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— Moi aussi, affirma Aldo. Surtout quand cet os est un cher et vieil ami. Dès demain j’irai voir « Miss Alice ». Mais d’abord, à vous deux, merci de l’aide que vous m’apportez quand vous me co

Pauline se mit à rire en fixant au bout de son fume-cigarette d’or ciselé celle qu’Aldo venait de lui offrir :

— Ce que nous avons d’admirable, nous autres les Belmont, dit-elle, c’est que nous n’avons besoin que d’un seul coup d’œil pour juger quelqu’un et que nous ne nous trompons jamais. Alors ne vous tourmentez pas trop pour les crocs de Dan Morris, on arrivera bien à leur faire lâcher leur proie. À présent j’irais me coucher avec plaisir ajouta-t-elle en bâillant discrètement derrière sa main.

Ce que l’on fit sans plus tarder.

Cette nuit-là Aldo dormit beaucoup moins sereinement que dans sa petite chambre près des roses trémières. En dépit des grands espaces entre les propriétés, l’air nocturne convoyait sans cesse les échos des orchestres de jazz d’un peu partout entraînant les danseurs, ceux des rires, des cris, des chansons. La fête était partout, sauf peut-être chez les Belmont et encore : vers deux heures du matin, une dizaine de voitures déversa quelques fêtards qui, à la suite de Cynthia, envahirent le « château » qui réso

— Je ne comprendrai jamais, confia-t-il à Aldo quand ils se retrouvèrent autour de la table du petit déjeuner, ce qui pousse des gens en train de s’amuser quelque part au son d’un bon orchestre à venir envahir une ho

— L’eau n’est-elle pas un peu froide à cette heure-ci ?

— Froide ? Elle est glacée mais c’est excellent pour le système nerveux et nous autres Belmont tenons essentiellement à garder des nerfs en bon état !

— Parlez pour vous ! émit Pauline qui faisait son apparition en sweater et jupe plissée blancs. Vous êtes certainement le seul de la famille à posséder ce tempérament d’ours polaire. Notre père détestait l’eau froide et notre chère maman n’a jamais je crois mis, de sa vie, un orteil dans quelque mer que ce soit et elle a fait deux fois le tour du monde.

— J’ai peut-être bénéficié d’une révélation ? L’eau est l’élément premier ! Qu’en pensez-vous Morosini ?

— J’appartiens à un peuple de coureurs des mers, ce qui dit tout. En outre j’aime nager et j’ai l’inten­tion d’y aller… mais un peu plus tard !

— Vous avez tort. Pendant que j’y pense, n’avez-vous pas souhaité hier rendre visite à notre voisine de Beaulieu ?

— En effet et le plus tôt sera le mieux.

— Beddoes va vous arranger ça. Il prend les rendez-vous comme un dieu !

— Que ne le prenez-vous comme secrétaire au lieu de cette endive réfrigérante qui a toujours l’air de flotter comme un fantôme dans votre maison de New York ? Je ne pourrai jamais m’y faire !

— C’est parce que vous manquez de psychologie. C’est vrai que Cooper a l’air d’un fantôme et c’est la raison pour laquelle il m’est précieux : il n’a pas son pareil pour terrifier les tapeurs et autres importuns. Il suffit qu’il sourie en leur montrant ses longues dents noirâtres et ils s’enfuient en criant « au secours ». Je vis tellement plus tranquille depuis que je l’ai ! Mais, en cas de besoin, je peux vous le prêter.

— Je viens de dire que je ne pourrais jamais m’y faire. Mes serviteurs non plus et je tiens à eux !





Quoi qu’il en soit, l’efficacité du maître d’hôtel reçut sa consécration sur le coup de dix heures : la princesse Obolensky attendait le prince Morosini à quatre heures très précises. Elle ne lui accorderait que peu de minutes le programme de sa journée étant lourdement chargé.

— Elle doit avoir rendez-vous avec tous les corps de métiers à la fois. La conservation de sa beauté lui prend un temps infini et lui coûte une fortune. Quel sacrilège si le coiffeur ou le masseur devaient l’attendre une ou deux minutes ! Je vous accompagnerais volontiers Aldo mais cela n’arrangerait pas vos affaires. La voiture vous attendra à quatre heures moins dix.

À quatre heures moins deux, une Rolls blanche équipée de son chauffeur et de son valet de pied tout aussi blancs suivait noblement la grande allée de Beaulieu et, à moins une, un laquais en livrée bleu France en ouvrait la portière devant Aldo impeccablement habillé de flanelle anglaise gris clair à fines rayures blanches, cravate de soie ton sur ton et coiffé d’un panama cavalièrement retroussé – il avait horreur des canotiers alors à la mode ! – qu’il remit, avec ses gants, au maître d’hôtel venu à sa rencontre. On l’introduisit dans un petit salon d’un Louis XV surdoré où régnaient le satin broché vieux rose et deux ou trois tableaux qu’il n’eut pas le temps de regarder : la pendule de marbre rose et bronze doré so

En parfait homme du monde il s’inclina devant elle mais, en se redressant, l’étincelle de son regard et le pli ironique de son demi-sourire révélaient ce qu’il pensait. Néanmoins il dit :

— N’étant pas égyptologue, j’ignore, Madame, comment il convient de saluer une apparition venue du fond des âges. La prosternation serait peut-être un peu beaucoup ?

— On ne vous en demande pas tant ! Que voulez-vous ?

Sèche et autoritaire la voix rompit le charme indéniable que dégageait la splendide image et rappela à Aldo celle d’Ava sa mère. Ce n’était pas le ton dont elle devait user avec ses amants sinon elle n’aurait sûrement pas réussi à réduire Adalbert à l’esclavage.

— Causer si vous le permettez, répondit-il en accentuant son sourire.

Alice releva plus haut encore son petit menton volontaire :

— Si c’est de ce sinistre imbécile déguisé en archéologue pour me voler mon collier vous perdez votre temps !

— C’est surtout lui qui l’a perdu, fit Morosini soudain cassant, en vous consacrant tant de jours… et de nuits dont l’archéologie française avait plus grand besoin que vous. En tous cas, pour une dame qui prétend remonter si loin dans les âges du passé, vous faites preuve d’une brièveté de mémoire surprenante.

— Que voulez-vous dire ?

— Qu’il n’y a pas si longtemps, ce « sinistre imbécile déguisé en égyptologue » – je vous cite ! – vous a procuré les services du plus brillant policier de Scotland Yard. Ou a-t-on fini par vous faire croire que Gordon Warren était lui aussi un imposteur ?

— Je ne l’ai jamais pensé mais, le joyau m’ayant été volé, il était de l’intérêt de cet individu de le faire retrouver sinon il ne lui était plus possible de se l’approprier. J’ai cru qu’il travaillait pour moi mais en fait, il travaillait pour lui.