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Quand le jour les trouva, peu après Lausa

Et malheureusement se séparer. Le plus difficile ! Et sans trop traîner ! Pauline avait choisi de descendre à Brigue, imposant nœud ferroviaire juste avant que le convoi n’entame la montée vers le tu

Elle avait d’abord songé continuer jusqu’à Milan où le grand express européen arriverait à 14 h 40, mais ces quelques heures supplémentaires, il aurait fallu les vivre séparément. Impensable à la suite de tant de divines folies ! Aussi, sur un ultime – et interminable ! – baiser où leurs corps s’épousèrent pour la dernière fois, Pauline, traînant ses mousselines au bout d’un doigt, regagna son compartiment dont la porte se referma derrière elle. Le discret bruit du verrou que l’on tire boucla définitivement l’accès à ce paradis inespéré et d’autant plus pénible à quitter.

Aldo resta un moment le dos collé au battant d’acajou pour laisser à son cœur le temps de reprendre un rythme normal, plongea dans l’étroit cabinet de toilette pour se laver entièrement à l’eau froide, s’habilla et baissa sa vitre afin que l’air du dehors emporte autant que faire se pourrait l’envoûtant parfum de Pauline, ce N° 5 de Chanel qui était déjà pour lui une invite à l’amour…, sortit dans le couloir, alluma une cigarette bien qu’il n’aimât pas fumer avant le petit déjeuner, tira trois ou quatre bouffées, puis la laissa se consumer toute seule dans le cendrier.

L’arrêt en gare de Brigue le trouva au wagon-restaurant où il fit grand ho

Dans le regard qu’il posait sur elle tandis qu’elle se perdait au milieu des voyageurs se mêlaient l’orgueil d’avoir à ce point conquis une telle femme et un profond sentiment de tendresse. Pour la première fois il lui avait dit « je t’aime ». Elle avait répondu par une sorte de sanglot étouffé qui pouvait traduire une joie longtemps attendue. Avant de se séparer, ils ne s’étaient pas joué la comédie – sincère en général, une fois la passion apaisée ! – des bo

Entre Brigue et Venise, Aldo avait encore dix heures de voyage. Incapable de dormir, il en employa deux à se restaurer. Lui en restait par conséquent huit à faire son « examen de conscience ». Et ce n’était pas le plus facile parce que la séance d’introspection passait d’abord par Lisa.

Pourrait-il vraiment plonger son regard dans les profondeurs violettes du sien, la tenir dans ses bras, la caresser avec, dans les yeux, l’image du visage de Pauline à l’instant suprême, dans les oreilles le cri qu’il avait étouffé sur sa bouche, dans les mains la douceur veloutée de sa peau ?

La réponse immédiate fut : non. Non ! Trois fois non ! Et s’il se maudit d’avoir cédé à l’irrésistible tentation, même s’il ne l’avait ni voulue ni cherchée, il était bien obligé de s’avouer qu’il en rêvait depuis que le nom de Belmont avait été prononcé devant lui et qu’il se sentait vraiment coupable ! Rentrer à Venise dans cet état était impensable. Pas ce soir ! Pas si tôt ! Lisa était bien trop fine, surtout si sa jalousie s’éveillait, pour ne pas déceler sur lui la trace de celle qui devenait « l’autre » ! Elle rejetterait son mari infidèle avec dégoût et de cela il ne voulait à aucun prix. Lisa était sa femme, la mère de ses enfants, elle était à lui et la seule idée de la perdre lui serrait le cœur. Leur amour était de ceux que rien ne peut briser… Sauf justement ce qui venait de se passer, surtout en disant à Pauline qu’il l’aimait. Était-ce d’ailleurs la réalité même si, à cet instant-là, il avait été sincère ?

Ce qu’il fallait, c’était gagner du temps. Mais comment ?

Le train atteignait le lac Majeur en approchant de Stresa. Endroit idyllique s’il en fut où, au bord du lac ou voguant dessus pour admirer les îles Borromées, on rencontrait plus d’amoureux que de piétons solitaires. À fuir, et comme la peste ! Mais une heure et demie plus tard, ce serait Milan… dernier arrêt avant Venise !

Aldo y co





— Je vais descendre à Milan, l’informa-t-il. Vous voudrez bien, en arrivant, faire déposer mes bagages à la consigne ?

— Bien sûr, Excellence ! Y a-t-il quelqu’un à prévenir ?

— Non. Perso

Il ne conservait que la mallette contenant le minimum nécessaire pour un ou deux jours et, dans le double fond, les joyaux achetés à la vente Van Tilden. Cependant le fonctio

— Monsieur le prince ne se sent pas bien ? Je lui trouve moins bo

— Vous ne le savez sans doute pas, mon cher Albert, mais je ne dors jamais dans un sleeping !

Ce qui était faux. C’était même l’un des endroits au monde où il dormait le mieux, bercé par le rythme des bogies. Il n’en alla pas moins s’examiner dans le miroir. Tout à l’heure en se rasant il n’y avait pas pris garde, mais Albert avait raison en disant qu’il n’avait pas l’air brillant. Il est vrai qu’une nuit aussi agitée que celle qu’il venait de vivre pouvait compter double… surtout quand la précédente n’avait pas été fameuse. Il l’avait occupée en fumant cigarette sur cigarette tourmenté par le virage brutal que la Torelli avait imposé à sa vie. Jamais Adalbert ne l’avait regardé avec cette fureur… proche de la haine. Oui, c’était cela qu’un instant il avait lu dans ses yeux. Et ce regard l’avait tenu éveillé presque toute la nuit… Si l’on y additio

Le Continental lui offrit tout ce qu’il en espérait : une chambre calme, une vaste baignoire qu’il remplit d’eau délicieusement chaude additio