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C'est alors qu'A

Elle était déjà dans sa voiture, elle mettait le contact. J'arrivai en courant et m'abattis sur la portière.

«A

Elle ne m'écoutait pas, ne me regardait pas, se penchait pour desserrer le frein:

«A

Elle se redressa alors, décomposée. Elle pleurait. Alors je compris brusquement que je m'étais attaquée à un être vivant et sensible et non pas à une entité. Elle avait dû être une petite fille, un peu secrète, puis une adolescente, puis une femme. Elle avait quarante ans, elle était seule, elle aimait un homme et elle avait espéré être heureuse avec lui dix ans, vingt ans peut-être. Et moi... ce visage, ce visage, c'était mon œuvre. J'étais pétrifiée, je tremblais de tout mon corps contre la portière.

«Vous n'avez besoin de perso

Le moteur tournait. J'étais désespérée, elle ne pouvait partir ainsi:

«Pardo

– Vous pardo

Les larmes roulaient inlassablement sur son visage. Elle ne semblait pas s'en rendre compte, le visage immobile:

«Ma pauvre petite fille!...»

Elle posa une seconde sa main sur ma joue et partit. Je vis la voiture disparaître au coin clé la maison. J'étais perdue, égarée... Tout avait été si vite. Et ce visage qu'elle avait, ce visage...

J'entendis des pas derrière moi: c'était mon père. Il avait pris le temps d'enlever le rouge à lèvres d'Elsa, de brosser les aiguilles de pins de son costume. Je me retournai, me jetai contre lui: «Salaud, salaud!» Je me mis à sangloter.

«Mais que se passe-t-il? Est-ce qu'A

Nous ne nous retrouvâmes qu'au dîner, tous deux anxieux de ce tête-à-tête si brusquement reconquis. Je n'avais absolument pas faim, lui non plus. Nous savions tous les deux qu'il était indispensable qu'A

«Crois-tu, dit-il, qu'elle nous ait abando

– Elle est sûrement partie pour Paris, dis-je.

– Paris..., murmura mon père rêveusement.

– Nous ne la verrons peut-être plus...» II me regarda, désemparé et prit ma main à travers la table:

«Tu dois m'en vouloir terriblement. Je ne sais pas ce qui m'a pris... En rentrant dans le bois avec Elsa, elle... Enfin je l'ai embrassée et A

Je ne l'écoutais pas. Les deux perso

«Je comprends très bien: ce n'est pas ta faute... Un moment de folie, comme on dit. Mais il faut qu'A

– Que faire?» dit-il.

Il avait très mauvaise mine, il me fit pitié, je me fis pitié à mon tour; pourquoi A

«Nous allons lui écrire, dis-je, et lui demander pardon.

– C'est une idée de génie», cria mon père.

Il trouvait enfin un moyen de sortir de cette inaction pleine de remords où nous tournions depuis trois heures.

Sans finir de manger, nous repoussâmes la nappe et les couverts, mon père alla chercher une grosse lampe, des stylos, un encrier et son papier à lettres et nous nous installâmes l'un en face de l'autre, presque souriants, tant le retour d'A

Je ne puis me rappeler sans un sentiment insupportable de dérision et de cruauté les lettres débordantes de bons sentiments que nous écrivîmes à A

Le téléphone so

Puis il ne dit plus que «oui, oui! où ça? oui», d'une voix imperceptible. Je me levai à mon tour: la peur s'ébranlait en moi. Je regardais mon père et cette main qu'il passait sur son visage, d'un geste machinal. Enfin il raccrocha doucement et se tourna vers moi.

«Elle a eu un accident, dit-il. Sur la route de l'Esterel: II leur a fallu du temps pour retrouver son adresse! Ils ont téléphoné à Paris et là on leur a do

II parlait machinalement, sur le même ton et je n'osais pas l'interrompre:

«L'accident a eu lieu à l'endroit le plus dangereux. Il y en a eu beaucoup à cet endroit, paraît-il. La voiture est tombée de cinquante mètres. Il eût été miraculeux qu'elle s'en tire...»

Du reste de cette nuit, je me souviens comme d'un cauchemar. La route surgissant sous les phares, le visage immobile de mon père, la porte de la clinique... Mon père ne voulut pas que je la revoie. J'étais assise dans la salle d'attente, sur une banquette, je regardais une lithographie représentant Venise. Je ne pensais à rien. Une infirmière me raconta que c'était le sixième accident à cet endroit depuis le début de l'été. Mon père ne revenait pas.

Alors je pensai que, par sa mort, – une fois de plus – A

Le lendemain nous rentrâmes à la maison vers trois heures de l'après-midi. Elsa et Cyril nous y attendaient, assis sur les marches de l'escalier. Ils se dressèrent devant nous comme deux perso

Dans la maison, il y avait la veste d'A

A paris, il y eut l'enterrement par un beau soleil, la foule curieuse, le noir. Mon père et moi serrâmes les mains des vieilles parentes d'A

Dans la voiture, en revenant, mon père prit ma main et la serra dans la sie

Durant un mois, nous avons vécu tous les deux comme un veuf et une orpheline, dînant ensemble, déjeunant ensemble, ne sortant pas. Nous parlions un peu d'A


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