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— En ce cas prenez toutes les voitures ou les chevaux que vous voudrez ! clama John-Augustus en rentrant dans la maison. Vous êtes chez vous… J’irais bien avec vous mais il faut que je me trouve un costume ! Cette dinde possède le rare talent de vous casser les oreilles avec un sujet sans rien vous dire de l’essentiel ! Et vous devriez vous aussi aller faire un tour chez Tong Li.

— Nous irons dès ce soir, promit Aldo. Mais, à propos de ce bal, me trouveriez-vous indiscret si je vous demandais qui y sera ?

— Pas du tout… À peu près la totalité du gratin de l’île.

— Sauf les Astor, j’imagine ?

— Sauf Alice Astor ! rectifia la baro

— Marie-Antoinette ?

— Gagné ! L’inconvénient est qu’il y en aura peut-être deux ou trois autres mais cela mettra un peu… d’animation.

— Les Schwob sont-ils invités ?

— Il est impossible de les laisser de côté… Je devine ce que vous avez derrière la tête, mon cher Aldo : vous voulez savoir si Ricci et sa dernière fiancée les accompagneront ? Dès l’instant où elle habite les « Oaks » elle fait partie de la famille et naturellement ils l’amèneront. En conséquence Ricci sera du lot ! À quoi pensez-vous ?

— À rien de très précis mais je crois que la rencontre pourrait être intéressante. À ce soir, baro

Après sa nuit de prison, Adalbert se serait volontiers abando

Dans le garage où s’alignaient une demi-douzaine de luxueuses bagnoles, il opta sans hésiter pour la plus modeste, un roadster Ford gris gainé de cuir bordeaux au volant duquel il s’installa avec une telle satisfaction qu’Aldo se garda de lui disputer la place : il se contenterait du rôle de navigateur. En un quart d’heure on fut en vue du Palazzo Ricci.

L’endroit pour une fois n’était pas désert grâce à l’énorme pique-nique qui avait lieu dans la propriété la plus proche. L’air était empli de l’odeur des viandes rôties et du charbon de bois et au travers des arbres on pouvait voir s’agiter des hommes et des femmes en tenues claires. Il y avait aussi du monde sur la route : des curieux à pied ou à bicyclette. Ainsi que des invités retardataires. Adalbert rangea la voiture, stoppa le moteur et suivit Aldo déjà descendu.

Ils se trouvaient sur l’arrière du Palazzo défendu par une imposante grille ouvragée à travers laquelle on pouvait constater l’agitation qui y régnait. Les fenêtres étaient ouvertes pour un nettoyage à grande échelle. Des laveurs de carreaux étaient à l’œuvre et par moments, le vacarme des aspirateurs couvrait les échos du jazz. On nettoyait également les statues, les fontaines des jardins et de la terrasse où des hommes alignaient les orangers en pots couverts de fruits.

— Tu crois que ce sont les préparatifs du mariage ? demanda Adalbert.

— Cela y ressemble fort. La dernière fois que je suis venu on aurait pu croire le palais abando

Le rugissement d’un klaxon lui coupa la parole et le fit s’écarter de la grille afin de livrer passage à la camio

— Descendons pour voir l’autre façade, dit Aldo. Je voudrais vérifier…

Ils longèrent le mur qui suivait la pente du terrain jusqu’à la plage déserte d’où l’impeccable velours vert d’une vaste pelouse remontait vers les plates-bandes. Là, des jardiniers s’activaient à planter une multitude de rosiers blancs, de lis et de marguerites :





— Ça ne te rappelle pas les bords de Loire et le mariage d’Eric Ferrals (20) ? remarqua Adalbert. On avait de même planté en catastrophe des quantités de fleurs blanches. La noce n’est plus loin…

Aldo ne répondit pas. En équilibre sur un rocher, il observait le palais avec les jumelles qu’il avait emportées. De ce côté, pareillement, toutes les fenêtres étaient ouvertes à l’exception des deux extrêmes à droite du rez-de-chaussée et des deux qui se trouvaient immédiatement au-dessus. Ces dernières, il le savait à présent, étaient celles de l’étrange chambre nuptiale d’où seul l’époux ressortait vivant… Aldo tendit ensuite les jumelles à Adalbert qui l’avait rejoint et qui à son tour observa le phénomène.

— Il faudra aller voir ça de plus près, conclut celui-ci en restituant l’appareil.

— J’y ai pensé avant toi mais ce qui manque c’est le moyen. Si tu essaies de forcer l’une des portes qui sont dans le mur, tu déclenches un carillon à rendre sourd !

— Et l’idée d’escalader le mur ne t’est pas venue ?

— Tu l’as vu, le mur ? Une plantation de verres cassés. Tu ne peux pas t’y accrocher sans y laisser un doigt ou deux sinon la main. La solution serait peut-être de passer par les rochers à marée basse comme je viens de le faire pour jeter un coup d’œil mais à marée haute on ne passe pas.

— Avec une marée basse par une nuit pas convenable ça devrait s’arranger ?

— Il faudrait qu’elle soit assez claire pour ne pas se rompre le cou et pourtant suffisamment sombre pour pouvoir remonter la plage, la pelouse et les jardins sans se faire repérer depuis la maison. Tu as vu combien de fenêtres regardent de ce côté ?

Vidal-Pellicorne se mit à fourrager dans sa tignasse couleur de blé mûr, ce qui était chez lui signe de grande réflexion :

— Tu ne serais pas devenu un peu trop prudent ? avança-t-il doucement. L’âge peut-être ? Ou le poids des responsabilités ?

— Ni l’un ni l’autre ! Je te ferai simplement remarquer que je suis ici tout seul à me battre contre un problème de taille : mettre Ricci hors d’état de nuire, l’empêcher de massacrer une nouvelle épouse et – accessoirement ! – essayer de lui reprendre les joyaux de la Sorcière.

— Pour les deux premiers postulats je suis d’accord mais le troisième me paraît sujet à caution. Que Ricci ait tué à plusieurs reprises pour les voler n’en fait pas de toi pour autant le propriétaire ? En outre, ce sont des bijoux « rouges » et ceux-là d’habitude tu ne les collectio

— Non mais estimant que bien mal acquis ne doit pas profiter je les vendrais volontiers au profit de la pauvre et charmante Violaine Dostel et peut-être aussi de Betty Bascombe dont le fils a payé pour les crimes d’un autre. J’ai même une cliente.

— Qui ?

— Ton ex-future belle-mère ! Ava Ribblesdale… il fallait que je l’appâte avec quelque chose, ajouta vivement Morosini en voyant s’allonger la mine de son ami qui acheva la phrase à sa place :

— … pour qu’elle oblige sa fille à retirer sa plainte ? Ça a dû te coûter ? ricana Adalbert. Aux dernières nouvelles tu la fuyais comme la peste !

— Quand on veut souper avec le Diable il faut se munir d’une longue cuillère ! fit Aldo d’un ton doctoral. C’est ce que j’ai fait, voilà tout. À présent cherchons un moyen d’entrer là-dedans sans nous faire pincer. À deux ce doit être plus facile qu’en solo.

Lentement, ils firent le tour du domaine cherchant un trou quelconque, une faiblesse dans la défense de cette place forte jusqu’à ce qu’enfin, à un endroit envahi par les broussailles, Adalbert découvre un vieux pin dont les branches, courbées par les vents fréquents, passaient au-dessus de la muraille. Cependant il était aussi évident qu’aucune de ces branches ne pourrait soutenir un homme.