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Leur travail terminé, les suivantes se retirèrent sur un geste de Sara qui entendait mener seule la suite des opérations.

— Que vais-je mettre ? demanda Catherine, l'œil interrogateur, lorsqu'elles furent sorties.

— Tu mettras ce que je te dirai de mettre, fit Sara, très occupée à relever maintenant les cheveux de la jeune femme sur le dessus de sa tête.

Elle les empriso

Quelques minutes plus tard, Catherine, un flambeau à la main, quittait sa chambre. Elle savait par Perrine, envoyée aux nouvelles, que Garin n'avait pas encore regagné son appartement. Il s'attardait chez Abou-al-Khayr à parler médecine... Enveloppée d'une grande mante de taffetas bleu-vert doublée de lièvre gris pâle, ses pieds nus passés dans des mules assorties, la jeune femme se hâtait le long des couloirs. Elle voulait arriver chez Garin avant lui.

Lorsqu'elle atteignit la grande porte de chêne qui fermait la chambre de son mari, aucune lumière ne filtrait dessous. Elle appuya la main sur le vantail, la porte s'ouvrit révélant l'obscurité de la chambre.

Levant son flambeau, Catherine fit quelques pas dans la pièce vide puis referma très vite la porte. Tout allait bien...

Elle en fit le tour, allumant les flambeaux préparés par le valet de chambre à la flamme de sa propre chandelle. .Bientôt, la grande pièce somptueuse se mit à vivre sous les lumières. Le fauteuil d'argent et de cristal brillait comme un joyau mais ce fut le lit qui l'attira.

Lentement, presque craintivement, elle gravit les deux marches de velours violet, puis resta là, regardant la sévère et fastueuse couche.

Germain, le valet, avait fait la couverture et elle hésita un instant à se glisser dans les draps de soie violette. Mais, se rappelant les recommandations de Sara, elle préféra demeurer debout là où elle était. D'ailleurs, un pas rapide s'approchait dans la galerie...

Lorsque Garin ouvrit la porte de sa chambre, la première chose qu'il vit fut Catherine, debout auprès du lit, drapée dans la soie changeante de son manteau, qui le regardait, la tête fièrement levée. Son regard la quitta un instant pour faire le tour de la chambre illuminée, puis revint à elle, sans cacher sa surprise.

— Que faites-vous ici ?

Sans répondre, avec seulement un sourire de défi, elle laissa le manteau glisser à ses pieds et apparut, vêtue seulement du collier d'or et de turquoise qu'il lui avait do

Garin verdit, vacilla comme si une flèche l'avait frappé et s'appuya au mur, fermant les yeux.

— Allez-vous-en... balbutia-t-il d'une voix rauque. Partez... tout de suite !

— Non !

Cette fois, il ne parvenait ni à cacher son trouble profond, ni à retrouver le contrôle de lui-même.

Catherine, déjà triomphante, perçut le désarroi de cet homme, toujours si maître de lui et en oublia toute pudeur. Sans faire le moindre bruit, sur ses pieds nus, elle s'avança vers lui, souriante, irrésistible.

— Non, je ne partirai pas, répéta-t-elle. Je resterai ici parce que c'est ma place, parce que je suis votre femme. Voyons, Garin, osez donc me regarder ! Avez- vous tellement peur de moi ?

Sans ouvrir les yeux, il murmura :

— Oui ! j'ai peur de vous... N'avez-vous donc pas compris que je ne peux vous toucher, que je n'en ai pas le droit ! Pourquoi dès lors m'imposer cette tentation à laquelle je ne peux succomber. Allez-vous-en Catherine, je vous en supplie.





Mais, au lieu de lui obéir, elle vint tout contre lui, glissa ses bras autour de son cou malgré lui, colla son corps au sien, l'enveloppant de son parfum, approchant ses lèvres du visage blême de l'homme. Garin, les yeux clos, avait l'air d'un martyr cloué au poteau de supplice.

— Je ne partirai pas avant que vous n'ayez fait de moi votre femme, comme tout vous en do

Elle l'entendit gémir sourdement et il tenta faiblement de l'écarter, mais ne put se retenir d'ouvrir les yeux. Il vit alors, tout près du sien, le ravissant visage tentateur, les lèvres offertes, les beaux yeux humides et prometteurs. Contre lui, il sentait chaque forme du corps jeune et souple. La déesse d'or de tout à l'heure, qu'il avait crue un moment sortie de son imagination, était venue à lui, s'offrait à lui, intolérablement désirable. Il perdit la tête...

Enlevant Catherine dans ses bras, il l'emporta en courant jusqu'au lit, la lança sur la courtepointe de velours plus qu'il ne l'y étendit et se jeta sur elle. L'attaque avait été si brutale que Catherine retint un cri.

La peur se glissait en elle tout à coup car elle se trouvait prise dans un ouragan de caresses violentes, brutales qui la meurtrissaient. Les mains de Garin la brisaient plus qu'elles ne la caressaient, ses lèvres la couvraient de baisers dévorants qui couraient de ses genoux à sa gorge. Il grondait comme un fauve affamé en pétrissant la douce chair féminine. Mais le plaisir, peu à peu s'éveillait dans le corps de la jeune femme qui maintenant s'abando

Ce cri fit sur son mari l'effet d'une douche. Lâchant brusquement Catherine, il se redressa, sauta à bas du lit et la regarda d'un air égaré.

Il haletait, le visage très rouge, le regard flamboyant.

— Vous m'avez fait perdre... la tête. Allez-vous-en maintenant. Il le faut.

Elle tendit un bras vers lui pour tenter de le ramener, déçue, et furieuse de le sentir échapper encore.

— Non ! Revenez Garin !... Pour l'amour du ciel, oubliez le duc...

Revenez à moi ! Nous pouvons être heureux ensemble, je l'ai senti !

Mais il repoussait doucement la main tendue, refermait son pourpoint avec des doigts qui tremblaient. Il hocha la tête. Son visage retrouvait sa pâleur. Une brusque envie de pleurer secoua Catherine.

Des larmes de colère jaillirent de ses yeux.

— Enfin... pourquoi ? Dites-moi pourquoi ? Je vous plais, je le sens... Vous me désirez aussi, je viens d'en avoir la preuve. Alors pourquoi ?

Lentement, Garin s'assit au bord du lit. Sa main caressa le joli visage en pleurs avec une infinie douceur, se posa sur la tête dorée.

Catherine l'entendit soupirer. Elle s'écria douloureusement :

— Osez dire que vous ne souffrez pas de cette contrainte inhumaine que vous vous imposez, osez le dire ? Je sens que vous êtes malheureux. Et pourtant, vous vous obstinez, stupidement, à nous faire mener, à tous deux, une vie ridicule, anormale...

Le regard de Garin, subitement, s'échappa. Abando

« J'en ai telle peine au cœur » murmura-t-il. « La vie était si belle jadis ! Telle peine que mon rire dut se changer en pleurs ! Jusqu'aux oiseaux des bois qu'afflige notre plainte ! Belle merveille que j'en perde courage ! Mais que dis-je, pauvre sot, dans le feu de ma rancœur ? Qui cherche la joie ici-bas, il l'a perdue ailleurs hélas, à jamais hélas !... »