Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 3 из 75

– Monseigneur, voyez l'armée du prince d'Orange, elle était vôtre, n'est-ce pas? Eh bien! au lieu de camper avec vous devant Anvers, elle est dans Anvers, ce qui est bien différent; voyez le Taciturne, comme vous l'appelez vous-même: il était votre ami et votre conseiller; non seulement vous ne savez pas ce qu'est devenu le conseiller, mais encore vous croyez être sûr que l'ami s'est changé en e

– Eh bien! répondit le duc d'Anjou, on battra du même coup Anvers et Orange, Flamands et Hollandais.

– Non, monseigneur, parce que nous avons juste assez de monde pour do

– Ainsi, vous persistez dans votre opinion?

– Dans laquelle?

– Que nous serons battus.

– Immanquablement.

– Eh bien! c'est facile à éviter, pour votre part, du moins, monsieur de Joyeuse, continua aigrement le prince; mon frère vous a envoyé vers moi pour me soutenir; votre responsabilité est à couvert, si je vous do

– Votre Altesse peut me do

Un long murmure d'approbation accueillit les paroles de Joyeuse; le prince comprit qu'il avait été trop loin.

– Mon cher amiral, dit-il en se levant et en embrassant le jeune homme, vous ne voulez pas m'entendre. Il me semble pourtant que j'ai raison, ou plutôt que, dans la position où je suis, je ne puis avouer tout haut que j'ai eu tort; vous me reprochez mes fautes, je les co

– Du moment où Votre Altesse parle ainsi, dit Joyeuse, je me garderai d'ajouter un mot; je suis ici pour vous obéir, monseigneur, et d'aussi grand cœur, croyez-le bien, si vous me conduisez à la mort, que si vous me menez à la victoire; cependant… mais non, monseigneur.

– Quoi?

– Non, je veux et dois me taire.

– Non, par Dieu! dites, amiral; dites, je le veux.

– Alors en particulier, monseigneur.

– En particulier?

– Oui, s'il plaît à Votre Altesse.

Tous se levèrent et reculèrent jusqu'aux extrémités de la spacieuse tente de François.

– Parlez, dit celui-ci.





– Monseigneur peut prendre indifféremment un revers que lui infligerait l'Espagne, un échec qui rendrait triomphants ces buveurs de bière flamands, ou ce prince d'Orange à double face; mais s'accommoderait-il aussi volontiers de faire rire à ses dépens M. le duc de Guise?

François fronça le sourcil.

– M. de Guise? dit-il; eh! qu'a-t-il à faire dans tout ceci?

– M. de Guise, continua Joyeuse, a tenté, dit-on, de faire assassiner monseigneur; si Salcède ne l'a pas avoué sur l'échafaud, il l'a avoué à la gêne. Or, c'est une grande joie à offrir au Lorrain, qui joue un grand rôle dans tout ceci, ou je m'y trompe fort, que de nous faire battre sous Anvers, et de lui procurer, qui sait? sans bourse délier, cette mort d'un fils de France, qu'il avait promis de payer si cher à Salcède. Lisez l'histoire de Flandre, monseigneur, et vous y verrez que les Flamands ont pour habitude d'engraisser leurs terres avec le sang des princes les plus illustres et des meilleurs chevaliers français.

Le duc secoua la tête.

– Eh bien! soit, Joyeuse, dit-il, je do

– Et Cateau-Cambrésis que vous oubliez, monseigneur; il est vrai que vous êtes le seul.

– Comparez donc cette escarmouche à Jarnac et à Moncontour, Joyeuse, et faites le compte de ce que je redois à mon bien-aimé frère Henri. Non, non, ajouta-t-il, je ne suis pas un roitelet de Navarre; je suis un prince français, moi.

Puis se retournant vers les seigneurs, qui, aux paroles de Joyeuse, s'étaient éloignés:

– Messieurs, ajouta-t-il, l'assaut tient toujours; la pluie a cessé, les terrains sont bons, nous attaquerons cette nuit.

Joyeuse s'inclina.

– Monseigneur voudra bien détailler ses ordres, dit-il, nous les attendons.

– Vous avez huit vaisseaux, sans compter la galère amirale, n'est-ce pas, monsieur de Joyeuse?

– Oui, monseigneur.

– Vous forcerez la ligne, et ce sera chose facile, les Anversois n'ayant dans le port que des vaisseaux marchands; alors vous viendrez vous embosser en face du quai. Là, si le quai est défendu, vous foudroierez la ville en tentant un débarquement avec vos quinze cents hommes.

Du reste de l'armée je ferai deux colo

La cavalerie demeurera en réserve, en cas d'échec, pour protéger la retraite de la colo

De ces trois attaques, l'une réussira certainement. Le premier corps, établi sur le rempart, tirera une fusée pour rallier à lui les autres corps.

– Mais il faut tout prévoir, monseigneur, dit Joyeuse. Supposons ce que vous ne croyez pas supposable, c'est-à-dire que les trois colo

– Alors nous gagnons les vaisseaux sous la protection du feu de nos batteries, et nous nous répandons dans les polders, où les Anversois ne se hasarderont point à nous venir chercher.