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Les petits vieux étaient si travailleurs, si assidus, qu'ils ne passaient pas une seule petite heure à somnoler. Le dimanche après-midi, ils sortaient un livre, un récit de voyage de préférence, et le veilleur de nuit lisait à haute voix les pages sur les forêts vierges et les éléphants sauvages qui courent à travers l'Afrique, et la vieille femme écoutait avec beaucoup d'attention, jetant des coups d'oeil sur leurs éléphants en terre qui servaient de pots de fleurs.
– C'est presque comme si j'y étais, disait-elle.
Et le réverbère souhaitait ardemment qu'il y eût une bougie de cire à portée de main et que quelqu'un songe à l'allumer et à la placer en lui, afin que la vieille femme puisse voir exactement tout comme le réverbère le voyait, les grands arbres aux branches enlacées les unes aux autres, les hommes à cheval, noirs et nus, et des troupeaux entiers d'éléphants écrasant les joncs et les broussailles.
– À quoi bon tous mes talents sans la moindre petite bougie de cire, soupirait le réverbère. Ils n'ont ici que de l'huile et une chandelle, cela ne suffit pas!
Un jour pourtant, un petit tas de restes de bougies apparut dans le petit appartement du sous-sol. Les plus grands bouts servaient à éclairer, les petits étaient utilisés par la vieille femme pour cirer son fil à coudre. La bougie de cire existait donc bel et bien, mais perso
– Et voilà! Je suis ici avec mes talents rares, se lamenta doucement le réverbère, j'ai tant de choses en moi et je ne peux pas les partager avec eux. Je peux transformer leurs murs blancs en superbes tentures, en forêts profondes, en tout ce qu'ils pourraient souhaiter… Et ils l'ignorent!
Le réverbère, propre et bien astiqué, était dans un coin où il se faisait toujours remarquer. Les gens disaient, il est vrai, que ce n'était qu'une vieillerie à mettre au rancart, mais les vieux aimaient leur réverbère et laissaient les gens parler.
Un jour, le jour d'a
– Aujourd'hui je l'allumerai.
Le réverbère grinça de son couvercle car il se dit: Enfin, la lumière leur vient!
Mais la veille femme ne lui do
– Que j'ai de talents! s'éto
Et depuis ce temps, il était plus serein. Le vieux réverbère l'avait bien mérité.
Le vilain petit canard
Comme il faisait bon dans la campagne! C'était l'été. Les blés étaient dorés, l'avoine verte, les foins coupés embaumaient, ramassés en tas dans les prairies, et une cigogne marchait sur ses jambes rouges, si fines et si longues et claquait du bec en égyptien (sa mère lui avait appris cette langue-là).
Au-delà, des champs et des prairies s'étendaient, puis la forêt aux grands arbres, aux lacs profonds.
En plein soleil, un vieux château s'élevait entouré de fossés, et au pied des murs poussaient des bardanes aux larges feuilles, si hautes que les petits enfants pouvaient se tenir tout debout sous elles. L'endroit était aussi sauvage qu'une épaisse forêt, et c'est là qu'une cane s'était installée pour couver. Elle commençait à s'e
Enfin, un oeuf après l'autre craqua. Pip, pip, tous les jaunes d'oeufs étaient vivants et sortaient la tête.
– Coin, coin, dit la cane, et les petits se dégageaient de la coquille et regardaient de tous côtés sous les feuilles vertes. La mère les laissait ouvrir leurs yeux très grands, car le vert est bon pour les yeux.
– Comme le monde est grand, disaient les petits.
Ils avaient bien sûr beaucoup plus de place que dans l'oeuf.
– Croyez-vous que c'est là tout le grand monde? dit leur mère, il s'étend bien loin, de l'autre côté du jardin, jusqu'au champ du pasteur-mais je n'y suis jamais allée.
«Êtes-vous bien là, tous?» Elle se dressa.» Non, le plus grand oeuf est encore tout entier. Combien de temps va-t-il encore falloir couver? J'en ai par-dessus la tête.»
Et elle se recoucha dessus.
– Eh bien! comment ça va? demanda une vieille cane qui venait enfin rendre visite.
– Ça dure et ça dure, avec ce dernier oeuf qui ne veut pas se briser. Mais regardez les autres, je n'ai jamais vu des canetons plus ravissants. Ils ressemblent tous à leur père, ce coquin, qui ne vient même pas me voir.
– Montre-moi cet oeuf qui ne veut pas craquer, dit la vieille. C'est, sans doute, un oeuf de dinde, j'y ai été prise moi aussi une fois, et j'ai eu bien du mal avec celui-là. Il avait peur de l'eau et je ne pouvais pas obtenir qu'il y aille. J'avais beau courir et crier. Fais-moi voir. Oui, c'est un oeuf de dinde, sûrement. Laisse-le et apprends aux autres enfants à nager.
– Je veux tout de même le couver encore un peu, dit la mère. Maintenant que j'y suis depuis longtemps.
– Fais comme tu veux, dit la vieille, et elle s'en alla.
Enfin, l'oeuf se brisa.
– Pip, pip, dit le petit en roulant dehors.
Il était si grand et si laid que la cane éto
– En voilà un énorme caneton, dit-elle, aucun des autres ne lui ressemble. Et si c'était un dindo
Le lendemain, il faisait un temps splendide. La cane avec toute la famille S'approcha du fossé. Plouf! elle sauta dans l'eau. Coin! coin! commanda-t-elle, et les canetons plongèrent l'un après l'autre, même l'affreux gros gris.
– Non, ce n'est pas un dindo
Ils arrivèrent à l'étang des canards où régnait un effroyable vacarme. Deux familles se disputaient une tête d'anguille. Ce fut le chat qui l'attrapa.
– Ainsi va le monde! dit la cane en se pourléchant le bec.
Elle aussi aurait volontiers mangé la tête d'anguille.
– Jouez des pattes et tâchez de vous dépêcher et courbez le cou devant la vieille cane, là-bas, elle est la plus importante de nous tous. Elle est de sang espagnol, c'est pourquoi elle est si grosse. Vous voyez qu'elle a un chiffon rouge à la patte, c'est la plus haute distinction pour un canard. Cela signifie qu'on ne veut pas la manger et que chacun doit y prendre garde. Ne mettez pas les pattes en dedans, un caneton bien élevé nage les pattes en dehors comme père et mère. Maintenant, courbez le cou et faites coin!