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— D’accord ! Mais ne traîne pas trop longtemps : je n’ai pas non plus l’intention de rester six mois…
— De toute façon, il y a le téléphone ! Tu peux toujours m’appeler au Shepheard’s !
— Je sais ! consentit Aldo du ton exagérément patient du monsieur excédé. Va faire ton somme…
— Dans ce cas, ce n’est pas la peine : je dormirai dans le train et si tu veux, avant, je vais te montrer le grand temple d’Amon à Karnak !
Comment refuser ? Il était dégoulinant de bo
Il fallait tout de même lui reco
On alla donc arpenter le gigantesque Karnak, quelque cent hectares de ruines somptueuses où la grandeur des pharaons et la puissance d’Amon Râ se lisaient à livre ouvert. Surtout en ayant Adalbert pour guide. Aldo, ébloui, put mesurer la profondeur de sa science et son éto
— Tu t’e
Il répondit, sincère :
— Oh, que non ! Au contraire ! Je ne te cache pas que tu me stupéfies ! Et je ne veux plus rien visiter de ce pays sans toi. Je regrette seulement que Lisa, Tante Amélie et Plan-Crépin ne soient pas avec nous.
Le narrateur rougit comme une belle cerise et se détourna en toussotant :
— Ça fait toujours plaisir à entendre ! commenta-t-il sobrement.
Le soir venu, on dîna rapidement puis Aldo accompagna son ami à la gare, inquiet sans trop savoir pourquoi :
— Téléphone-moi demain matin ! s’entendit-il demander. Ne serait-ce que pour dire si tu as fait bon voyage !
— Entendu !
Mais la journée du lendemain ne produisit pas le moindre coup de fil et la sourde inquiétude grandit sans qu’Aldo parvie
Comme il lui demandait de faire appeler le Shepheard’s par téléphone, celui-ci lui répondit qu’il y avait des problèmes sur la ligne et que Le Caire était inaccessible depuis le début de la matinée :
— Cela arrive quelquefois, lui dit cet homme en manière de consolation. Nous faisons notre maximum pour maintenir l’ordre, mais il peut y avoir des incidents…
Il ne comprit pas pourquoi ce client élégant avait tout à coup l’air si content et lui laissait un pourboire royal, se demandant même si une altesse italie
Aldo, lui, passa une soirée détendue à fumer dans le jardin en écoutant l’orchestre de l’hôtel jouer des valses anglaises, regagna sa chambre et dormit sans problèmes. En se réveillant, il allait s’inquiéter du sort du téléphone quand, par la fenêtre ouverte, la voix d’Adalbert commandant son breakfast lui parvint et le précipita à son balcon. Aucun doute ! C’était lui ! À demi caché par les grandes ramures vertes d’un palmier mais parfaitement reco
— Tu es déjà rentré ?
— Comme tu vois !
Le ton était morne et, sous les lunettes noires, la figure ne rayo
— Qu’est-il arrivé ? Tu n’as pas faim ?
— Non. Je ne sais pas pourquoi j’ai commandé ça !
— Parce que ta nature profonde te souffle que tu en as besoin. Bois au moins un peu de café ! conseilla-t-il en versant une tasse généreuse, puis il s’empara d’un toast et entreprit de le beurrer, ce qui lui évitait de regarder son ami.
— Vous vous êtes disputés ? hasarda-t-il.
— Ce serait difficile : elle s’est volatilisée !
— Comment ça, volatilisée ?
— Quand l’appartement de quelqu’un est bouclé et qu’on a rendu les clefs sans dire où faire suivre le courrier, je ne vois pas d’autre mot !
Machinalement, Adalbert prit la tartine enduite de marmelade et avala son café. Aldo respira plus librement :
— Ce n’est pas à moi de te demander si tu es allé au musée ?
— On ne l’y a pas vue depuis le jour où tu l’as rencontrée et, d’ailleurs, je me suis aperçu qu’on n’y savait pas grand-chose sur elle et moins encore sur sa famille. Perso
Un ange passa pendant qu’Adalbert se versait une seconde tasse de café et s’occupait perso
— C’est bizarre quand même, souffla Aldo. Il doit bien y avoir quelqu’un qui la co
— C’était évasif, elle n’aimait pas parler d’elle. Orpheline élevée par son grand-père, c’est tout ce que j’ai pu savoir… Tiens, pendant que j’y pense, on m’a do
Il sortit de sa veste une élégante enveloppe bleutée qu’Aldo identifia sans peine. Shakiar décidément le poursuivait. Il décacheta et lut rapidement les quelques lignes. La princesse était désolée qu’il eût manqué la soirée prévue en son ho
— N’importe quoi ! commenta-t-il et, comme Adalbert l’interrogeait du regard, il lui raconta son entrevue avec la princesse. Les perles de Saladin ! Tu t’imagines ? Un coup à me faire coincer à la première frontière et boucler en prison à vie ! Mais parlons plutôt de toi : que comptes-tu faire maintenant ?
— Que veux-tu que je fasse ? Ma trouvaille est réduite à néant et Salima s’est dissoute dans la nature. On va aller faire un tour et je te montrerai mon Égypte à moi, puis on prendra le chemin du retour ! Jusqu’à l’a
— En attendant, tu pourrais peut-être m’aider à débrouiller une histoire bizarre – et sanglante ! – dont j’ai été le témoin il y a environ un mois. Et je ne parviens pas à m’ôter de l’idée que l’invitation de Shakiar n’y est pas étrangère. Elle est arrivée si peu de temps après le drame…