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— Sans doute, mais je ne vous apprends rien. Votre père et vous-même vous êtes souvent lancés sur des traces dangereuses, aveuglés que vous étiez – comme je le suis moi-même ! – par l’éclat de ces merveilles ! Et j’ai peur que le goût des émotions de la chasse au trésor ne me quitte pas de sitôt. Cela m’e

— Elle vous a épousé en sachant ce qu’elle faisait. Et puis peut-être l’âge venant vous sentirez-vous moins attiré… comme je le suis moi-même ?

— Peut-être, répondit Morosini évitant de rappeler à nouveau la blessure dont souffrait son beau-père et qui, grâce à Dieu, ne lui avait pas été infligée à lui. En attendant, me ferez-vous l’ho

— Du tout, du tout ! Je n’ai jamais dit que je l’avais prise en aversion ! J’y tiens toujours autant. Venez !

Se levant de table, il précéda son gendre jusqu’à son cabinet de travail où il fit porter le café et les liqueurs avant de chercher la clef qui ouvrait un pa

Il revit avec bonheur la grosse émeraude de Montezuma, rapportée par Cortés, la fabuleuse parure d’améthystes et de diamants de la Grande Catherine, les saphirs de la reine Hortense, les nœuds de corsage de la du Barry, les perles de la Reine Vierge, la Belle de Flandres – l’un des plus beaux rubis du Téméraire ! – un éto

— Je ne vous le co

— Une réfugiée… bolchevique d’ailleurs !

— C’est plutôt rare !

— Pas à ce point ! Celle-ci avait eu accès à certaines « réserves », s’était servie et avait pris le large pour arriver ici en réclamant bien haut l’asile politique. Elle est venue me voir et j’ai acheté. Vous voyez, ce n’est pas plus difficile !

— Qu’est-elle devenue ?

— Elle a disparu, mais rassurez-vous, elle m’a signé les documents nécessaires à une vente régulière et vous n’aurez pas de problèmes !

— Pourquoi en aurais-je ?

Le banquier se mit à rire, referma l’écrin qu’il avait gardé en main et le rangea dans son coffre :

— Mais parce que tout ceci vous reviendra !

— C’est Lisa votre héritière ! Je ne suis que votre gendre et vous n’êtes mon aîné que de dix ans ! précisa Aldo avec un rien de sécheresse.

— Ne montez pas sur vos grands chevaux ! C’est elle, en effet qui héritera mais à la condition formelle de laisser la collection entière entre vos mains, faute de quoi celle-ci ira à Antonio votre premier fils. Vous aurez ainsi largement le temps d’en profiter !

— Oui, mais voyez-vous je préférerais un autre genre de conversation ! Rien ne me dit que l’ensemble sera intact quand vous partirez : vous oubliez les bracelets de Marie-Antoinette ! Il se peut que je ne puisse les récupérer !

— Quelle importance quand je n’y serai plus ! Je vous dis tout cela afin de vous libérer l’esprit ! Ce n’est pas vous qui m’avez entraîné dans l’aventure de Trianon, alors ne vous tourmentez pas pour cette parure.



Les deux hommes restèrent encore un long moment ensemble puis la Rolls-Royce du banquier ramena Aldo à son hôtel dans des dispositions d’esprit contradictoires. Certes, il était soulagé de l’inquiétude éprouvée en arrivant mais il en éprouvait une autre : la santé de son beau-père. De cette visite il emportait la désagréable impression qu’il y avait en effet chez cet homme quelque chose de brisé. Mais ce souci-là, il lui faudrait le garder pour lui afin d’en préserver Lisa. Il serait temps de la soutenir de tout son amour quand l’inévitable se produirait… Jusque-là et tant qu’elle ne se doutait de rien…

Le lendemain, il rentrait à Paris…

Au moment même où, à Zurich, Aldo pénétrait dans la chambre forte de Klederma

Il était onze heures du soir quand leur petite voiture les déposa près de l’église. Ils firent le reste du chemin à pied, traversant un quartier tellement calme qu’il ressemblait à une planète morte. Pas une ombre fugitive, pas un chat ! Ils s’en félicitèrent : c’était pour eux un gage de tranquillité…

Arrivés devant la grille, celle-ci répondit sans se faire prier aux sollicitations du couteau suisse de Ledru et cela sans le moindre bruit :

— Elle a été graissée récemment, chuchota-t-il. C’est bizarre, non ?

— Tout est bizarre dans cette baraque…

Précautio

Pendant un instant ils purent observer l’occupant de la bergère qui leur parut posséder un assez beau profil en dépit de la paire de lunettes qui en chaussait le nez. Ils virent aussi qu’il était vêtu d’une façon décontractée, d’un pantalon et d’une chemise blanche. En outre il se comportait comme s’il était chez lui : une tasse à café vide était posée près de lui sur un guéridon.

Pensant que ce devait être un membre de la famille, les deux compères échangèrent un coup d’œil, hésitant sur ce qu’il convenait de faire : ressortir, so

— Tu crois qu’il va coucher là ? demanda Ledru.

— Ça m’en a tout l’air…

— Qu’est-ce qu’on fait ?

— On peut attendre qu’il dorme et puis entrer discrètement pour voir s’il n’a pas oublié quelque chose dans ce petit endroit si bien caché que perso

— … et si par hasard il avait le sommeil dur, on pourrait peut-être récupérer les papiers ? Quitte à l’assommer avec délicatesse au cas où il aurait la mauvaise idée de se réveiller. Après tout, il est seul et on est deux…