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Quand une langue boisée, coulant jusqu'à la vallée, eut avalé la petite troupe et qu'il ne resta plus, dans la neige, qu'une double trace profonde, Catherine se retourna. Sara, les mains nouées sur la poitrine et les yeux pleins de larmes, fixait l'endroit où avait disparu la troupe.
Catherine vit que ses lèvres tremblaient. Alors, elle chercha le regard de Gauthier, mais il ne s'occupait pas d'elle. Tourné vers l'occident il semblait écouter quelque chose. L'expression de son lourd visage était si tendue que Catherine, co
— Que se passe-t-il ? Est-ce que tu entends quelque chose ?
Il fit signe que oui, puis, sans répondre, courut vers l'escalier.
Catherine le suivit, mais elle fut rapidement distancée par les longues jambes du Normand. Elle le vit traverser la cour à toute vitesse, s'engouffrer sous l'auvent où travaillait le maréchal-ferrant et en ressortir l'instant suivant avec Ke
— Troupe armée en vue !
Du coup, elle remonta les quelques marches déjà descendues et, relevant ses robes, Sara sur les talons, se mit à courir le long du chemin de ronde vers la tour Noire. L'a
— Ecu écartelé, fit-il brièvement, des croissants et des burelles !
j'ai déjà vu ça quelque part...
Catherine s'accorda un mince sourire.
— Tu deviens savant, fit-elle. Bientôt tu égaleras les rois d'armes eux-mêmes.
Mais Ke
— Baissez la herse, relevez le pont ! les archers aux murailles !
Instantanément, la forteresse grouilla d'activité. Traînant arcs et hallebardes, les hommes escaladaient les murailles tandis que d'autres manœuvraient le pont et la herse. Des cris gutturaux, des appels, des cliquetis d'armes, des galopades dans tous les sens. Le château, endormi sous la neige l'instant précédent, se réveillait avec violence.
Déjà, sur les chemins de ronde, on empilait les bûches, on traînait des marmites pour l'huile bouillante. Catherine s'approcha de Ke
— Vous mettez le château en défense ? Pourquoi ? demanda-t-elle.
Qui donc s'approche de nous ?
Villa-Andrado, le chien de Castille ! fit-il brièvement. - Et pour bien montrer l'estime dans laquelle il tenait le nouveau venu, l'Écossais cracha superbement puis ajouta - : La nuit passée, les guetteurs ont aperçu des lueurs d'incendie du côté d'Aurillac. Je n'y avais pas prêté autrement attention, mais il faut croire que j'avais, tort. C'était lui !
Catherine se détourna et alla s'appuyer à l'un des énormes merlons.
Elle arrangea son voile noir que le vent faisait voler pour mieux cacher la rougeur subite qui lui était montée au visage puis fourra dans ses larges manches ses mains transies. Le nom de l'Espagnol réveillait tant de souvenirs !
En effet, Gauthier comme elle-même avaient déjà vu la ba
Quand elle rouvrit les yeux, elle vit que Frère Étie
— Ces gens qui approchent vous amusent ? dit-elle assez sèchement.
— M'amuser est beaucoup dire. Ils m'intéressent... et ils m'éto
— Le terme est-il bien adapté à votre pensée, Frère Etie
Le petit moine rougit comme une jeune fille, mais offrit à la jeune femme un sourire épanoui.
— Vous avez mille fois raison. Je voulais dire que messire de Villa-Andrado passait l'hiver en Castille, à la cour du roi jean. Il est bien évident qu'à Angers on ne saurait se montrer indulgent pour ce perso
— Je crois que nous allons le savoir.
En effet, la bande armée était arrivée à l'aplomb de la tour et l'homme qui portait la ba
Parvenus près des palissades qui encerclaient le roc cyclopéen, les deux hommes s'arrêtèrent et, d'un même mouvement, levèrent la tête.
Qui commande ici ? demanda le héraut.
Ke
Moi, Hugh Allan Ke
Vous avez quelque chose contre ?
Décontenancé, le héraut bredouilla quelque chose, toussa pour s'éclaircir la voix, redressa la tête d'un air superbe puis clama :
— Moi, Fermoso, poursuivant d'armes de Messire Rodrigue de Villa-Andrado, comte de Ribadeo, seigneur de Puzignan, de Talmont et de...
— Au fait ! coupa impatiemment l'Écossais. Que nous veut messire Villa-Andrado ?
L'intéressé, jugeant sans doute que les négociations duraient trop longtemps, poussa son cheval et vint se ranger entre sa ba