mais en ce cas je ne m’explique pas pourquoi Betty qui est sauvage comme une chèvre lui ferait des sourires et ici, je ne vois perso

— Oui. Comme tout ce qui touche à cette femme parce que je suis persuadé qu’elle en sait beaucoup plus sur Ricci que nous tous réunis. Et c’est normal : la haine rend vigilant…

Un violent coup de to

— J’ai l’impression que, pour ce soir, notre expédition est dans le lac, soupira Adalbert. Ce n’est vraiment pas un temps à grimper aux arbres.

— Ce qui ne se fait pas un jour peut se faire le lendemain, émit Aldo sentencieux.

— C’est de toi ?

— Non. De César Borgia. Il l’a dit un soir où il venait de rater l’assassinat de son beau-frère.

Malheureusement le lendemain il faisait toujours aussi mauvais. Le gros orage qui dura la nuit entière, réduisant au désespoir deux maîtresses de maison dont l’une avait prévu un concert champêtre et l’autre une fête vénitie

— Vous trouvez que je n’ai pas assez de soucis ? Mon grand bal est à la veille de se voir rétrécir entre les murs de cette maison et vous prenez un malin plaisir à vous rendre malade ?

— Que j’y assiste ou pas ne fait pour vous ni chaud ni froid ! protesta-t-il. Et je vous ferai remarquer que même si le jardin vous est hostile, vous avez à l’intérieur assez de salons et même de terrasses que l’on peut recouvrir d’un vélum pour que six ou sept cents perso

La jeune femme en effet sortait tous les soirs pour aller rejoindre la joyeuse bande du Yacht Club où le jazz faisait rage jusqu’à l’aube. Les autres habitants du Castle – Pauline, Aldo et Adalbert – prirent leurs quartiers dans la bibliothèque où dans la vaste cheminée on allumait très souvent des feux de pins odorants afin de préserver les livres de l’humidité marine. On pouvait y lire, jouer au bridge ou aux échecs, prendre le thé dans une atmosphère paisible et confortable à l’écart des salons envahis parfois par Cynthia et sa bande. Convenablement « bâchés » on fit aussi, en dépit des rafales de vent et de pluie, de grandes promenades sur les plages presque aussi désertes que durant les tempêtes d’équinoxe. On se serait cru en automne et Cynthia abordait aux rives du désespoir quand, la veille de son bal, le ciel se nettoya et l’été reparut dans toute sa splendeur. Une armée de jardiniers se mit à l’œuvre pour réparer les dégâts, changer les plantes et les fleurs abîmées, nettoyer les te

— On peut dire ce qu’on veut de Cynthia, remarqua Pauline en contemplant, du haut de l’escalier l’enfilade des salons éclairés par les lustres et les torchères supportant une multitude de bougies, enrichis de massifs d’hortensias et de lis, ponctués par les tenues vert et or des laquais à perruque gardant les divers buffets supportant des pyramides de fruits, qu’elle a une tête de linotte, que dans la vie courante elle ne pense qu’à danser et gratter du banjo mais elle devient géniale dès qu’il s’agit d’organiser une fête…