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— Tu ne sauras sans doute jamais, chuchota-t-elle, à quel point, moi, je t'aime.

Tout près d'eux, impassible et sourde en apparence, Isabelle de Montsalvy continuait de bercer Michel.

De cette première soirée à Montsalvy, Catherine devait garder une impression d'étrangeté et d'absurdité. Tout avait été tellement différent de ce qu'elle avait espéré, attendu... Non qu'elle regrettât vraiment le château seigneurial où elle eût dû régner, ou bien qu'elle éprouvât une répugnance quelconque à accepter l'hospitalité généreuse de Saturnin et de Donatie

Quand Gauthier était revenu, ramenant Marie de Comborn, Mme de Montsalvy, Catherine et Arnaud étaient à dîner, servis par Donatie

— Je co

Vous n'êtes pas de nos régions car j'imagine que, si je vous eusse rencontrée, je m'en fusse souvenue.

— Je suis parisie

Elle regretta le mot imprudent aussitôt. Mme de Montsalvy avait pâli.

— De Bourgogne... Comment ?

Arnaud ne laissa pas sa mère finir sa phrase. Avec une hâte qui trahissait un peu de gêne, il lança :

— Le premier époux de Catherine, Garin de Brazey, a été pendu par ordre du duc Philippe pour haute trahison... Cela doit te suffire, Marie, et Catherine n'aime pas qu'on lui rappelle d'aussi mauvais souvenirs.

— Marie ignorait, intervint sa mère qui tenait les yeux fixés sur son écuelle de potage. Au surplus, elle ne pensait pas à mal en s'enquérant de l'origine de sa nouvelle cousine. Sa question était naturelle. Moi- même...

— Ma mère, si vous le voulez bien, nous entamerons plus tard ce sujet, coupa Arnaud sèchement. Pour ce soir, nous sommes las, encore accablés par la surprise qui nous attendait ici. Ma femme est épuisée et je ne souhaite aussi que le repos.

Catherine avait alors surpris le froncement de sourcils de sa belle-mère et l'éclair moqueur dans les yeux de Marie, mais perso

Elle parvint cependant à faire bo





— Tu as honte de moi, n'est-ce pas ? dit-elle à son mari qui, assis au bord de la paillasse, rêvait, les mains nouées autour de ses genoux. Comment diras-tu à ta mère qui je suis alors que, tout à l'heure, tu as eu peur ?

Il leva les yeux vers elle et la regarda un instant sans rien dire, à travers ses cils rapprochés. Puis, calmement, déclara :

— Je n'ai pas eu peur. Simplement, je préfère confier cela seul à seul à ma mère et non pas au milieu d'une salle de ferme et devant des étrangers.

— Si tu parles de Sara, de Gauthier, ils me co

Il étendit un bras, entoura les jambes de Catherine et la fit tomber près de lui sans la moindre douceur. Là, il l'immobilisa entre ses bras et l'embrassa longuement, puis...

— Tu ne conçois rien du tout ! Marie est une oie prétentieuse qui n'a jamais écouté que ses désirs... et toi tu es presque aussi sotte si tu t'avises d'être jalouse d'elle.

— Pourquoi non ? Elle est jeune, belle... Elle t'aime, fit Catherine avec un petit rire sec.

— Mais moi, c'est toi que j'aime. Tu me dis que Marie est belle ?

D'une seule main, il immobilisa les deux poignets de Catherine derrière son dos, de l'autre la déshabilla avec une prestesse diabolique, puis déroula les magnifiques cheveux dont il entoura son propre cou avant de ramener la jeune femme contre sa poitrine.

Il est temps que nous essayions de trouver un miroir, ma mie. As-tu donc oublié ta beauté et combien je suis devenu l'esclave de cette beauté ?

— Non, mais...

Elle n'eut pas le loisir d'en dire plus parce que la bouche d'Arnaud s'était abattue sur la sie

Dans les instants qui suivirent elle n'eut plus du tout envie de parler. La magie profonde des caresses jouait sur elle, effaçant tout le reste, tout ce qui n'était pas le miraculeux accord que tous deux réalisaient dans l'amour.

Quand, longtemps après, elle émergea du bienheureux engourdissement, la tête contre la poitrine d'Arnaud, la conscience lui revint un peu et, d'une voix déjà alourdie de sommeil, elle murmura :

— Qu'allons-nous faire, Arnaud, qu'allons-nous faire demain ?

— Demain ? (Il réfléchit un instant, puis, comme si c'eût été la chose la plus naturelle du monde.) Demain j'irai au monastère pour y couper la gorge de ce Valette. Il ne vivra pas assez pour se vanter d'avoir rasé Montsalvy...

Arrachée brutalement à sa quiétude momentanée et reprise d'une peur affreuse, Catherine voulut protester, mais la respiration plus forte et plus régulière du jeune homme lui apprit que, déjà, il s'était endormi.

N'osant bouger pour ne pas l'éveiller car ses bras étaient demeurés noués autour d'elle, Catherine demeura longtemps les yeux grands ouverts dans cette obscurité qui sentait le fourrage, apprenant peu à peu les mille bruits imperceptibles qui peuplaient le silence nocturne de ce pays inco