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— Ça me paraît raiso

— Toi aussi !

Vœu pieux qui ne se réalisa que de façon unilatérale. Seul Adalbert, qui avait la faculté de pouvoir s’endormir sur commande et dans n’importe quelle position, réussit à trouver le sommeil. Aldo, de complexion plus nerveuse, fuma cigarette sur cigarette et ne ferma l’œil que peu avant le lever du jour.

— Tu as une mine épouvantable ! constata Adalbert occupé à beurrer une tartine quand ils se retrouvèrent pour le petit déjeuner.

— Je sais !… Et je ne suis pas certain que ça va s’arranger !

Le dialogue s’arrêta là. Mme Maréchal venait prévenir M. Vidal-Pellicorne qu’on le demandait au téléphone et il se hâta de la suivre. Mais ce fut pour revenir presque aussitôt conseiller à son ami d’avaler une tasse de café pendant qu’il allait chercher la voiture : le coup de téléphone émanait du professeur et il les attendait. Dix minutes plus tard ils roulaient vers Chinon.

— Il t’a dit quoi ? demanda Aldo qui avait repris le volant.

— Rien ou presque… sinon qu’il y a du neuf !

— C’est tout ?

— De sa part, c’est déjà beaucoup ! Surtout quand il est pressé !

Ils le trouvèrent en effet enveloppé de ses tweeds gris et une ca

— Où allons-nous ? demanda Morosini tandis qu’après un rapide échange de bonjours le professeur s’installait à la place d’Adalbert déjà réfugié à l’arrière.

— Dans la forêt ! Je vous indiquerai !

Comme il semblait décidé à ne rien dire de plus, on roula en silence. Il faisait un temps doux et maussade, légèrement brumeux qui, lorsqu’on y pénétra, conféra aux grands troncs jaunis par l’automne une atmosphère un peu mystérieuse. Les feuilles se raréfiaient sur les vieux arbres dont certains chênes aux énormes branches tordues par le temps étaient plusieurs fois centenaires. Quand la voiture stoppa dans une clairière dont le centre était occupé par une pierre plate posée sur deux autres plus petites formant un banc ou une table basse, l’air sentait la terre humide et la végétation pourrissante ainsi qu’une vague senteur de bois et d’encens… Enfin, gisait sur la pierre une longue forme étendue.

— Qu’est-ce que c’est ? s’exclama Adalbert. On dirait… un corps !

— C’en est un ! C’est même l’homme que vous cherchez. Amenez la voiture jusqu’auprès !

— Il est… mort ? souffla Aldo.

— Je ne pense pas. Pour ce que j’en sais, il est encore vivant !

— Mais comment…

— Plus tard, les explications ! La police va arriver !

Sans attendre que la voiture s’arrête, Adalbert avait sauté à terre et couru vers la pierre. Un instant, il resta là, contemplant avec stupeur le long paquet de couvertures d’où émergeait une tête enveloppée d’un bandage fort soigneusement exécuté et posée sur un coussin. Une tête qui parlait faiblement :

— Monsieur Adalbert ? Mais… pourquoi ?… Où est-ce que… je suis ?

— Ne posez pas de questions… Vous êtes blessé, on dirait ?… Que ressentez-vous ?

— J’ai… mal partout…

Aldo, qui avait garé sa voiture n’importe comment, surgissait derrière le professeur qui se penchait sur le journaliste, lui tâtait le pouls et lui demandait comment il se sentait.

— Fatigué… Tellement fatigué !… Et je n’ai pas compris… ce qui m’est arrivé… Tous ces gens ! Les uns voulaient me tuer et… les autres… Ils se sont battus, il me semble…

— Du calme ! Taisez-vous ! Vous vous fatiguez trop ! La police va arriver avec une ambulance pour vous conduire à l’hôpital ! Les questions viendront plus tard, mais elles risquent de faire monter la fièvre. On vous aidera autant qu’on pourra…

— Qui êtes-vous ?





— Ce n’est pas le moment des présentations ! Vous co

— Caroline ! Elle doit être…

— Folle d’inquiétude, compléta Morosini, mais on va la rassurer dès qu’on sera rentrés en ville. Tenez-vous tranquille et économisez vos forces le plus que vous pourrez !…

Deux voitures en effet débouchaient en trombe dans la clairière. En trombe mais en silence, ce qui était rare chez l’une et plus encore chez l’autre.

— Comment se fait-il que vous soyez déjà là ? brama Savarin à l’intention du professeur.

— Parce que j’ai reçu un coup de téléphone anonyme m’a

Celui-ci n’eut pas le temps de répondre, car Savarin poursuivait sa philippique :

— Et ces deux-là ? La raison de leur présence ?

— C’est toujours moi ! Vous ne croyez pas qu’ils sont intéressés au premier chef puisqu’il s’agit d’un de leurs amis ?

— Admettons, mais c’est tout de même bizarre…

— Commissaire ! coupa Combeau-Roquelaure, agacé, dites à votre molosse de reporter sa crise de nerfs à une date ultérieure ! Cet homme doit être hospitalisé et en priorité radiographié d’urgence ! Ceux qui l’ont recueilli ont fait de leur mieux mais, outre la tête, il est blessé en plusieurs endroits !…

Sans s’occuper d’eux d’ailleurs, les infirmiers emportaient le blessé vers l’ambulance dans laquelle ils l’installèrent, puis démarrèrent après avoir déclenché leur sirène. Desjardins cependant poursuivait :

— Savarin ! Vous et vos hommes allez me passer cette clairière au peigne fin pour en apprendre le plus possible sur celui ou ceux qui l’ont amené ici ; moi, je vais suivre l’ambulance avec ces messieurs et je vous communiquerai ce que j’aurai appris ! Exécution !

Si obstiné qu’il soit, l’inspecteur savait qu’il était préférable de ne pas le contrarier quand il employait un certain ton. Il s’abstint donc de tout commentaire et se mit au travail après avoir distribué leurs objectifs aux deux autres. Pendant ce temps, Desjardins et le professeur prenaient place à l’arrière de la Talbot à laquelle Aldo avait fait faire demi-tour.

— À présent, émit le policier en se carrant au fond des coussins, dites-m’en un peu plus, Monsieur le professeur. Qui sont ces gens qui vous ont alerté ?

— Je n’en sais pas davantage que tout à l’heure : une voix de femme que je ne co

— C’était pourtant la meilleure preuve de son i

— Pas pour cette femme ; il fallait d’abord, et à tout prix, que ceux qui l’avaient attaqué et le croyaient mort continuent à couver cette idée réconfortante !

— Et le danger eût été moins grand en laissant passer le temps ?

— Oui, parce que cela laissait dans l’obscurité ceux qui l’avaient recueilli. Si la mort était intervenue peu après, on se serait contenté de le remettre à l’endroit où on l’avait découvert… C’est un raiso

— Votre correspondante aurait-elle une idée de l’identité des auteurs du meurtre de Dumaine et du rapt de cet homme ?

— Elle prétend que non. Je dis bien elle « prétend »…

— Mais vous n’en croyez rien ?

— Elle parlait peut-être au nom d’amis qui entendent préserver leur anonymat et il se peut qu’elle-même l’ignore.

— Et naturellement, vous n’avez pas reco

— D’autant moins qu’elle était déguisée, j’en jurerais !

Ni Aldo ni Adalbert ne soufflaient mot, attentifs à ne pas perdre une miette des propos qui s’échangeaient derrière eux. Leur silence finit par indisposer vaguement le policier :

— Et vous, Messieurs ? Vous n’avez rien à dire ?