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Quand on fut sous le couvert des arbres, avec une bo

— Tue-moi, Gauthier, hoquetait-elle nerveusement, tue-moi ! Ce sera tellement plus simple, tellement plus rapide...

Tu as entendu ? Par tout le royaume, on va me chercher, comme une criminelle...

— Et alors ? Qu'est-ce que cela prouve ? grogna le Normand en la berçant comme une enfant contre sa large poitrine.

Que votre Gilles de Rais a réussi à prévenir son « beau cousin » La Trémoille et qu'ils vous do

Elle leva sur le menton mal rasé du géant un regard noyé de pleurs.

— Je... je ne sais pas ! Je ne crois pas, mais....

— Pas de mais ! Donc, nous allons toujours à Bourges. Le tout est d'y arriver. Il y a une chose à laquelle vous ne pensez pas.

— Laquelle ?

— C'est que ce maudit parchemin signale deux femmes. Et non pas trois perso

Remettant Catherine à Sara qui avait déjà disposé les manteaux sous le tronc penché d'un gros chêne, le Normand tira son poignard et s'approcha de Morgane avec un soupir énorme.

— Pour Dieu, que vas-tu faire ? cria Catherine brusquement ranimée.

— La tuer, bien sûr, répliqua Gauthier sombrement. Ça me fait peine, mais cette jolie petite jument proclame qui vous êtes mieux qu'une ba

Avec une vivacité dont elle se serait crue incapable l'instant précédent, Catherine bondit et se pendit au bras noueux du Normand.

— Je ne veux pas ! Je te l'interdis... Tuer cette bête nous apporterait le malheur, j'en suis certaine. J'aime mieux être prise par elle que sauvée par sa mort.

Morgane, de son côté, avait regardé Gauthier d'un air mi-inquiet mi-furieux. Elle opta finalement pour la colère et se mit à encenser dangereusement, mais, déjà, Catherine avait saisi sa bride et lui parlait doucement.

— Calme-toi, ce n'est rien... Tu n'as rien à craindre de nous, ma belle ! Allons, sois sage...

Peu à peu, la petite jument se calmait. Elle finit par se tenir tranquille, appliquant en manière de pardon un large coup de langue sur le front de Catherine. Gauthier regardait la scène d'un air mécontent.

— Vous n'êtes pas raiso

— Peut-être, mais elle m'aime. Je ne veux pas qu'on tue une bête qui m'aime. Il faut comprendre... cria-t-elle prête à pleurer encore.

— C'est bon. Dans ce cas, restez ici. Nous sommes assez loin du village. Perso

— Tu nous laisses ? s'écria la jeune femme tout de suite alarmée.

— Vous avez faim, non ? Et puis, il faut que je trouve moyen de changer votre aspect suffisamment pour que vous ne risquiez rien jusqu'à Bourges. Vous allez dormir en m'attendant. Quant à vous, dame Sara, comment vous sentez-vous ?

— Comment voulez-vous que je me sente ? bougo





— Alors prenez ça ! Et n'hésitez pas à vous en servir au cas où un curieux s'approcherait de trop près.

« Ça », c'était le large couteau qui ne quittait pas la ceinture du géant. Sara prit l'arme sans montrer le moindre émoi et la glissa à sa propre ceinture aussi calmement que s'il se fût agi d'une fleur fraîchement coupée.

— Comptez sur moi ! affirma-t-elle. Perso

Catherine s'endormit d'un sommeil de bête harassée. Quand elle s'éveilla, la lumière avait baissé considérablement et Gauthier, penché sur elle, la secouait doucement.

— Hé... dame Catherine... Éveillez-vous ! Il est temps !

Un peu plus loin, Sara, assise sur un tas de feuilles, tournait gravement une broche improvisée sur laquelle rôtissait une volaille. Cette vue, jointe au bon repos que lui avait procuré son sommeil, rendit à Catherine son courage. Sara auprès d'un feu, faisant cuire quelque chose, c'était l'un de ses plus vieux souvenirs d'enfance et cela évoquait les temps paisibles en même temps que les mystérieuses racines d'une immuable affection. Elle se releva prestement, sourit à Gauthier.

— Cela va mieux ! dit-elle.

— J'en suis heureux. Mettez cela, maintenant. Ensuite, nous mangerons.

Il offrait quelque chose de sombre et de lourd. En tendant la main, Catherine toucha une étoffe grossière qu'elle déploya sans comprendre.

— Qu'est-ce que c'est ?

Gauthier eut un sourire féroce qui fit étinceler ses dents blanches et briller ses yeux.

— Un froc de moine. J'en ai un autre pour Sara. Une chance que j'aie rencontré ces deux frères mendiants avant qu'ils entrent au village !

Catherine se sentit pâlir. Elle se souvint avec terreur de l'étrange religion de son compagnon. Gauthier était païen. Pour lui, ni Dieu ni ses serviteurs ne représentaient quoi que ce soit. Une pensée terrible la traversa et elle laissa tomber la robe. Le Normand se mit à rire, ramassa l'objet et de nouveau le lui tendit.

— Non, je ne les ai pas tués, rassurez-vous ! Seulement un tout petit peu assommés et abando

— Et pourquoi donc ?

— Parce que je ne leur ai rien laissé sur le dos. Ils sont aussi nus qu'un poisson au sortir de la rivière, acheva Gauthier avec tant de sérieux que Catherine ne put s'empêcher de rire.

Sans plus discuter, elle enfila la longue et épaisse robe brune, serra la corde autour de sa taille. Le Normand la regardait faire d'un air approbateur.

— Vous avez l'air ainsi d'un moinillon rondouillard ! commenta-t-il avant de s'éloigner vers les chevaux.

Tandis que Sara et Catherine se restauraient en dévorant la poule qu'il avait dû voler dans quelque ferme, il se livra sur Morgane indignée à une opération qui était tout juste le contraire d'une toilette. Il enduisit soigneusement de la boue grasse d'un ruisseau qui coulait tout auprès une bo

Espérons qu'il ne pleuvra pas trop et que ça tiendra jusqu'au bout, dit le Normand en se reculant pour mieux juger de l'effet produit à la manière d'un peintre qui contemple son œuvre. Catherine, amusée, pensa que son prestigieux ami Van Eyck faisait exactement cette figure quand il regardait, tête penchée, yeux clignés et tous les traits contractés, l'une de ces merveilleuses Vierges pour lesquelles, si souvent, elle avait servi de modèle.

Ceci fait, Gauthier dévora le reste du poulet, but un coup d'eau claire et empoigna Catherine pour la remettre en selle.

— Allons, mon révérend Père, reprenons notre chemin ! dit-il gaiement. Le Diable lui-même ne pourrait pas vous reco

Le soir tombait. Les notes grêles de l'angélus leur parvinrent, portées sur la cime des arbres. Le poids de terreur qui avait écrasé le cœur et le souffle de Catherine s'envolait progressivement. La robe du moine sentait terriblement la sueur et la crasse, mais elle était chaude et tellement épaisse qu'il fallait sans doute une pluie torrentielle pour parvenir à la transpercer. Catherine put d'ailleurs s'en convaincre car, au moment où les trois voyageurs sortaient des fourrés, quelques gouttes se mirent à tomber du ciel noir. Elle baissa le capuchon. Il engloutissait facilement sa tête et son visage jusqu'au menton, puis elle retroussa les manches trop longues qui la gênaient. Elle se sentait là- dedans comme l'escargot dans sa coquille, protégée sinon invisible.