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Les amis d'A

«Mon premier amant s'appelait Cyril. J'avais près de dix-huit ans, il faisait chaud sur la mer...»

Je me plus à imaginer le visage de cet homme. Il aurait les mêmes petites rides que mon père. On frappa à la porte. J'enfilai précipitamment ma veste de pyjama et criai: «Entrez!» C'était A

«J'ai pensé que vous auriez besoin d'un peu de café... Vous ne vous sentez pas trop mal?

– Très bien, dis-je. J'étais un peu partie, hier soir, je crois.

– Comme chaque fois qu'on vous sort...» Elle se mit à rire. «Mais je dois dire que vous m'avez distraite... Cette soirée était longue.»

Je ne faisais plus attention au soleil, ni même au goût du café. Quand je parlais avec A

«Cécile, vous amusez-vous avec ce genre de gens, les Webb ou les Dupuis?

– Je trouve leurs façons assommantes pour la plupart, mais eux sont drôles.»

Elle regardait aussi la démarche de la mouche sur le sol. Je pensai que la mouche devait être infirme. A

«Vous ne saisissez jamais à quel point leur conversation est monotone et... comment dirais-je?... lourde. Ces histoires de contrats, de filles, de soirées, ça ne vous e

– Vous savez, dis-je, j'ai passé dix ans dans un couvent et comme ces gens n'ont pas de mœurs, cela me fascine encore.»

Je n'osais ajouter que ça me plaisait.

« Depuis deux ans, dit-elle... Ce n'est pas une question de raiso

Je ne devais pas l'avoir. Je sentais clairement que quelque chose me manquait à ce sujet-là.

«A

Elle se mit à rire, éto

«Mais bien sûr, voyons! Pourquoi me demandez-vous cela?

– Si j'étais idiote, vous me répondriez de la même façon, soupirai-je. Vous me do

– C'est une question d'âge, dit-elle. Il serait très e

Elle éclata de rire. Je me sentis vexée: «Ce ne serait pas forcément un mal.

– Ce serait une catastrophe», dit-elle. Elle quitta brusquement ce ton léger pour me regarder bien en face dans les yeux. Je bougeai un peu, mal à l'aise. Même aujourd'hui, je ne puis m'habituer à cette manie qu'ont les gens de vous regarder fixement quand ils vous parlent ou de venir tout près de vous pour être bien sûrs que vous les écoutiez. Faux calcul d'ailleurs, car dans ces cas-là, je né pense plus qu'à m'échapper, à reculer, je dis «oui, oui», je multiplie les manœuvres pour changer de pied et fuir à l'autre bout de la pièce; une rage me prend devant leur insistance, leur indiscrétion, ces prétentions à l'exclusivité. A

«Savez-vous comment finissent les hommes de la race des Webb?»

Je pensai intérieurement «et de mon père».



«Dans le ruisseau, dis-je gaiement.

– Il arrive un âge où ils ne sont plus séduisants, ni «en forme», comme on dit. Ils ne peuvent plus boire et ils pensent encore aux femmes; seulement ils sont obligés de les payer, d'accepter des quantités de petites compromissions pour échapper à leur solitude. Ils sont bernés, malheureux. C'est ce moment qu'ils choisissent pour devenir sentimentaux et exigeants... J'en ai vu beaucoup devenir ainsi des sortes d'épaves.

– Pauvre Webb!» dis-je.

J'étais désemparée. Telle était la fin qui menaçait mon père, c'était vrai! Du moins, la fin qui l'eût menacé si A

«Vous n'y pensiez pas, dit A

– Je vous en prie, dis-je, ne me jetez pas ainsi ma jeunesse à la tête. Je m'en sers aussi peu que possible; je ne crois pas qu'elle me do

– A quoi attachez-vous de l'importance? A votre tranquillité, à votre indépendance?»

Je craignais ces conversations, surtout avec A

«A rien, dis-je. Je ne pense guère, vous savez.

– Vous m'agacez un peu, votre père et vous. «Vous ne pensez jamais à rien... vous n'êtes pas bons à grand-chose... vous ne savez pas..» Vous vous plaisez ainsi?

– Je ne me plais pas. Je ne m'aime pas, je ne cherche pas à m'aimer. Il y a des moments où vous me forcez à me compliquer la vie, je vous en veux presque.»

Elle se mit à chanto

«Quelle est cette chanson, A

– Je ne sais pas.» Elle souriait à nouveau, l'air un peu découragé. «Restez au lit, reposez-vous, je vais poursuivre ailleurs mon enquête sur l'intellect de la famille.»

«Naturellement, pensais-je, pour père, c'était facile.» Je l'entendais d'ici: «Je ne pense à rien parce que je vous aime, A

je parle beaucoup d'A