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Catherine, elle-même, avait placé sa grande épée sous ses deux mains jointes et déposé à ses pieds, sur un coussin de velours, les gantelets et les éperons d'or.

Elle l'avait fait pieusement et avec une sorte de tendresse. Elle avait pleuré aussi sur ce vieux serviteur dont elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était mort pour elle. Mais sa colère et sa haine s'étaient accrues de ses larmes et de ses regrets. C'était avec une volonté plus farouche que jamais qu'elle avait do

— Il me faut des priso

Maintenant, elle attendait, luttant de son mieux pour dominer sa fièvre et sa faiblesse. Malgré les compresses de Sara, et le baume dont elle l'avait enduite, son épaule la brûlait et gênait les mouvements de son bras.

— Que c'est long ! Mon Dieu que c'est long ! mur- mura-t-elle entre ses dents. Pourvu que les choses n'aient pas mal tourné !

Le page, qui osait à peine respirer de crainte de troubler les pensées sombres de sa maîtresse, prit son courage à deux mains :

— Voulez-vous que j'aille voir, Dame Catherine ?

Je pourrais descendre à l'entrée du souterrain et écouter si je les entends venir ?

Elle s'efforça de lui sourire, sachant bien ce qu'avait pu coûter cette proposition à sa prudence naturelle.

— C'est inutile. Il fait trop noir dans ce trou et vous vous rompriez le cou sans profit pour perso

— Je pourrais prendre l'une des deux torches qui nous éclairent...

— Non, Bérenger, restez tranquille. Votre place est près de moi.

D'ailleurs, il me semble que j'entends des pas...

— En effet... mais ils vie

Un instant plus tard, en effet, l'abbé Bernard, flanqué des deux frères Cairou, apparaissait au bas de l'escalier du donjon. En apercevant Catherine repliée sur elle- même dans les fourrures d'où n'émergeait que son visage tiré, il hocha la tête avec une exclamation où entraient à la fois de la pitié et du mécontentement.

— Je pensais bien vous trouver ici. Vraiment, mon amie, vous n'êtes pas raiso

— Vous savez bien que si ! Mais ceci est une opération de justice et la justice est mie

— Elle est aussi le mien. Laissez-moi vous remplacer, Catherine.

La fièvre vous brûle et vous ne vous soutenez qu'à peine. Rentrez chez vous et laissez-moi faire : je vous promets que vous serez contente.

Mais, par pitié pour vous-même, écoutez-moi : vous avez une mine épouvantable.

La jeune femme était si lasse qu'elle allait peut-être se laisser convaincre, mais à cet instant précis un énorme vacarme éclata sous ses pieds, tandis que la tête casquée de Nicolas jaillissait du sol.

Nous avons réussi, Dame Catherine ! A

Aussitôt, Catherine fut debout. Elle était devenue encore plus pâle peut-être, mais une flamme nouvelle brillait dans ses yeux.

— Gervais ? souffla-t-elle. Vous l'avez pris ?

— On vous l'amène...

En effet, le trou central vomit, à la manière d'un volcan, une lave bouillo

Poussé par la poigne brutale du forgeron, un homme dont les mains étaient liées derrière son dos vint s'abattre aux pieds de la châtelaine.

Sous la trace de sang, issue d'une blessure à la tête, qui le maculait, son visage était couleur de cendres. Il ne restait rien de la vanité fanfaro

C'était normalement un garçon de belle taille. Ses cheveux étaient presque roux, sa peau blanche tavelée de son et ses yeux hésitaient entre le jaune foncé et le brun. Solidement bâti, il était fier de ses muscles dont il aimait à faire étalage aux yeux des filles dans les assemblées et les fêtes locales. Mais la terreur qui l'habitait le recroquevillait au point de le réduire de moitié. Et il restait là, le nez dans la poussière, semblable à quelque chapon troussé pour la broche sans oser seulement lever les yeux sur ces gens qui le cernaient, par crainte de ce qu'il pourrait lire dans leurs regards.

Quand on l'avait jeté sur le sol, la figure de Martin Cairou s'était illuminée d'une joie sauvage. Il avait fait un mouvement pour se jeter sur le priso

— Non, Martin ! Reste tranquille ! Ce n'est pas à toi que cet homme appartient : c'est à nous tous.

C'est à Bertille qu'il appartient. Vie pour vie, seigneur abbé !





Allons ! Ne me fais pas regretter de t'avoir laissé venir.

Ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée, fit Catherine songeuse.

Un instant, elle considéra attentivement l'homme qui haletait à ses pieds puis, se tournant vers Nicolas qui, rouge d'orgueil, attendait visiblement des compliments.

Vous n'avez fait qu'un priso

Vous voulez rire, Dame Catherine ? Ils étaient huit !

— Où sont les autres, alors ?

Morts ! Nous ne sommes pas assez bien pourvus en vivres pour nourrir des vautours captifs !

Je ne crois pas que celui-là aura le temps de nous coûter très cher, fit la jeune femme.

Ces mots, et surtout ce qu'ils sous-entendaient, redoublèrent la terreur de Gervais. Il se risqua à lever sur la châtelaine un regard vacillant.

— Grâce ! bredouilla-t-il. Ne me tuez pas !

Livide, la bouche molle, des rigoles de sueur coulant sur ses joues mal rasées, il bavait, déjà aux prises avec une répugnante agonie.

Catherine eut un frisson de dégoût.

Quelle raison puis-je avoir de t'épargner ? Je t'ai déjà fait grâce une fois et c'était une fois de trop puisque tu nous as ramené cette bande de loups affamés !

— Ce n'est pas moi !

Pas toi ? cria le père de Bertille. Laissez-le-moi, Dame Catherine. Je vous jure que dans quelques minutes il chantera une autre chanson !

Je veux dire, se hâta de corriger Gervais, que ce n'est pas moi qui ai do

Mais c'est bien toi qui leur as dit que messire Arnaud avait quitté le pays avec ses hommes, constata l'abbé Bernard. C'est donc la même chose ! Pire encore, peut-être, car, sans toi, les femmes, les enfants et les vieillards de notre cité ne seraient pas en péril.

Rampant du ventre et des genoux, Gervais se traîna vers lui :

— Votre Révérence !... Vous êtes un homme de Dieu... Un homme de miséricorde !... Ayez pitié de moi ! Je suis jeune ! Je ne veux pas mourir ! Dites-leur de me laisser vivre !

— Et le pauvre frère Amable ? gronda le talmelier, il n'était pas si vieux lui non plus. As-tu aussi prié tes amis d'Apchier de lui laisser la vie ?

— Je ne pouvais rien ! Que suis-je pour do

— Pour nous aussi ! grogna le forgeron. Mais tu devais leur être un manant bien utile et plutôt bien vu, car tu paradais avec assez d'arrogance, au soir de leur arrivée...

— Et le deuxième messager, le Jea