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— Sang du Christ ! s'écria Arnaud. Il a des poumons, le bougre !

— Il doit avoir faim, fit Sara. Je vais lui do

Elle ne demandait que ça, dormir. Pourtant, le premier instant de joie passé, la conscience de leur situation lui revenait et, déjà, de sa main libre, elle s'accrochait à Arnaud qui s'était glissé près d'elle pour lui offrir l'appui de sa poitrine.

— Dis-moi, le combat ?

Nous sommes vainqueurs... d'une certaine manière... J'entends que nous sommes momentané ment en sûreté : du moins tant que nous conservons l'otage que tu vois là-bas.

En effet, de l'autre côté du feu, près de l'entrée de la grotte, Catherine put voir, gardé par l'énorme Escornebœuf et par deux Gascons, un perso

— Qui est-ce ? demanda la jeune femme.

— Rodrigue de Villa-Andrado, en perso

Au même instant, l'Espagnol bâilla démesurément, tourna les yeux vers le fond de la grotte.

— Je regrette de t'enlever tes illusions, Montsalvy, mais les hommes de ma bande me co

— C'est vrai, chuchota Sara à Catherine. Les Gascons ont presque tous été tués. Nous n'avons plus que le sergent et deux hommes d'armes... et pour comble nous n'avons plus rien à manger.

Autrement dit, répliqua la jeune femme avec angoisse, cette grotte nous a peut-être offert un abri, mais elle est, en même temps, un piège qui s'est refermé.

Brusquement, Catherine avait l'étouffante sensation que la grotte se resserrait sur elle, insensiblement mais inexorablement. Pourquoi avait-il fallu que l'enfant vînt au monde au fond de ce tombeau ?





Le son pourtant étouffé des deux voix féminines était sans doute parvenu aux oreilles de Villa-Andrado car il se leva brusquement et, suivi immédiatement par Escornebœuf, marcha vers le fond de la grotte.

— Reste où tu es ! lança Arnaud rudement.

— Pourquoi donc ? Veux-tu donc m'obliger à crier quand il nous est possible de causer paisiblement ? Tu dois comprendre, avant qu'il soit trop tard, que ta situation n'est pas aussi bo

Il s'arrêta court. À la lumière incertaine de la branche flambante que Gauthier, figé à côté de la paillasse dans une immobilité de cariatide, tenait toujours, l'Espagnol venait d'apercevoir Catherine, étendue sous des manteaux, pâle et défaite, mais enveloppée de la masse somptueuse de ses cheveux dénoués qui lui composaient tout à la fois un manteau royal et une auréole de lumière. Le sourire sarcastique s'effaça des lèvres de Villa-Andrado sous le coup de la surprise.

Un instant, la jeune femme et le chef mercenaire se regardèrent... Elle lut dans les yeux sombres de l'homme une admiration non déguisée et, dans le secret de sa pensée, le jugea intéressant. Ce visage anguleux et sec, visiblement pétri d'orgueil, formait un contraste étrange avec le regard où se montrait une chaleur inattendue. C'était, à n'en pas douter, une bête de proie, mais une bête de race et, de plus, l'intuition féminine de Catherine le lui soufflait secrètement, il appartenait à cette catégorie d'hommes qu'une femme regarde toujours au moins deux fois, si ce n'est plus ! Mais, pour le moment, Villa-Andrado était en extase.

Rose de mai !murmura-t-il, de toute douceur pleine Gente et jolie Vous êtes fleur, de toute fleur...

— Qu'est cela ? aboya Arnaud hargneusement en se plantant entre l'Espagnol et la jeune femme. Te prends-tu pour un ménestrel ou bien penses-tu que ma femme ait quelque plaisir à entendre des fadaises ?

Rodrigue leva vers Montsalvy un regard de somnambule.

— Ta femme ? murmura-t-il... J'ignorais que tu fusses marié, Montsalvy. Et je vois là un enfant... Je ne comprends pas.

— Je te croyais plus intelligent, ricana Arnaud. Il est aisé cependant de comprendre. Nous regagnions en toute hâte mes terres, mais les rigueurs du chemin ont eu raison de mon épouse. Nous espérions trouver à Ventadour de chers cousins en même temps qu'une halte dont Mme de Montsalvy avait le plus grand besoin... et nous n'avons trouvé qu'une bande de charognards et des armes brandies. Toi et les tiens, noble chevalier, avez contraint ma femme à mettre son fils au monde au fond d'un trou de taupes ! Heureuse encore de l'avoir trouvé ! Tu as compris maintenant ?

Le ton acerbe d'Arnaud frappa Catherine. Si affaiblie qu'elle fût et si inquiète de l'avenir proche, elle ne craignait pas l'Espagnol. Un homme qui pouvait la regarder avec cette expression éblouie ne pouvait être un danger. Pourquoi donc Arnaud cherchait-il à attiser sa colère ? Seule, sans doute, la jalousie excitait sa hargne et Catherine savait déjà que cette jalousie pouvait être féroce.

Mais Villa-Andrado ne parut pas s'émouvoir. Avec une aisance de grand seigneur, il mit genou en terre devant Catherine, sa main gauche posée sur son cœur et son regard rivé au pâle visage encadré d'or.

Jadis, fit-il d'une voix émue, la plus noble et la plus sainte de toutes les femmes mit au monde, elle aussi, son enfant sur un peu de paille. C'est un pré- J cèdent qui doit être de quelque réconfort, Madame. Pourtant, l'éclat de votre grâce efface en moi jusqu'à ce souvenir. Seule l'étoile qui brillait dans cette nuit sacrée devait approcher, gracieuse dame, d'une si merveilleuse beauté !

C'était plus que Montsalvy n'en pouvait endurer. Sa main s'abattit sur l'Espagnol qu'il empoigna par le col de son pourpoint et remit de force sur ses pieds.

— En voilà assez ! Tu devrais me co

Un mince sourire étira la bouche sinueuse du Castillan et mit une flamme dans ses yeux. Catherine eut le sentiment net qu'il se moquait d'Arnaud.

— Il te faut, dans ce cas, l'obliger à ne sortir que voilée, comme les femmes maures, car, partout où elle ira, la beauté de ton épouse illuminera la nuit et courbera l'échiné des hommes sous le poids du désir. Mais, ajouta-t-il perfidement, je te félicite et je t'envie, Montsalvy. Il semble que tu co

Le rappel aux ancie

Encore que le nom d'Isabelle lui fût désagréable, elle avait assez de puissance sur elle- même pour ne plus redouter une morte. D'ailleurs, Arnaud l'avait-il jamais aimée, cette Isabelle ? L'insolence voulue de Villa-Andrado lui fit craindre une empoignade entre les deux hommes. Elle devina confusément une ancie