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Hélas! quand j’eus l’âge convenable pour goûter au miel Pégaséen, alors que mes joues fraîches ne se voyaient pas encore fleuries d’un seul poil,

Mon père me chassa avec les épieux et les lances, et non pas seulement avec les éperons, à compulser textes et gloses, et m’occupa cinq ans à ces sottises [11].

Après cinq ans d’essais infructueux et de luttes incessantes, son père finit par s’apercevoir qu’il perdait son temps à vouloir faire de son fils un homme de loi. Il lui rendit sa liberté. Arioste avait déjà dépassé l’âge de vingt ans. Il lui fallut réparer le temps perdu. Sa bo

Entre temps, il s’était fait co

C’est au milieu de ces allées et venues qu’Arioste composa son poème de Roland, qu’il dédia au cardinal Hippolyte, lequel ne paraît guère en avoir compris la valeur. Un jour, après avoir entendu la lecture de plusieurs chants que le poète venait de terminer, il lui dit en riant: «Hé! maître Ludovic, où diable avez-vous pris toutes ces… sottises?» Le mot, en italien, est autrement expressif, mais il ne saurait être traduit en français [12]. Je dois ajouter que si le cardinal faisait assez peu de cas du talent de poète d’Arioste, il le payait fort mal.

Mais il fallait vivre; il fallait surtout pourvoir aux besoins de la nombreuse couvée dont il était l’unique soutien. Arioste resta dix-sept ans auprès d’Hippolyte. À la mort du cardinal, il passa au service du duc Alphonse qui le traita avec plus de considération, sinon avec plus de largesse. Mais le désir de ne pas s’éloigner de Ferrare lui fit accepter cette nouvelle servitude:

Ce n’est pas que le service du duc soit bon de tous points; ce qui me plaît surtout en lui, c’est que je m’éloigne rarement du nid natal, ce qui jette peu de trouble dans mes travaux [13].

Arioste s’était bâti à Ferrare une maison entourée d’un jardin. C’est là qu’il écrivit la plupart de ses ouvrages, et qu’il mit la dernière main à son poème de Roland. À son vif regret, à la mort de Léon X, il dut quitter sa chère retraite pour aller prendre le gouvernement de la province de Garfagnana, en plein Ape

Il resta trois ans à Castelnuovo. Rentré à la fin de sa mission à Ferrare, il ne s’y occupa plus que de ses travaux littéraires, retouchant sans cesse son poème de Roland. Il venait d’en do

Outre Roland furieux, Arioste a écrit cinq comédies et des satires au nombre de sept. Voici comment s’exprime, au sujet de ces dernières, un des maîtres de la critique italie

Des cinq comédies, la plus célèbre, la meilleure aussi, est celle qui a pour titre: I Suppositi. Puis vie

Jeune encore de gloire et d’immortalité.

Roland furieux fut publié pour la première fois à Ferrare, en 1515 ou 1516. Depuis cette époque, il en a été fait de nombreuses traductions françaises en prose et en vers. Voltaire disait à ce propos: «Je n’ai jamais pu lire un seul chant de ce poème dans nos traductions [15] Si Voltaire vivait encore, il tiendrait certainement le même langage. Les traductions de Roland faites après lui ne valent guère mieux que celles qui existaient de son temps. Si les dernières ont été parfois un peu plus scrupuleuses sous le rapport de l’exactitude, elles sont toutes d’un terre à terre désespérant. Aucune n’a cherché à rendre le coloris étincelant, la naïveté savante, l’enjouement, le brio qu’Arioste a répandus à pleines mains sur son œuvre. À les lire, on ressent la même impression que ferait éprouver la vue d’un papillon dont les ailes, prises entre les doigts d’un rustre, y auraient laissé leurs couleurs.

Cependant, je ne crois pas qu’il soit impossible de do