Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 81 из 97

Dites-leur que je n'ai pas démérité et que je leur demande de me garder leur confiance, leur amitié...

— Ils savent tout ça depuis longtemps, pauvrette ! Marchez, dame Catherine, si votre époux n'avait pris la précaution de se ramener avec une bande d'affreux, il aurait pas eu longtemps la loi à Montsalvy et il en aurait entendu des vertes et des pas mûres. Quant à sa gaupe, on lui aurait frotté les fesses avec de bo

— À bientôt, Gauberte. Mais, au fait, comment êtes-vous sortie et comment allez-vous rentrer ? Est-ce qu'on ne ferme plus la ville, la nuit ?

1 Petits fromages de chèvre. On en trouve encore à Montsalvy.

Sûr que si, mais le jour où un gars m'empêchera de sortir et de rentrer à ma convenance quand j'ai à faire avec vous, il pourrait bien regretter amèrement d'être venu au monde...

Ayant dit, elle disparut avec une prestesse et une légèreté dont on ne l'aurait jamais crue capable. Derrière elle Gauthier referma soigneusement la porte de la grange...

Roulée en boule dans le foin, Catherine s'apprêta à laisser le sommeil prendre enfin possession de son corps exténué. Les élancements si douloureux de son cœur, avant l'arrivée de Gauberte, s'étaient un peu calmés. Puisque ses enfants étaient hors de portée de l'homme qui la bafouait si cruellement et si publiquement, la blessure était moins cruelle. La colère la sauvait du chagrin et elle savait que demain, quand elle serait moins lasse, elle devrait lutter contre des envies de meurtre, contre la folle impulsion de rameuter les seigneurs d'alentour pour les jeter à l'assaut de son propre château... Mais, après tout, pourquoi donc lutter ? Ne serait-il pas temps, enfin, d'abando

Ce fut sur cette pensée réconfortante qu'elle s'endormit.

Quand l'aube d'un beau jour d'été habilla de mauve les lointains de la Châtaigneraie et fit surgir sur la première clarté du levant les murailles noires de Montsalvy, Catherine et ses compagnons avaient déjà quitté leur abri odorant et, après de rapides ablutions dans l'eau fraîche de l'étang, prenaient à travers champs pour rejoindre le chemin menant vers les profondeurs de la vallée du Lot, faille profonde au-dessus de laquelle se dressaient les tours antiques de Roquemaurel.

Tout en marchant, pas bien vite car le chemin étroit, encaissé et difficile, ne permettait guère les allures rapides, on fit ho

Jamais, la campagne n'était apparue aussi belle, aussi amicale à Catherine. L'été adoucissait les pentes rudes d'une chatoyante végétation. Les croupes rondes étaient roses de bruyère, éclataient dans la gloire dorée de leurs genêts cependant que des foiso

Il n'y avait que peu de cultures. La terre légère et peu profonde sur son ossature de rochers ne produisait guère que du seigle et de l'avoine mais, dans les multiples petits ruisseaux qui bondissaient de rocher en rocher, les truites scintillaient et, à la bo

— Je serais bien éto

Pourquoi pas, en effet ! Les trois Roquemaurel : la mère, Mathilde et les deux garçons, Renaud et Amaury, étaient peut-être les seuls de la région dont les caractères fussent encore plus difficiles que celui de Montsalvy. Ni sa puissance ni ses talents d'homme de guerre ne les impressio

On passa donc sans s'arrêter près du bourg de Junhac, au-dessus des quatre tours de Sénézergues érigées au bord d'un gouffre de verdure, on aperçut de loin la masse redoutable de la puissante citadelle de Calvinet puis, par Cassaniouze, on dévala un petit sentier aux pierres instables qui semblait se perdre dans les profondeurs des gorges du Lot mais qui, en fait, n'allait pas plus loin que Roquemaurel. Après lui la montagne se faisait falaise et un précipice terminait la route...

Le vieux château fort dont les murs roussâtres avaient vu le départ des premiers croisés pour la Terre Sainte surgit devant eux dans la chaleur de midi avec ses tours hargneuses et son gros donjon, un peu écorné par le temps peut-être mais qui assis sur son éperon au bord du vertige gardait fière allure sous sa ba



Son sourire, ce jour-là, c'était son pont-levis baissé, les deux soldats qui, tête nue et le pourpoint de cuir grand ouvert, jouaient aux dés sous l'ombre fraîche de la voûte et, dans la prairie en contrebas, une petite troupe de lavandières, cotillons retroussés, occupées à émailler l'herbe d'une grande lessive toute neuve. Debout au bord du sentier, une corbeille vide sur la tête et un poing à la hanche, une grande femme brune en camisole blanche et jupon de toile bleue leur inspirait l'ardeur au travail en les houspillant sévèrement :

— Trois heures pour étendre deux draps et une douzaine de torchons !... Si ce n'est pas malheureux ! Regardez-moi ces empotées !

Allons, la Nicole, un peu de nerf !... On nous attend là-haut.

Entendant rouler les pierres du chemin sous les pas des chevaux elle se tourna du côté où venait le bruit, abritant ses yeux de sa main sous le bavolet de sa coiffe de lin blanc.

— Qui nous arrive là ?...

Mais déjà elle le savait. Un cri jaillit de sa gorge, en contrepoint du

« Sara !... » qu'avait lancé celle de Catherine ivre de joie. La jeune femme sautait déjà à bas de son cheval et, trébuchant dans les ornières tant elle mettait de hâte, courut se jeter dans les bras de celle qu'elle avait toujours considérée comme sa seconde mère.

Figés auprès des chevaux, Gauthier et Bérenger regardèrent un long moment les deux femmes s'étreindre et s'embrasser, liées l'une à l'autre par leur profonde tendresse et qui semblaient ne plus jamais devoir se séparer.

Se souvenant alors de ses devoirs d'hôte, le page enveloppa le vieux bourg et le vaste paysage d'un geste plein d'orgueil.

Comment trouves-tu Roquemaurel ? Ce n'est pas si mal, n'est-ce pas

?...

Maman est revenue ! Maman est revenue !...

Assis dans le lit qu'il partageait avec sa petite sœur, Michel se balançait en chanto