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Le miroir lui renvoya leurs deux visages aussi pâles l'un que l'autre.

Une flamme étrange brûlait dans les yeux du jeune duc et ses mains tremblaient légèrement sur la peau soyeuse. Il se pencha assez pour que son souffle chauffât le cou de la jeune fille tandis que, dans la glace, il gardait le regard violet priso

— Ce rustre mérite cent fois la mort pour avoir osé ce que moi-même je n'ose... quelqu'envie que j'en aie. Vous êtes trop belle et j'ai peur de ne plus trouver le repos loin de vous... Quand deviez-vous quitter cette ville ?

— Sitôt la procession terminée ! Nos bagages étaient faits, nos mules prêtes.

— Alors partez, comme vous le désiriez, partez ce soir même et que demain vous ayez mis entre vous et Bruges autant de lieues que faire se pourra. Un sauf-conduit vous ouvrira les portes de la ville et vous assurera la route libre. Nous nous retrouverons à Dijon où, d'ailleurs, je devrais être.

Gênée et aussi vaguement troublée par ces mains qui la serraient toujours, Catherine sentit un bizarre émoi gonfler sa gorge. La voix de Philippe était à la fois dure et chaude, impérieuse et tendre. Elle voulut lutter contre la fascination réelle qu'il exerçait sur elle.

— Nous retrouver à Dijon ? Monseigneur ! Que peut faire de la nièce d'un drapier le haut et puissant duc de Bourgogne sinon détruire sa réputation de fille sage ? demanda-t-elle avec un brin d'insolence qui fouetta le sang de Philippe.

Quittant les épaules de la jeune fille, ses mains se perdirent dans les flots soyeux de la chevelure au milieu de laquelle, un court instant, il cacha son visage.

— Ne sois pas coquette, murmura-t-il d'une voix qui s'enrouait. Tu sais très bien l'effet que tu as produit sur moi et tu en joues impitoyablement. L'amour d'un prince n'apporte pas forcément le désho

— Monseigneur ! protesta-t-elle.

Elle fit un geste pour l'écarter mais il la tenait bien. Possédé tout entier par ce désir impérieux, il venait de coller ses lèvres au creux tendre du dos, là où le cou s'attache et se perd dans les ombres douces de la chevelure. Catherine frisso

— Par grâce, Monseigneur ! Ne m'obligez pas à vous gifler, vous aussi ! Ce serait trop pour la journée !

Il la lâcha instantanément, s'écarta de quelques pas. Il était rouge.

Ses yeux gris étaient encore troubles, ses mains tremblantes. Mais, soudain, il éclata de rire :

— Pardo

Tout en parlant, il allait à un coffre d'ébène, en tirait un long manteau de velours brun à capuchon, tout uni, mais auquel un fourrage de zibeline do

— Tu es encore plus belle ! Va-t'en ! Va-t'en vite avant que mes démons ne me repre

Il la poussait vers la porte cachée, ouverte sans que Catherine pût voir comment. L'armure brillante d'un garde apparut dans l'entrebâillement.

— Attends ! murmura Philippe.

Il quitta seul la pièce ; revint quelques minutes plus tard avec un parchemin scellé qu'il tendit à sa visiteuse.

— Le sauf-conduit ! Va vite... et si tu penses à moi seulement moitié de ce que je penserai à toi, je m'estimerai heureux.

— J'y penserai, Monseigneur, fit-elle avec un sourire. Mais... est-ce que Votre Grandeur se rend compte qu'elle me tutoie encore ?

Le rire de Philippe so





— Il faudra t'y faire ! Il y a en moi quelque chose qui me pousse à te dire « tu »... peut-être parce que j'espère profondément en avoir un jour le droit...

La main sur le battant de la porte, il la retint encore. De son bras libre, il l'étreignit avec une tendre violence, posa, avant que la jeune fille ait pu s'en défendre, un baiser léger sur ses lèvres entrouvertes puis la lâcha.

— J'en avais trop envie ! fit-il pour s'excuser. Va maintenant.

Sa main glissait sur le velours sombre, comme pour y laisser le regret qu'il avait de la voir s'échapper. Elle allait franchir la porte, glisser vers le garde qui devait la reconduire à son oncle. Une dernière fois, il la retint :

— Un moment encore !

Puis, avec un sourire contrit :

— Je ne sais même pas ton nom.

Je m'appelle Catherine, Monseigneur, Catherine Legoix, dit-elle en plongeant dans une révérence si profonde qu'elle amena son visage à la hauteur des genoux de Philippe.

Il se pencha pour la relever mais elle s'esquiva, preste et souriante, suivant l'homme d'armes dont les poulaines de fer so

Sa tête bourdo

Sur le palier du grand escalier, elle retrouva Jacques de Roussay dont le regard inquisiteur ajouta encore à sa gêne. Elle avait l'impression que les mains et les lèvres de Philippe avaient laissé sur sa peau des traces visibles. Instinctivement, elle remonta le manteau somptueux sur ses épaules, tira le capuchon sur son front. Les yeux du capitaine s'attachaient à ses lèvres avec insistance, alors elle les pinça puis, relevant la tête d'un air de défi, se dirigea vers les degrés. Il la suivit sans mot dire.

Sous la voûte seulement, devant le corps de garde, il se décida à parler :

— J'ai ordre de vous reconduire à la Ronce Couro

Sous son capuchon, Catherine lui adressa un éclatant sourire qui fit aussitôt rougir le jeune homme jusqu'aux oreilles.

— Quel ho

— Hélas non... commença-t-il puis, changeant de ton soudain, il s'écria plein de joie : Vous allez à Dijon ? C'est là que vous habitez ?

— Mais oui.

— Oh !... Alors je vous reverrai ! Je suis de Bourgogne moi aussi, de la vraie, ajouta-t-il avec un orgueil naïf qui fit sourire la jeune fille.

Apparemment celui-là aussi souhaitait poursuivre les relations et, dans son for intérieur, Catherine se demanda si, en quittant les Flandres, elle n'aurait pas rendez-vous avec toute l'armée ducale...

Cette idée la mit en si belle humeur qu'elle chanto