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!

Un peu de rose monta aux joues transparentes de la jeune femme.

— Pensiez-vous donc faire cela ce soir même ?

Non. Dans quelques jours seulement afin que l'on n'associe pas votre fuite à cette curieuse confession. Mais je ne vois pas comment vous pourriez être en meilleur état rapidement. Et il faut tout de même faire assez vite. Monseigneur le Duc à Lille rassemble ses troupes picardes et bourguigno

Cette fois, Catherine sourit...

— Ne vous tourmentez pas ! J'en serai capable, je vous le promets... Accordez-moi dix jours si ce n'est pas trop demander.

— Bien sûr que non ; pour vous aider je suis capable d'exploits autrement pénibles que de croupir sous un froc dégoûtant au fond d'un couvent... à tout prendre assez confortable... mais j'ai bien peur que vous ne présumiez de vos forces. Vous semblez même incapable de vous tenir debout !

Pour toute réponse, Catherine saisit à deux mains les bras d'argent de son fauteuil et, au prix d'un effort qui fit saillir les veines de ses tempes, se leva.

— J'y arriverai, vous dis-je ! Il suffit que je m'alimente un peu mieux. Et puis, vous m'apportez l'espoir. Je ne co

— Bien. En ce cas, je vous quitte. Il vaut mieux ne pas trop prolonger cet entretien pour ne pas éveiller les soupçons. Nous sommes aujourd'hui le 9 avril. Dans la nuit du 18, vous quitterez cette maison... Peut-on faire confiance à votre écuyer ?

— On peut. J'en réponds. Appelez-le et demandez-lui tout ce que vous voudrez.

Gauthier reparut, laissant de garde dans la salle un Bérenger ravagé de curiosité. En quelques phrases Saint-Rémy lui expliqua ce qu'il attendait de lui : il s'agissait de préparer le passage de Catherine par le toit sans éveiller les soupçons des domestiques. Mais, comme au mot de « toit » il tournait vers Catherine un regard épouvanté, celle-ci hocha la tête.

— Il faudra que j'en sois capable, Gauthier. Quand le... révérend frère nous aura quittés, vous irez demander mon déjeuner.

Jean de Saint-Rémy devait chercher longtemps à comprendre pourquoi ce jeune écuyer qui l'avait reçu si cavalièrement à son arrivée lui avait, à son départ, serré les mains avec effusion et avec des larmes dans les yeux.

Le faux moine reparti, les trois captifs du petit palais sur le canal s'aperçurent qu'il avait emporté avec lui le plus pesant de leur angoisse et, quand Gertrude Van de Walle vint faire à Catherine la visite que son époux avait a

— Vous ne pouvez rester ainsi enfermée jusqu'à votre terme, dit-elle, sinon l'accouchement risque d'être dramatique pour l'enfant, pour vous, ou pour tous les deux. Mon époux ni moi-même ne pouvons accepter de payer nos privilèges d'un sang i

— Mon sang sera-t-il moins i



— Le pauvre homme est priso

Ayez confiance. Je veillerai à ce que l'on vous traite mieux à l'avenir...

L'avenir ? La veille encore, Catherine pensait que ce mot-là n'avait plus aucune signification pour elle. Bien plus : fermement décidée à se laisser mourir, elle ne voyait plus devant elle qu'une succession imprécise de quelques jours et de quelques nuits de plus en plus indistincts jusqu'à ce qu'enfin les ténèbres l'emportent définitivement sur la lumière.

Une fois de plus, elle remontait du fond du gouffre, une fois de plus grâce à l'éto

Cette nuit-là, avant de laisser le sommeil le premier bon sommeil depuis des semaines - l'emporter, Catherine se surprit à tirer sur l'avenir de nouveaux plans. Elle ne voulait pas que fût dépensée en pure perte cette miséricorde divine qui se do

Les jours qui suivirent parurent interminables et chargés d'inquiétude.

En dépit de la volonté que déployait Catherine à reprendre assez de forces pour affronter l'épreuve de son évasion nocturne, elle n'y parvenait qu'au prix de grandes difficultés et encore sans réussir complètement. Elle s'obligeait à manger mais il lui fallait vaincre des dégoûts et ce qu'elle réussissait à avaler lui profitait mal. Pourtant elle avait tout de même retrouvé de l'énergie, assez pour se déplacer dans la maison et pour descendre faire quelques pas au jardin. Gertrude Van de Walle avait obtenu pour elle cette menue faveur.

Ce n'était pas une promenade bien agréable car l'inondation, en se retirant, avait laissé une boue épaisse qui ne semblait pas destinée à sécher un jour. En outre, il y avait toujours trois ou quatre paires d'yeux braqués sur la jeune femme lorsqu'elle allait regarder l'eau couler sous les branches reverdies du saule.

On n'avait plus eu aucune nouvelle de Saint-Rémy mais c'était sans grande importance car « frère Jean » ne devait pas revenir. Il avait été convenu que, le jour où tout serait prêt, un bateau, dans lequel un pêcheur distrait oublierait une foëne et un filet, serait attaché de l'autre côté du canal. Cela voudrait dire que, vers onze heures, ledit bateau se placerait sous la maison voisine de celle de Catherine, la maison que les fugitifs devraient gagner par le toit.

Cette maison appartenait à la mère d'un des échevins, vieille femme avare et acariâtre qui ne supportait qu'un minimum de domestiques et vivait presque seule dans une grande bâtisse que l'idée de surveiller ne serait venue à perso

Sa maison formait l'angle de deux canaux. Il suffirait donc d'en tourner l'angle, de passer sur l'autre face pour se trouver hors de vue du petit poste de garde qu'en surcroît de précautions, les geôliers de Catherine avaient installé, avec une tente, de l'autre côté du canal, sous les arbres du petit quai. Les trois fugitifs devraient donc se tenir sur le chéneau, heureusement assez large et qui sur la face plate de la maison voisine se continuait pas une corniche. Evidemment, il y aurait un passage difficile lorsqu'il s'agirait de franchir l'angle du toit.

Une fois à l'abri des regards on ferait descendre dans la barque une ficelle assez forte à l'extrémité de laquelle on aurait noué un mouchoir blanc afin que Saint-Rémy pût l'apercevoir.

A cette ficelle, il attacherait une échelle de corde qu'il serait facile de fixer à une étroite fenêtre abritée sous l'angle du toit, après quoi Catherine, aidée par ses jeunes compagnons, n'aurait plus qu'à descendre dans le bateau et à rejoindre sans autre difficulté du moins il fallait l'espérer l'abri du couvent des Augustins où on la cacherait.