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— Allons, on dirait que je suis arrivée à temps ! émit le contralto de la baro

À présent elle lui soulevait la tête avec douceur en approchant de ses lèvres un flacon de voyage en argent contenant une sorte de vitriol qui lui incendia la bouche et l’œsophage, le fit tousser, pleurer mais le remit sur son séant :

— Qu’est-ce que c’est ?…

— Un mélange à moi : un tiers gin, un tiers whisky et un tiers calvados. Efficace, non ? J’en ai toujours sur moi en cas de petite faiblesse. Essayez de vous relever maintenant ! Je vous aide…

Ce n’était pas si facile. Le bateau traversait une zone perturbée mais étayé par le bastingage et le bras de Pauline, vigoureux pour une femme, Aldo réussit à retrouver la position verticale.

— Merci, baro

— Je suis sculpteur. Les matériaux que j’emploie sont plus lourds qu’une toile de peintre et j’ai beaucoup de mal à garder des mains convenables mais chaque médaille a son revers. Comment vous sentez-vous ?

— Mieux, grâce à vous ! Je vous dois la vie mais comment avez-vous fait pour me libérer de mon meurtrier ?

Pauline von Etzenberg ramassa une ca

— Je lui ai planté ça dans le dos mais j’ai dû rencontrer une côte car ma lame s’est courbée et l’homme non seulement ne s’est pas écroulé mais a détalé comme un lapin. Pardo

— Et moi donc ! fit Aldo en riant. Mais par quel miracle vous êtes-vous trouvée là ? Et avec cet objet ?

— C’est simple : je vous cherchais. Vous n’étiez ni chez vous ni à la salle à manger ni au bar, il fallait forcément que vous soyez quelque part et j’avais cru remarquer que vous aimiez prendre l’air. À présent, allons chez le Commandant ! ajouta-t-elle en lui offrant son bras.

— Pour quoi faire ? Vous ne supposez tout de même pas que mon agresseur puisse appartenir réellement à son équipage ?

— Pourquoi pas ? Au milieu des hommes qui servent sur ce navire un assassin doit pouvoir se cacher ?

— Sûrement pas. Outre que la Compagnie n’emploie que des matelots et du perso

— Mais enfin pour quelle raison a-t-on tenté de vous tuer ? Sauf si vous avez des e

— Des e

— Dans le quartier des artistes où je vis, il est bon pour une femme qui aime sortir seule d’avoir parfois les moyens de se défendre. Cela dit je ne me déplace pas toujours avec une ca





— Vous pouvez le dire !… Si on allait boire un bon café ? J’ai découvert qu’on savait le faire sur ce paquebot, ce qui croyez-le n’est pas chez moi un mince compliment !

À quelque heure que ce soit il y avait du monde au bar. Ils y trouvèrent cependant une table à l’écart d’une autre où s’étaient installés des joueurs de poker. Silencieux par excellence les joueurs de bridge avaient un salon particulier. Un moment Aldo et sa compagne gardèrent eux aussi le silence. Ils avaient besoin de se remettre. Lui plus qu’elle évidemment et bien qu’un danger de mort ne soit pas pour lui une nouveauté, sur ce navire plein de monde et au milieu du jour, c’était pour le moins inattendu puisqu’il avait retenu son passage au tout dernier moment. Or il se découvrait deux antagonistes : celui qui écoutait et celui qui voulait le jeter à l’eau. Ce ne pouvait être le même. Question de taille. L’espion lui avait semblé très moyen alors que l’assassin possédait une stature supérieure à la sie

Plongé dans ses réflexions il avait oublié la providentielle baro

— Qu’allez-vous faire maintenant ?

Il y avait de l’inquiétude dans sa belle voix grave et il lui offrit un chaleureux sourire :

— Que puis-je faire d’autre que d’attendre ? Ne sommes-nous pas tous priso

— Non merci. Je voudrais écrire des lettres.

— Dans ce cas le salon de correspondance ? Il est agréable.

— Sans doute mais je préfère être seule quand j’écris. Dans cette jolie pièce on doit avoir l’impres­sion d’être à l’école. Je rentre chez moi et vous devriez en faire autant : frôler la mort doit secouer un brin ? On se retrouvera au dîner.

Elle se levait et Aldo en fit autant pour l’accompagner mais elle le pria de rester et il s’inclina tandis qu’elle s’éloignait nonchalamment appuyée sur la ca

Avant de regagner sa cabine il se rendit chez Gilles pour voir où il en était. Le médecin du bord en sortait et lui apprit que leur « malade commun » dormait à poings fermés.

— Demain il sera frais comme l’œil… s’il n’a pas la gueule de bois.

Et comme Morosini le regardait sans comprendre, l’officier ajouta avec un sourire goguenard :

— Un whisky ça va mais une demi-douzaine c’est beaucoup ! C’est l’e

Rassuré de ce côté-là, Aldo réintégra sa cabine. Il y trouva un carton à la marque de l’ Île- de-Francele priant de dîner à la table du Commandant. C’était une raison de plus pour effacer les traces de sa dernière mésaventure ! Et il s’étendit sur son lit après avoir tiré les rideaux et fermé soigneusement sa porte à clef.

À huit heures, sanglé dans un habit noir coupé à la perfection qui rendait pleine justice à son aristocratique silhouette, Aldo suivait le maître d’hôtel qui le conduisait à la table d’ho