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À peine Rodomont s’est-il élancé à l’assaut, qu’il parvient sur une de ces plates-formes qui, en dedans des murailles, forment une espèce de pont vaste et large, où se tie
… Pendant que la foule des barbares descend, ou plutôt se précipite dans le fossé hérissé de périls, et de là, par toutes sortes de moyens, s’efforce de monter sur la seconde enceinte, le roi de Sarse, comme s’il avait eu des ailes à chacun de ses membres, malgré le poids de son corps gigantesque et son armure si lourde, bondit de l’autre côté du fossé.
Ce fossé n’avait pas moins de trente pieds de large. Il le franchit avec la légèreté d’un lévrier, et ne fait, en retombant, pas plus de bruit que s’il avait eu du feutre sous les pieds. Il frappe sur les uns et sur les autres, et, sous ses coups, les armures semblent non pas de fer, mais de peau ou d’écorce, tant est bo
Si maintenant on veut avoir la mesure complète de la souplesse du talent d’Arioste, qu’on mette en regard de ce portrait du guerrier sarrasin le passage où Angélique est exposée nue, sur une plage lointaine, aux entreprises d’un vieil ermite magicien. Je me hâte de le dire, il serait difficile d’imaginer une situation plus risquée, d’entrer dans des détails plus précis et plus scabreux; mais il serait impossible aussi de s’en tirer avec plus de finesse, de malicieuse habileté, de rouerie naïve. Qu’on en juge:
Il (l’ermite) avait à son côté une poche; il l’ouvre et il en tire une fiole pleine de liqueur. Sur ces yeux puissants où Amour a allumé sa plus cuisante flamme, il en jette légèrement une goutte qui suffit à endormir Angélique. La voilà gisant, renversée sur le sable, livrée à tous les désirs du lubrique vieillard.
Il l’embrasse et la palpe à plaisir, et elle dort et ne peut faire résistance. Il lui baise tantôt le sein, tantôt la bouche; perso
Il tente toutes les voies, tous les moyens, mais son roussin paresseux se refuse à sauter; en vain il lui secoue le frein, en vain il le tourmente, il ne peut lui faire tenir la tête haute. Enfin, il s’endort auprès de la dame qu’un nouveau danger menace encore [8].
Quelle richesse de palette, quelle variété de tons, quelle finesse, quelle grâce, quelle force, quelle puissance de peinture! Comme c’est bien la maîtresse qualité qu’Horace réclame chez un poète: ut pictura poesis.
On a voulu voir dans Roland furieux une critique de la chevalerie. Ces grands coups d’épée qui fendent du haut en bas chevaux et cavaliers bardés de fer; ces lances magiques au bout desquelles Roland emporte à bras tendu et au galop de son coursier jusqu’à dix Sarrasins, enfilés les uns après les autres comme une brochette de mauviettes ou de grenouilles; ces castels enchantés qui apparaissent et s’évanouissent à la cime des monts chenus sur un signe, sur une parole du premier magicien qui passe; ces guerriers qui, après avoir terrassé en champ clos leurs plus robustes adversaires, se reposent en triomphant la nuit suivante de dix pucelles; tous ces moyens, tous ces exploits hors nature ont été pris pour une parodie volontaire des mœurs chevaleresques déjà fort en désuétude au temps d’Arioste. On a comparé Roland à Don Quichotte, et Arioste à Cervantès. C’est, je crois, une erreur. Au commencement du XVIe siècle, la mode était toujours aux romans de chevalerie. Le Morgante maggiore de Pulci, et le Roland amoureux de Boïardo, publiés dans les dernières a
Esprit léger et sérieux tout à la fois, ambitieux et désintéressé, prodigue par tempérament et économe par nécessité, Ludovic Arioste est une figure à part au milieu de ces gentilshommes courtisans qui do
De cinq que nous sommes, Charles est dans le royaume d’où les Turcs ont chassé mon Cléandre, et il a le dessein d’y rester quelque temps.
Galas sollicite, dans la cité d’Évandre, la permission de porter la chemise sur la simarre; et toi, tu es allé vers le Seigneur, ô Alexandre.
Voici Gabriel; mais que veux-tu qu’il fasse, étant, depuis l’enfance, resté, par malechance, estropié des jambes et des bras?
Il ne fut jamais en place ni en cour.
Le patrimoine était mince pour élever toute cette nombreuse famille. Les ancêtres d’Arioste ne s’étaient point enrichis dans le négoce ou par les trafics:
Jamais Mercure n’a été trop ami des miens [10].
Aussi lui advint-il, comme jadis à Ovide, et à tant d’autres depuis, d’avoir à lutter contre la volonté paternelle pour se livrer à l’étude des belles-lettres où le poussaient ses goûts et comme la prescience de son génie. C’est ce dont il se plaint en ces termes à son ami Bembo: