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— Quelle preuve ? cria-t-elle. Vas-tu parler ? Quelle preuve ?...

Dis-le ou je te fais arracher la peau !

Avec un gémissement de terreur, Gervais glissa de ses mains et se laissa tomber devant elle, face contre terre. Il balbutia :

— Une de vos chemises... et aussi une lettre... une lettre d'amour...

ou plutôt un morceau de lettre.

Mais la jeune femme avait trop présumé de ses forces. Elle était exténuée et le mouvement violent qui l'avait jetée sur Gervais avait réveillé la douleur de son épaule. Elle ouvrit la bouche pour parler sans qu'aucun son n'en sortît. Alors ses yeux se révulsèrent et, battant l'air de ses bras, elle s'écroula sur les dalles à côté du priso

Aussitôt, on se précipita. Bérenger qui durant toute cette scène violente avait conservé l'immobilité et le mutisme d'une statue se jeta à genoux pour soulever sa tête, mais déjà Nicolas Barrai se penchait et, glissant un bras sous les épaules de Catherine, un autre sous ses genoux, l'enlevait de terre aussi aisément que si elle n'eût rien pesé.

— Manquait plus que ça ! grogna-t-il furieux. Elle n'aurait jamais dû assister à cet interrogatoire. C'est un coup à la tuer, ajouta-t-il en considérant avec pitié le visage exsangue, marqué de grands cernes noirs, qui reposait sur son épaule.

L'abbé Bernard hocha la tête.

— De toute façon il aurait fallu lui raconter tout cela ! Emporte-la chez elle, Nicolas, confie-la à Sara, dis à celle-ci ce qui vient de se passer et puis reviens. J'ai encore besoin de toi.

— Qu'est-ce qu'on fait de ça ? demanda Couderc désignant Gervais de la tête. On le pend tout de suite ?

A son tour, l'abbé regarda le priso

— Non, dit-il froidement. On continue ! Gervais a encore bien des choses à nous apprendre. Par exemple, le nom de celui qui nous trahit.

Le danger qui menace messire Arnaud l'a fait oublier momentanément, mais il n'en devient que plus urgent de le co

Le co-seigneur de Montsalvy alla prendre, sur l'escabeau, la place abando

— C'est à moi que tu vas répondre, maintenant, Gervais. Mais ne garde pas d'illusions : mes conditions seront les mêmes que celles de Dame Catherine. A cette différence près que j'y ajouterai l'absolution de tes péchés si tu te repens sincèrement... avant de te faire pendre !





Une heure plus tard, tandis que Catherine, veillée par Sara, dormait profondément sous l'effet d'un calmant généreusement administré, que Gervais, enchaîné, inaugurait l'un des cachots du donjon hâtivement débarrassé de trois saloirs, et que l'abbé Bernard, un pli soucieux au front, regagnait son monastère pour y attendre la suite des événements, Nicolas Barrai, escorté de quatre soldats, frappait à la porte d'Augustin Fabre, le charpentier, puis, n'obtenant pas de réponse, enfonçait ladite porte tandis que le bruit attirait aux fenêtres enviro

Depuis le début du siège, en effet, les gens de Montsalvy ne dormaient plus qu'avec des armes à portée de la main. Chez Gauberte Cairou, même, la meule à affûter tournait tous les jours. Il n'était jusqu'au fuseau de sa quenouille qui ne fût aussi acéré qu'un fer de lance et, dans ses rêves nocturnes, la toilière ambitio

Le jour commençait à se lever. Le cri enroué des coqs éclatait de partout. Pour la première fois depuis longtemps, il était pur de tout nuage et l'étoile du berger y brillait comme un gros diamant bleuté.

Aussi, le premier coup d'œil des citadins tirés de leur sommeil fut pour lui. De ce côté-là, du moins, leurs e

Le second fut pour la maison éventrée de Fabre, dont Nicolas et ses hommes ressortaient bredouilles. La maison était vide. Augustin et Azalaïs avaient inexplicablement disparu.

Aussitôt, le sergent et ses hommes furent entourés d'un cercle avide de savoir ce que tout cela signifiait, un cercle vite augmenté de Gauberte qui habitait plus loin et qui accourait, une peau de mouton jetée sur sa chemise et brandissant sa fameuse quenouille.

Les quatre hommes qui avaient participé au coup de main de la nuit arrivèrent à leur tour, remontant du château. Bientôt, la petite place fut remplie de gens à peine vêtus qui parlaient tous à la fois et brandissaient des armes variées sans trop savoir pourquoi.

Nicolas comprit qu'il lui fallait do

Escaladant la fontaine, il se tint debout sur la margelle de pierre et, les bras étendus, à la manière d'un chef d'orchestre, il tenta d'endiguer le vacarme. Ce n'était pas facile, car tout ce monde criait d'autant plus fort qu'il ne savait pas pourquoi. Mais la curiosité de Gauberte était de celles qui ne se pouvaient museler. Grimpant auprès de Nicolas, elle poussa quelques beuglements si vigoureux que le silence revint comme par enchantement, aucun poumon montsalvois ne pouvant rivaliser avec les siens. Elle laissa alors planer sur l'assemblée un regard satisfait.

— Vas-y, Nicolas ! Dis-nous ce qui se passe !

S'improvisant orateur, ce qui n'alla pas sans peine, le sergent rapporta les événements de la nuit sans rien omettre. Il dit les aveux arrachés à Gervais par la terreur, le piège tendu à Arnaud de Montsalvy, la faiblesse de Catherine et, enfin, comment, acculé dans ses derniers retranchements par l'impitoyable précision des questions de l'abbé, Gervais avait fini par désigner comme ses complices le menuisier, sa fille et la sorcière locale, la Ratape

Bien sûr, Fabre ignorait qu'Azalaïs fût la maîtresse du vaurien et c'était lui qui, sur le chemin de ronde, avait tenté d'assassiner la dame de Montsalvy sur l'ordre de son étrange fille : en échange de ce beau service, elle lui avait promis de se do

Quant à Azalaïs elle-même, c'était elle qui avait non seulement livré à Gervais l'une des chemises de Catherine, dont elle devait réparer la dentelle, mais qui, de plus, avait écrit la fameuse « lettre d'amour » en contrefaisant l'écriture de la châtelaine. Artiste véritable et douée d'une grande habileté, la dentellière savait non seulement écrire, mais dessiner et, de ce double talent, elle avait tiré aisément celui de la contrefaçon. Le tout avait été, comme les autres messages à Gervais, descendu par Fabre, au moyen d'une corde, de nuit et durant ses tours de garde à un point convenu du rempart...