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— Il vous arrive pourtant d’exposer vos œuvres, dit l’antiquaire en désignant une étrange statue de grès évoquant une femme agenouillée au visage aveugle où se retrouvait la manière cycladique. Je sais que celle-ci est de vous.

— Je ne pensais pas que vous me co

Gilles Vauxbrun brûlait d’envie de lui demander à qui elle penserait le plus mais n’osa pas. C’était déjà assez désagréable d’avoir découvert qu’Aldo et lui avaient envoyé les mêmes fleurs. Il craignait une réponse peu conforme à ses vœux mais se rasséréna, quand au moment du départ et tandis qu’il baisait sa main avec dévotion, Pauline murmura :

— Ne permettez pas à Diana Lowell de vous accaparer trop longtemps et surtout ne lui dites pas que nous sommes amis. Elle ne vous lâcherait plus… et j’en serais désolée !

Pour Aldo, elle se contenta d’un « Prenez soin de vous ! » plutôt bref qui acheva d’enchanter son amoureux. Aussi déborda-t-il de sollicitude quand, de retour au Plaza, Aldo trouva une lettre éplorée de Marie-Angéline du Plan-Crépin : Madame de Sommières était au lit avec une grosse bronchite et le voyage outre-Atlantique était à l’eau. Sans grand espoir d’être réactualisé « Nous avons pris froid au cours des trois jours que nous venons de passer à Maintenon chez les Noailles où nous avons tenu à faire une longue promenade sans parapluie en dépit des prévisions du jardinier en chef. Nous avons été trempée et nous avons refusé de nous aliter au château. Vous savez, mon cher Aldo, comme nous sommes ! Nous avons donc enjoint à Lucien de nous ramener à Paris où nous avons tout de même consenti à nous coucher avec une forte fièvre. Si forte que le Professeur Dieulafoy redoute une broncho-pneumonie qui à notre âge pourrait être fatale. Je ne saurais vous dire à quel point je suis inquiète. D’habitude nous ne supportons guère de devoir rester au lit mais cette fois nous n’opposons aucune résistance… »

À travers le style si perso

— Elle est peut-être déjà… pensa-t-il tout haut sans se résoudre à prononcer le mot fatal. Cette lettre date de près d’une semaine…

— Si c’était le cas Marie-Angéline t’aurait envoyé un télégramme relayé par radio ou par le câble anglais qui fonctio

— Tu as sans doute raison mais je me demande quand même si je ne devrais pas repartir avec l’ Île-de-France. Si le pire se produisait et que je me trouve à Newport ça mettrait un temps fou pour m’atteindre…

— …et de toute façon tu arriverais trop tard. Écoute, envoie demain matin un télégramme demandant réponse immédiate et tu décideras en co

C’était la sagesse. Aldo n’en passa pas moins une très mauvaise nuit au terme de laquelle il décida de rentrer. Aucune chasse, si excitante soit-elle, ne pouvait prévaloir contre son amour pour les siens. Il pourrait toujours revenir plus tard… Au matin avant même le petit déjeuner il passa son message, sachant qu’il faudrait du temps pour avoir la réponse, il accompagna Gilles Vauxbrun au train pour Boston :

— Que vas-tu faire de ta journée ? demanda celui-ci.

— Attendre évidemment ! Que veux-tu que je fasse d’autre ? Et puis sans doute foncer à la Compagnie Générale Transatlantique pour retenir mon passage. Avec un soudain accès de mauvaise humeur il grogna : « Tu as peur que j’aille demander des consolations à Pauline ? »

— Tu pourrais faire plus mal : c’est une amie sûre… et de bon conseil, fit Vauxbrun avec une gravité qui fit honte à Morosini. La meilleure adresse si tu as besoin d’un coup de main. Tiens, ajouta-t-il en lui tendant une feuille de calepin sur laquelle il venait d’écrire quelques mots : voilà celle de mon hôtel à Boston avec le téléphone. Je voudrais que tu me tie





— Promis, je te téléphonerai avant de partir !

— Merci. Et puis… si tout s’arrangeait et si d’aventure tu allais quand même à Newport, tu pourrais peut-être… m’appeler, ou m’envoyer un petit bleu réclamant mon retour d’urgence. Ça pourrait me rendre service !

En dépit de ses soucis, Aldo faillit se mettre à rire. Ce sacré Vauxbrun ne perdait jamais de vue ses intérêts et s’il avait fait preuve de grandeur d’âme en conseillant d’aller chercher réconfort auprès de la baro

— N’importe comment, j’avais l’intention de le faire, assura celui-ci. Si je reste ici je t’appellerai au téléphone.

Gilles était tellement ému qu’il l’embrassa :

— J’espère sincèrement que tu pourras rester et faire ce que tu dois mais prends garde, malgré tout, où tu vas mettre les pieds !

À sa surprise, en rentrant à l’hôtel, Aldo trouva un message de Lisa qui avait dû croiser le sien « Rien de grave, écrivait la jeune femme. Marie-Angéline s’est affolée trop vite – stop. Achève ton travail mais reviens vite – stop. Déteste te savoir si loin de moi – stop. Tendrement. Lisa. »

Soulagé de savoir Tante Amélie hors de danger mais peut-être un peu déçu vis-à-vis de lui-même de n’avoir plus le plus exigeant des prétextes pour abando

Cela fait, il rentra déjeuner à l’hôtel, écrivit une lettre pour Lisa et une autre pour Marie-Angéline, rangea et referma sa malle cabine après avoir empilé dans une valise ce qui lui était nécessaire, descendit payer sa note d’hôtel en demandant qu’on lui garde ses bagages les plus encombrants, se fit appeler un taxi pour retourner à Grand Central Station où n’étant plus obligé d’aller jusqu’à Providence pour tenir compagnie à Gilles durant les trois quarts de son trajet, il prit un train du genre omnibus qui remontait la côte Est et le mena jusqu’à Narragansett, agréable port de pêche au bord de la baie du même nom dont un ferry lui ferait traverser, le lendemain matin, les quelque dix milles le séparant de Newport.

CHAPITRE VIII

LES GENS DE RHODE ISLAND

En mettant pied à terre au seuil de White Horse Tavern dans Marlborough Street non loin de Friends Meeting House, l’ancien lieu de réunion qui rappelait l’importance de la population quaker de la ville au XVIIe siècle, Aldo découvrit que ce Newport-là n’était pas le même que celui rencontré par lui avant la guerre. Il avait alors été hébergé, grâce à un ami lui-même invité mais qui n’avait eu aucune peine à le faire admettre dans l’une des fabuleuses et parfois extravagantes demeures semées le long de Bellevue Avenue ou d’Océan Drive. Il s’agissait à cette époque de « The Breakers » le spectaculaire palais italien des Vanderbilt tout colo