Страница 2 из 38
– Voyez un peu, bo
– Mais il se bat fort bien, disait Boulba s'arrêtant. Oui, par Dieu! très bien, ajouta-t-il en rajustant ses habits; si bien que j'eusse mieux fait de ne pas l'essayer. Ça fera un bon Cosaque. Bonjour, fils; embrassons-nous.
Et le père et le fils s'embrassèrent.
– Bien, fils. Rosse tout le monde comme tu m'as rossé; ne fais quartier à perso
– Voyez un peu ce qu'il invente, disait la mère en embrassant le plus jeune de ses fils. On a donc de ces inventions-là, qu'un enfant rosse son propre père! Et c'est bien le moment d'y songer! Un pauvre enfant qui a fait une si longue route, qui s'est si fatigué (le pauvre enfant avait plus de vingt ans et une taille de six pieds), il aurait besoin de se reposer et de manger un morceau; et lui, voilà qu'il le force à se battre.
– Eh! eh! mais tu es un freluquet à ce qu'il me semble, disait Boulba. Fils, n'écoute pas ta mère; c'est une femme, elle ne sait rien. Qu'avez-vous besoin, vous autres, d'être dorlotés? Vos dorloteries, à vous, c'est une belle plaine, c'est un bon cheval; voilà vos dorloteries. Et voyez-vous ce sabre? voilà votre mère. Tout le fatras qu'on vous met en tête, ce sont des bêtises. Et les académies, et tous vos livres, et les ABC, et les philosophies, et tout cela, je crache dessus.
Ici Boulba ajouta un mot qui ne peut passer à l'imprimerie.
– Ce qui vaut mieux, reprit-il, c'est que, la semaine prochaine, je vous enverrai au zaporojié. C'est là que se trouve la science; c'est là qu'est votre école, et que vous attraperez de l'esprit.
– Quoi! ils ne resteront qu'une semaine ici? disait d'une voix plaintive et les larmes aux yeux la vieille bo
– Cesse de hurler, vieille; un Cosaque n'est pas fait pour s'avachir avec les femmes. N'est-ce pas? tu les aurais cachés tous les deux sous ta jupe, pour les couver comme une poule ses œufs. Allons, marche. Mets-nous vite sur la table tout ce que tu as à manger. Il ne nous faut pas de gâteaux au miel, ni toutes sortes de petites fricassées. Do
Boulba conduisit ses fils dans sa chambre, d'où sortirent à leur rencontre deux belles servantes, toutes chargées de monistes [2]. Était-ce parce qu'elles s'effrayaient de l'arrivée de leurs jeunes seigneurs, qui ne faisaient grâce à perso
À l'occasion du retour de ses fils, Boulba fit rassembler tous les centeniers de son polk [6] qui n'étaient pas absents; et quand deux d'entre eux se furent rendus à son invitation, avec le ïésaoul [7] Dmitri Tovkatch, son vieux camarade, il leur présenta ses fils en disant:
– Voyez un peu quels gaillards! je les enverrai bientôt à la setch.
Les visiteurs félicitèrent et Boulba et les deux jeunes gens, en leur assurant qu'ils feraient fort bien, et qu’il n'y avait pas de meilleure école pour la jeunesse que le zaporojié.
– Allons, seigneurs et frères, dit Tarass, asseyez-vous chacun où il lui plaira. Et vous, mes fils, avant tout, buvons un verre d'eau-de-vie. Que Dieu nous bénisse! À votre santé, mes fils! À la tie