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— Avez-vous froid ? Vous tremblez, il me semble...

— Non, Monseigneur. Je n'ai pas froid. J'ai peur.

Vous ? Avoir peur ? Il fut un temps, Catherine, où vous ne craigniez ni la torture, ni même le gibet... vous y marchiez bien fièrement quand la Pucelle vous a sauvée...

— Parce que tout cela ne menaçait que moi. Mais je n'ai aucun courage quand il s'agit de qui j'aime. Et j'aime monseigneur Arnaud plus que moi-même, vous le savez bien.

— Je sais, approuva-t-il gravement. Et je sais aussi que cet amour est capable des plus difficiles exploits. Pourtant, rassurez-vous : ici, vous n'affronterez aucun e

— C'est bien pour cela que j'ai si peur. Je craindrais moins le pire de mes e

: elle porte malheur.

Décontenancé par cette affirmation inattendue, le Bâtard ouvrit de grands yeux :

— Malheur ? Vous me la baillez belle ! Qu'entendez-vous par là ?

— Rien d'autre que ce que je dis. Je suis née tout près d'ici, monseigneur, et je sais que tous les propriétaires de cet hôtel sont morts tragiquement.

— Ah bah !

— Vous l'ignoriez ? Souvenez-vous : depuis Hughes Aubriot, qui le fit construire et qui mourut à Montfaucon, il y eut Jean de Montaigu, traîné sur la claie et pendu, Pierre de Giac, l'homme qui vendit sa main au Diable et que le Co

— Ciel ! Ne dites pas de telles choses ! Souvenez- vous que Richemont est breton, donc superstitieux. Et puis, cela ne menace que lui et vous n'êtes pas, que je sache, propriétaire de cette maison.

Non. Mais tant de drames laissent des traces... une atmosphère. Ce n'est pas ici la maison de la clémence. Le Bâtard tira son mouchoir et s'essuya le front en soupirant :

— Eh bien, ma chère, vous pouvez vous vanter de vous entendre comme perso

Le maître d'hôtel du Co

— Voulez-vous, messire, nous a

Des voix nombreuses se faisaient entendre et l'étage bourdo

: — Trop grande assemblée, justement. Les ordres de Monseigneur sont que je conduise Madame au jardin où il s'est retiré avec ceux de son Conseil.

Catherine retint un soupir de soulagement. Elle avait craint que Richemont ne la contraignît à une explication publique, une espèce de lit de justice où, à cause de la grande foule, elle eût peut-être entendu sa condamnation sans réussir à s'expliquer.

Les bruits qui emplissaient l'hôtel le lui avaient fait redouter dès l'entrée. Aussi sourit-elle au sire du Pan qui, courtoisement, s'apprêtait à lui montrer le chemin. Mais les choses faillirent tourner mal quand il voulut séparer Catherine de son escorte et interdire l'entrée du jardin aux seigneurs arvernes.

— Monseigneur le Co





Amaury de Roquemaurel sortit du rang, fit un pas qui l'amena à dominer le maître d'hôtel de toute la tête.

— Nous sommes les frères d'armes d'Arnaud de Montsalvy, donc nous sommes la famille, sire maître d'hôtel. Aussi entrerons-nous !...

que cela vous plaise ou non ! Justement, nous n'aimons guère la façon dont, à la Cour, se traitent les affaires de famille : Dame Catherine et nous ne formons qu'un seul cœur et elle peut avoir besoin de nous.

— Laissez-les entrer, du Pan ! intervint Dunois. Ils se tiendront au fond du verger et n'approcheront que si le besoin s'en fait sentir. Je le prends sur moi...

— Dans ce cas, je m'incline. Veuillez donc me suivre.

Le soleil inondait le jardin qui descendait en pente douce jusqu'à la Seine. C'était un endroit frais et charmant, un grand verger où, sous de vieux cerisiers que le printemps tardif couvrait de fleurs blanches, de grands tapis d'herbe nouvelle s'émaillaient de violettes, de primevères et d'anémones. Quelques bosquets de lilas bleu ménageaient, autour de longs bancs de pierre verdie, des retraites d'ombre douce entre les branches desquelles on pouvait voir briller l'eau paresseuse du fleuve.

Richemont attendait Catherine dans l'un de ses bosquets. Vêtu de velours gris foncé, sans aucun ornement, il se tenait assis sur le banc et causait avec quelques gentilshommes qui l'entouraient.

Outre Tristan l'Hermite qui, un peu à l'écart, contemplait avec une attention soutenue les évolutions d'un merle sautillant, il y avait là le chef bourguignon, Jean de Villiers de l'Isle Adam, et le nouveau Prévôt de Paris, messire Philippe de Ternant, l'autre maître de la ville, Michel de Lallier et l'un des plus fameux capitaines bretons, Jean de Rostrenen.

Tandis que les gens d'Auvergne demeuraient docilement à l'entrée du verger, Catherine, toujours guidée par Jean d'Orléans, s'avança vers le Co

A son approche, la conversation avait cessé. Et, bien qu'elle gardât la tête modestement baissée, la jeune femme eut conscience des regards fixés sur elle. Il y eut un instant de silence, vite peuplé par le trille joyeux et parfaitement incongru à un moment si sole

— Vous voici donc, Madame de Montsalvy ? Je ne vous attendais guère et, pour être tout à fait franc, votre visite ne me cause aucun plaisir. J'ajouterai que c'est bien la première fois.

Le préambule n'avait rien d'encourageant. Pourtant Richemont s'était levé, courtoisement, pour accueillir sa visiteuse et lui désignait une place auprès de lui sur le banc.

Mais Catherine négligea l'invitation tout en s'efforçant d'affermir son courage. Le ton du Co

S'autorisant de sa double qualité de femme et de grande dame, elle riposta aussi durement :

— Je n'ai, moi non plus, aucune joie à vous la rendre, Monseigneur ! Je ne m'attendais pas à être obligée, à peine débarquée à Paris, de venir implorer votre clémence, alors que j'entendais me plaindre amèrement du tort que l'on me fait. Mais, arrivée ici en plaignante, je me suis trouvée transformée comme par magie en accusée.

— Vous n'êtes accusée de rien.

— Quiconque accuse mon seigneur Arnaud m'accuse.

— Eh bien, disons que vous êtes accusée de vouloir m'arracher une grâce que je n'ai nulle envie d'accorder. Quant à vous plaindre...

puis-je savoir de quoi ?

Ne faites pas semblant de l'ignorer, Monseigneur. Je vois là messire l'Hermite qui n'a pas dû oublier de mentio