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Aldo éclata de rire :

— Ah que j’aime cette tournure poétique et ce raccourci galant ! Tu devrais écrire, mon cœur ! Je te promets un triomphe.

— Raconte toi-même ou tais-toi ! protesta Lisa qui revint aussitôt à ses moutons. Mais entretemps Bianca s’e

« Pietro alors prit peur et, pour se mettre à l’abri ainsi que ses parents – peu satisfaits, surtout la mère, de ce mariage insensé ! – il eut l’idée de demander la protection du prince François de Médicis, fils et héritier du Grand-Duc Cosme Ier. Un petit calcul assez infâme car, de notoriété publique, François était un grand amateur de jolies femmes toujours prêt à se lancer aux trousses de beautés inco

— Pouah ! Le vilain bonhomme ! émit la marquise.

— Je vous concède qu’en dehors de son physique Pietro ne valait pas cher. Cependant il obtint un succès complet. François de Médicis le reçut et même l’accueillit avec empressement : les rares perso

Lisa s’interrompit un instant pour tremper ses lèvres dans le vin pétillant, avala une gorgée et reprit :

— Une grande dame, la marquise de Mondragone, se chargea de l’agréable corvée. Elle entra en relations avec Bianca, l’attira chez elle où comme par hasard François venait souvent. La rencontre eut lieu et la jeune femme n’eut guère de peine à s’éprendre du prince. Il faut dire qu’à vingt-trois ans François était fort séduisant sans être vraiment sympathique. De sa mère, Eléonore de Tolède, il tenait un physique élégant, un visage régulier et surtout de très beaux yeux mais, de son père, le redoutable Cosme Ier, un caractère difficile, une cruauté profonde pouvant aller jusqu’à la franche sauvagerie, un orgueil intraitable et le goût prononcé des femmes. Malheureusement il n’avait ni son intelligence froide et lucide, ni son sens politique. Quoi qu’il en soit ce fut entre Bianca et lui un double coup de foudre et quelques jours plus tard, le mari étant allé faire un tour opportun à la campagne, François vint piazza San Marco et prit possession de la belle. Bientôt leur liaison devint publique. Fier de sa maîtresse, François l’étala avec une insolence qui n’eut d’égale que la servile complaisance du mari. C’est alors que Cosme Ier s’en mêla : que son fils eût une maîtresse de plus il n’y voyait pas d’inconvénients sinon que pour se rendre chez elle, il lui fallait traverser la ville nocturne avec tous les dangers que cela comportait. En outre il désirait lui voir épouser l’archiduchesse Jea

— Et en conclusion il lui conseilla de rompre ? intervint la marquise qui suivait l’histoire avec passion. C’est classique !

— Les Médicis n’ont jamais rien eu de classique, reprit Lisa. Cosme ordo



« Délaissée, bafouée, écrasée par le luxe insolent de sa rivale, la malheureuse finit par ne plus se sentir en sécurité derrière les murs cyclopéens du palais. Surtout après la mort de Cosme Ier qui fit d’elle une Grande-Duchesse. Elle avait perdu son meilleur défenseur et François ne cachait guère son impatience de s’en séparer. Elle avait, en effet, rempli sa tâche puisqu’elle avait do

« Au début de l’an 1578, comme elle attendait le huitième, Jea