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Avant de quitter cette chambre où elle avait co
Dans la cour, elle trouva Ke
Sans un mot, le Normand déchargea Sara du ballot de vêtements qu'elle portait, puis la petite troupe se mit en route. L'un derrière l'autre, on se dirigea vers l'enceinte. Le froid avait augmenté dans la nuit et mordait cruellement. De temps en temps, une rafale de vent soufflait, soulevant des tourbillons blancs qui obligeaient à n'avancer que courbés tant que l'on fut au centre de la vaste cour. Mais, à mesure que l'on approchait des murailles, les tourbillons d'air, freinés, perdaient de leur brutalité. De temps en temps, le mugissement d'une bête ou le cri d'un marmot perçait le silence, ou encore le ronflement d'un des réfugiés qui dormaient à même le sol, roulés dans des couvertures près des feux que nul n'avait besoin d'attiser.
Malgré l'épaisseur du manteau de cheval, Catherine grelottait quand on atteignit la tour indiquée par Cabriac. Celui-ci les attendait à l'intérieur, battant la semelle et se frappant les flancs pour lutter contre le froid. Sous ces voûtes basses où l'eau suintante gelait en plaques noires et luisantes, c'était une chape de glace qui tombait sur les épaules.
— Il faut faire vite, dit Cabriac. La lune va bientôt se lever et vous serez visibles comme en plein jour sur cette neige. Le Castillan doit avoir des guetteurs partout.
— Mais, objecta Catherine, comment passerons- nous la palissade qui double le rocher ?
— Cela me regarde, fit Gauthier. Venez, dame Catherine. Messire le sénéchal a raison. Nous n'avons que trop perdu de temps.
Il prenait déjà son bras pour l'entraîner vers le trou noir de l'escalier que Cabriac, en soulevant une trappe cachée sous de la paille pourrie, venait de découvrir. Mais Catherine résista et, se tournant vers Ke
— Grand merci pour tout, messire Hugh. Merci pour votre amitié, pour la protection que vous m'avez do
Dans la lumière incertaine de la lanterne, elle vit s'éclairer le large visage de l'Écossais, briller ses dents blanches.
— Si cela ne dépend que de moi, Dame Catherine, ce sera dans peu de temps. Mais nul ne sait ce que sera son lendemain, de nos jours.
Aussi, comme il se peut que jamais, en ce monde, je ne vous revoie...
Laissant sa phrase en suspens, il empoigna la jeune femme aux épaules, la serra contre lui, l'embrassa avidement avant que, le souffle coupé, elle ait pu se défendre, la lâcha aussi brusquement puis se mit à rire avec la gaieté d'un enfant qui vient de réussir une bo
— ... du moins mourrais-je sans regret ! Pardo
!
C'était si franchement avoué que Catherine se contenta de sourire.
Elle était sensible, peut-être plus qu'elle l'aurait voulu, à la chaleur de cette rude tendresse, mais Gauthier avait pâli. De nouveau, sa main s'abattit sur le bras de la jeune femme.
— Venez, dame Catherine ! dit-il rudement.
Il levait la lanterne, s'engageait déjà dans l'escalier étroit. Cette fois, Catherine le suivit. Sara vint après et Frère Étie
En s'enfonçant dans les entrailles du rocher, la jeune femme l'entendit faire ses adieux à l'Écossais et lui recommander de ne point trop s'attarder en Auvergne en ajoutant :
— Le temps des combats va reprendre. Le co
— Soyez tranquille ! Je ne le ferai pas attendre !
Puis Catherine n'entendit plus rien. Les marches hautes, inégales, faites de grosses pierres à peine taillées, plongeaient presque à pic entre deux murailles rocheuses crevassées par le temps, et la jeune femme devait apporter un soin extrême à chacun de ses pas pour ne pas risquer de tomber. C'était d'autant plus dangereux que le gel, là aussi, avait apporté ses méfaits et que chaque marche était dangereusement glissante. Quand enfin on atteignit le taillis broussailleux qui masquait la fissure où débouchait l'escalier, Catherine poussa un soupir de soulagement. Grâce à Gauthier qui écartait pour elle les épines, elle parvint à franchir sans trop de dommage ce léger obstacle, mais ce fut pour s'apercevoir que le haut mur de rondins aiguisés qui composaient la palissade se dressait presque contre le rocher. Cela formait un boyau étroit et profond.
De l'œil, Catherine mesura la terrifiante muraille de bois.
— Comment pourrons-nous franchir ça ? Autant remonter tout de suite. Les pieux sont trop aigus pour les passer avec une échelle de corde.
— Bien sûr, fit Gauthier paisible. C'est fait exprès pour cela.
Partant du buisson où débouchait l'escalier, il se mit à compter les pieux en allant vers la droite. Au septième, il s'arrêta. Catherine, éto
— Nous allons être visibles comme des taches d'encre sur une page blanche, murmura Frère Étie
Perso
— Que faire ? Notre seule chance est de fuir cette nuit, tant que l'investissement n'est pas encore complet. Mais si nous sommes vus, nous sommes pris.
Comme pour lui do
Gauthier passa une tête prudente par l'ouverture, la rentra presque aussitôt.
— Le premier poste n'est qu'à quelques toises. Une dizaine d'hommes... mais que cela ne nous avancerait pas de mettre hors de combat, fit-il avec une nuance de regret. Le mieux est d'attendre.
— Quoi ? fit Catherine nerveusement. Le lever du jour?
— Que la lune se cache. Grâce au ciel, le jour se lève tard en hiver.
Force fut de demeurer là, dans le froid et la neige. Les quatre compagnons, le cou tendu, l'œil fixé sur le globe livide de la lune, retenaient même leur respiration. C'était comme un fait exprès : d'épais nuages couraient d'un bout à l'autre de l'horizon, mais aucun ne parvenait à engloutir l'astre dénonciateur. Les pieds et les mains de Catherine étaient glacés. La vie confinée qu'elle avait menée tous ces derniers mois l'avait rendue plus vulnérable et elle souffrait plus que les autres de demeurer ainsi immobile dans ce couloir glacial. De temps en temps, Sara, d'une poigne vigoureuse, lui frictio