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— Pourquoi pas ? Où êtes-vous descendu ?

— À côté, chez les Belmont !

Lady Ribblesdale grimaça et renifla de façon fort peu aristocratique mais Aldo s’y attendait :

— Vous auriez pu trouver mieux ! apprécia-t-elle, mais si l’on ne côtoyait que des gens qui vous plaisent on n’irait jamais nulle part et ceux-là vont partout. À bientôt !

Elle se précipita vers l’escalier mise en fuite par la deuxième rafale du gong. Aldo reprit son chapeau, ses gants et rejoignit la voiture. Il était temps, une douzaine de Bentley, Packard, Daimler et autres Rolls avançaient processio

Pour la première fois depuis longtemps, Aldo se sentait apaisé, presque heureux. Il ne doutait plus de la prochaine libération d’Adalbert. Dès l’instant où elle pouvait espérer dénicher un joyau royal, l’ex-Ava Astor était prête à toutes les extravagances. Elle était même capable de renverser un gouvernement pour arriver à ses fins. Sa fille pèserait moins lourd que ses bagues entre ses jolies mains toujours scintillantes de diamants. Restait à savoir ce qu’allait devenir Adalbert à sa sortie de prison ? Recevrait-il suffisamment d’excuses pour retourner à Beaulieu ou les ponts seraient-ils coupés par sa volonté ou celle de la jeune femme entre Alice et lui ?

Pour le savoir un seul moyen : emprunter à John-Augustus une lunette marine, s’installer près de la fenêtre de sa chambre et n’en plus bouger afin d’observer ce qui se passerait à Beaulieu dans les heures à venir. L’envie le dévorait d’aller attendre son ami devant la geôle du shérif mais il craignait qu’en le voyant là, Adalbert ne se sente humilié.

Mise au courant, Pauline l’approuva entièrement. Ava ne perdrait certainement pas beaucoup de temps avant d’amener Alice à composition et le priso

— Les réactions de cette pseudo-Égyptie

— Sans aucun doute. En ce cas allez-y ! conclut Pauline en lui faisant apporter l’objet demandé : une superbe lunette sur trépied de cuivre qui devait être assez puissante pour observer même les étoiles.

Parfaite maîtresse de maison, à son habitude, elle lui fit servir les éléments d’un thé copieux puis, plus tard, lui a

— Vous vous e

— Mais que diront votre frère et votre belle-sœur ?

— Rien. Tel que je le co

Ainsi fut fait. On dîna tranquillement chez Morosini tandis que s’illuminait la maison d’à côté bien que la fête du soir eût lieu chez les Stuyvesant Fish mais c’était la façon de lady Ribblesdale de signaler sa présence : la demeure où elle résidait devait briller de mille feux. Le contraste était parfait avec le calme où baignait Belmont Castle et Aldo s’en inquiéta :

— Vous êtes certainement invités ce soir ? Ne vous croyez pas obligés de rester pour moi !

— Je déteste ces grands machins mondains, déclara John-Augustus et ma femme suffit largement à me représenter. Quant à Pauline elle est assez grande pour savoir ce qu’elle a à faire.

— N’ayez pas de remords, mon cher Aldo, et dites-vous que les invités de Mrs Stuyvesant Fish sont les mêmes que ceux de demain, chez les Drexel, ou d’après-demain chez les Van Alen et la semaine prochaine chez nous. Je préfère choisir soigneusement le lieu de mes apparitions, conclut celle-ci avec un sourire moqueur.

Il se passa tout de même quelque chose à Beaulieu ce soir-là vers huit heures Pauline et Aldo purent voir les Ivanov embarqués dans l’une des voitures de la maison avec armes et bagages et des mines qui en disaient long sur leur état d’esprit :





— Tiens ! remarqua la baro

Il n’y avait pas à en douter. Elle se tenait debout, en perso

— Cela ressemble à une exécution, émit Aldo. La comtesse Ivanov pleurait…

— Soyez-en certain. Telle que je la co

— Et au lieu d’appeler le shérif elle les laisse partir ?

— Simple respect pour la famille de Caroline. Même si elle est kleptomane – ce dont je l’ai toujours suspectée ! – les Van Druysen n’ont pas mérité la honte d’une arrestation quasi publique. Ava les a envoyés se faire pendre ailleurs. Et c’est très bien ainsi.

En dehors du départ d’Ava et de sa fille, scintillantes comme des arbres de Noël pour la soirée des Stuyvesant Fish, il ne se passa rien d’autre ce soir-là. Les guetteurs finirent par aller se coucher mais le lendemain matin Aldo se leva aux aurores, prit une douche, se rasa, s’habilla afin d’être prêt à toute éventualité. Il était déjà à son poste d’observation quand Pauline en tenue de te

— Vous semblez en pleine forme, baro

— C’est vrai et je ne sais pas pourquoi mais quelque chose me dit que la journée pourrait être bo

— Je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie, soupira-t-il en empruntant la lamentation de « ma sœur A

— Normalement il doit se passer quelque chose. La saine logique voudrait que nous assistions au retour de votre ami, ramené par le shérif… ou alors au départ d’une voiture vide pour aller le chercher.

— Il n’acceptera peut-être pas de revenir après le désho

— Et comme elles sont aussi têtues l’une que l’autre… Ah, voilà une voiture !

— Vous appelez ça une voiture, vous ?

En effet, au milieu de l’armée de jardiniers au travail avec râteaux et lances d’arrosage, un fourgon à bagages faisait son apparition devant l’entrée de Beaulieu où les domestiques étaient en train de déposer malle cabine, valises et sacs aussitôt identifiés par Morosini :

— Ce sont ceux d’Adalbert ! s’écria-t-il. Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Qu’il ne reviendra pas chez Alice. Venez ! Ma voiture est prête. On va le suivre…

Ils dévalèrent l’escalier à toute allure et l’instant suivant, Pauline lançait la puissante Packard dans le sillage de poussière de la camio

Ce ne fut pas long. Seulement un petit moment avant que la porte s’ouvre devant Vidal-Pellicorne raccompagné jusqu’au seuil par Dan Morris visiblement mécontent de lâcher son priso