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Alors là, vingt-huit mille bouquins d’un coup, ça me foutait toujours une sorte de vertige un peu sacré. Je faisais tout pour rien en laisser paraître, ça va de soi.

La série de bouquins dont je vous ai parlé plus haut se trouvait dans une allée particulière de la bibliothèque. C’était le rayon noir, selon Youri. Il y avait environ sept mille titres, romans noirs et romans policiers. Dont une collection presque complète, et qui fêtait ses cent ans cette a

La collection ne reparut que douze ans plus tard, après les guerres civiles, lorsque arrivèrent les premiers subsides culturels de l’ONU.

Arrivés en bas de l’escalier, on a fait face aux longues allées séparées par des murailles de livres. Le Rayon Noir précédait la Galerie du Futur, huit mille bouquins de SF et de fantasy (de Mary Shelley à Philip K. Dick, d’Edgar Allan Poe à Benazir Ullis Mac Donald, prix Nebula 2044), puis venaient les grands romans de littérature générale, classés par continent, un peu plus de neuf mille ouvrages dont les plus anciens remontaient à la fin du Moyen Âge, comme Chrétien de Troyes, ou la saga du roi Arthur par Thomas Mallory. L’allée de la Co

La bibliothèque Utopia était prête à partir pour la Nouvelle Frontière.

Youri m’a pris par le bras et m’a fait traverser la bibliothèque jusqu’à l’allée de la Co

Il y avait un petit halo de lumière derrière la porte vitrée. Arrivé près du battant, Youri s’est retourné vers moi, et à voix basse:

– T’inquiète pas des trucs bizarres que tu verras ou que t’entendras, j’t’expliquerai tout en détail plus tard, vois juste ce que tu peux faire pour elle concrètement, d’ accord?

Comme d’habitude, il me mettait devant le fait accompli. Sa main se posait déjà sur le loquet.

– Ouais d’accord, j’ai marmo

3 L’ange de Lunokhod Junction

Il a poussé la porte, on est entrés et je n’ai d’abord vu que la salle de lecture, avec ses vieux fauteuils, ses tables basses encombrées de revues, et ses petites lampes à tungstène, volées sur des chantiers du THV Paris-Moscou en construction.

Mais mon regard accrochait déjà un fauteuil élimé au fond, près d’un des petits halos jaunes.



J’apercevais deux jambes gainées d’une matière noire et un exemplaire de Life des a

On s’est approchés et l’exemplaire de Life n’a pas bougé.

Puis, alors qu’on franchissait les derniers mètres, il s’est lentement rabaissé.

Le casque de cheveux noirs a révélé une jungle de boucles et de tresses sur un visage ovale, qui se refermait en triangle sur le menton, cachant à moitié les yeux derrière des mèches couleur de carbone pur. J’apercevais un nez droit, légèrement retroussé. Une peau mate, couleur de miel.

Je lui do

Le regard, fixé sur les colo

Je suis resté immobile, comme une statue, à côté de Youri.

L’exemplaire de Life est retombé sur ses genoux et j’ai pu détailler à loisir un buste fin comme une liane, un torse pas vraiment androgyne, moulé dans un T-shirt-combi orange et noir, un truc assez chic, en soie-coton composite, tissée par des bombyx transgéniques élevés en orbite. J’ai déjà vu ce genre de fringues, dans des parties hyper-branchées où m’invite parfois le fils du chef de la police de la ceinture sud, une espèce de jeune crétin fasciné par mes anciens exploits de pirate et ma reconversion au service de la loi.

Les yeux eurasiens se sont tournés vers Youri et un petit sourire a ourlé le bord de ses lèvres, une mimique interrogative.

– Dakota, a fait Youri, raide et empesé, je te présente Hughes Dantzik, dit “ HG ” pour les intimes (je me suis à fulminer direct), c’est la perso

Les yeux se sont reposés sur moi.

J’ai tendu la main en avant, mécaniquement, un sourire stupide crispant mes mâchoires. Je commençais à suer, à me sentir nerveux, à avoir la gorge serrée sans savoir pourquoi, mais j’adorais ça, ces deux pupilles qui étincelaient comme les objectifs d’une caméra vivante.

La fille ne s’est pas levée. Elle a déplié vers moi une structure fluide et légère, fragile d’apparence, mais d’une tonicité à toute épreuve, comme sa poignée de main me le démontra.

Le contact de sa peau chaude et satinée m’a envoyé quelque chose qui s’apparentait vraiment à une décharge électrique.

Nos mains se relâchèrent, à mon grand regret, ses yeux m’évoquaient le mot émeraude, la pierre, bien sûr, mais aussi les jungles sud-américaines ou africaines qui lui servent d’écrin naturel.

La structure de son visage, la forme de ses yeux, de ses lèvres, la couleur de sa peau, la texture de ses cheveux, ses courbes félines, tout ça stimulait en moi des images étranges, faites de mélanges irrésistibles. Youri réembraya, sans que je puisse faire quoi que ce soit.

– Hughes, je te présente Dakota Novotny-Burroughs. Dakota est un cas un peu particulier… Elle vient de passer une rude épreuve et nul doute que tu pourras facilement l’aider… Voilà, j’ai bien co