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— Tiens-toi tranquille, Valette ! avertit Arnaud froidement. Ces arbres sont pleins de soldats et une flèche te guette si tu bouges.

Sa voix fut étouffée par les cris des paysans. Les bo

— Ne bougez ! J'ai ici un compte à régler avec cet homme et, pour cela, il me faut de la place.

Catherine, qui allait courir vers son époux, se figea sur place, puis, docilement, recula avec les autres, laissant un large espace entre eux et le bûcher. L'image d'Arnaud l'hypnotisait. Si hautain, si sûr de lui- même ! Son cheval dansait sur place, comme s'il se fût agi du plus courtois des tournois, mais, à son poing ganté d'acier, le fléau s'agitait de façon menaçante.

L'affreux visage de Valette se convulsa de haine. Il tendit le bras vers son e

— Emparez-vous de lui ! Il est recherché par ordre du Roi !

— Par ordre du roi La Trémoille, lança Arnaud dédaigneux. Allons, Valette, fais au moins ho

Comme pour lui do

— Tu ne ris plus, Valette ? Tu n'as donc plus envie de chanter ? Tu chantais si bien tout à l'heure. Allons, viens ! Tire cette longue épée dont tu te sers avec tant d'aisance...

Soudain, Arnaud lança son cheval au galop, frôla Valette. Le fléau s'enroula autour du cimier empanaché de Valette, puis Arnaud, tirant brusquement, entraîna le routier qui, déséquilibré, roula à terre.

— J'ai dit viens ! fit durement le jeune homme.

Valette se releva presque aussitôt. Son visage de

spectre était tordu de haine et une légère écume moussait au coin de ses lèvres. Avec la vitesse d'un éclair, il tira son épée, se planta sur ses jambes, penché en avant, attendant le choc du cheval. Mais, dédaigneux de cet avantage, Arnaud mettait déjà pied à terre.

— Non ! cria Catherine épouvantée.

— Il est fou ! gronda Saturnin revenu près d'elle sans qu'elle l'ait vu revenir. On ne fait pas de chevalerie avec un charognard !

Terrifiée, la jeune femme s'accrocha au bras du vieil homme. L'aspect effrayant de Valette la glaçait jusqu'à l'âme. Il lui semblait voir Arnaud se battre avec la mort en perso

Soudain, derrière Arnaud, quelqu'un cria :





— Sus à l'épervier, capitaine ! Il nous a trompés. Il n'y a dans les arbres qu'une poignée de paysans armés de...

Il n'en dit pas plus. Gauthier avait fait cabrer son cheval dont les sabots antérieurs s'abattirent sur le crâne de ce soldat trop curieux qui, sans doute, s'était glissé sous les arbres par l'autre bout du champ sans qu'on l'ait vu. Hélas, le mal était fait. Tandis que les paysans, découverts, dégringolaient des châtaigniers, que Gauthier tirant son épée fonçait sur une première vague de soldats, que Fortunat faisait de son mieux de son côté, Valette s'esquivait soudain derrière un mur d'hommes d'armes, laissant Arnaud seul en face de dix hommes. Catherine, défaillante, chercha l'appui de Saturnin, mais le vieillard, tirant la dague de sa ceinture, volait déjà, avec une agilité de jeune homme, au secours de son maître. La jeune femme, au milieu des autres femmes, des enfants et des vieillards, recula jusqu'à la muraille, repoussée par le combat désespéré qui se livrait. Car les paysans, tout à l'heure terrifiés, maintenant galvanisés par la vue d'Arnaud, s'étaient tous lancés dans la bagarre opposant leurs mains nues et ce qu'ils avaient pu trouver sur place de pierres et de morceaux de bois aux épées et aux lances des routiers.

Au fort de la mêlée, Arnaud, Gauthier, Fortunat et Saturnin, qui s'étaient groupés, accomplissaient des prodiges de valeur.

Le grand Normand empoignait les hommes, deux à deux, par le col et les assommait l'un contre l'autre avant de les laisser choir. Le fléau d'armes tournoyait sans arrêt faisant éclater les casques, et les crânes avec, comme de simples coquilles de noix, mais la troupe des routiers était nombreuse et semblait renaître sans cesse.

Bientôt, Arnaud et ses hommes eurent le dessous et l'issue du combat ne fit plus de doute pour Catherine : c'était la fin et, sans doute, la mort à brève échéance...

Dix hommes venaient d'isoler Arnaud de ses compagnons et l'ensevelissaient sous leur poids. Pour Gauthier, il en fallut vingt. Mais, quelques instants plus tard, les deux hommes, plus Saturnin et Fortunat, solidement entravés et dépouillés de leurs armes, étaient traînés devant Valette réapparu tout à coup.

— Doux Jésus ! gémit une femme près de Catherine... C'en est fait de nous !

— Taisez-vous, coupa durement la jeune femme. Qu'importe ce qu'il peut advenir de nous s'ils meurent !

Le rire grinçant de Valette couvrit sa voix. Le bandit s'approchait d'Arnaud que deux hommes maintenaient encore malgré les liens dont on l'avait chargé. On lui avait arraché son casque et un filet de sang coulait le long de sa joue, depuis l'arcade sourcilière fendue. Mais ses yeux noirs n'avaient rien perdu de leur arrogance. Dédaigneux, il toisa le routier qui se dandinait devant lui comme un héron boiteux, haussa ses larges épaules... C'en était trop pour la vanité de Valette ; à toute volée, par deux fois, il gifla son priso

— Voilà qui t'apprendra à respecter ton maître, chien !

Catherine, alors, vit rouge. En aveugle, elle se jeta en avant, toutes griffes dehors, et, avant que Valette l'ait seulement vue venir, elle lui avait sauté au visage comme une chatte sauvage. Le routier hurla, portant la main à sa joue où les ongles de la jeune femme avaient tracé cinq sillons sanglants, voulut reculer, mais elle s'accrochait à lui de toutes ses forces, cher chant à atteindre les yeux, poussée par un instinct de destruction aussi vieux que la terre, l'instinct animal de la femelle dont on attaque le mâle.

Quand deux hommes parvinrent enfin à l'arracher de sa proie, le visage de Valette était rouge vif et il beuglait comme un porc égorgé. Mais, aux mains des hommes d'armes, Catherine écumait encore de fureur, crachant le feu comme un petit fauve en colère et cherchant à griffer et à mordre. Épongeant le sang qui coulait sur sa dalmatique, le routier marcha sur elle.

— Bougre de charogne !... gronda-t-il... Qui es-tu ?

— Ma femme ! fit Arnaud aimablement. (Puis il ajouta, un demi-sourire étirant son visage blessé :) Quand donc prendras-tu l'habitude de m'obéir, Catherine, et de rester à la maison quand je le désire...

— Quand tu cesseras de courir un danger quelconque !

— Il va cesser bientôt, vous n'avez besoin que d'un peu de patience ! grimaça Valette. Juste quelques instants encore et vous serez à jamais délivrés de vos soucis. Allons, vous autres, enchaînez-moi ces deux-là sur le bûcher ! J'ai horreur des choses qui ne servent à rien.

La foule gronda de colère. Mais deux soldats levèrent leurs lances : deux hommes tombèrent, transpercés...

Irrésistiblement, avec une effrayante brutalité, les autres entraînaient déjà Catherine et Arnaud vers le bûcher... Les yeux de la jeune femme étaient agrandis d'horreur devant cette mort affreuse qui les attendait. Elle cria :