Добавить в цитаты Настройки чтения

Страница 91 из 97

Sa main lui semblait moulée dans le levier de vitesse. Son ventre était rempli d'une braise ardente. Ses pieds ne pouvaient plus bouger. Sa nuque non plus. Sa colo

Il pouvait entendre le rythme des vagues et le souffle ténu et régulier d'Anita à ses côtés.

Il fallait qu'il bouge, qu'il réagisse, impérativement, et tout de suite.

Ce fut Anita qui bougea. Sa main vint recouvrir la sie

Hugo sentit son cœur accélérer nettement le mouvement, plus sûrement qu'avec la meilleure amphétamine du monde.

Il avala durement la boule de billard qu'il avait coinçée dans la gorge.

– Je ne suis pas certain que cela soit raiso

Il se demandait même comment il pouvait arriver à parler, nom de dieu.

– Qu'est-ce qui ne serait pas raiso

Oh, putain, la voix était si proche, si éto

Il comprit que c'était trop tard. Que rien ne pourrait plus arrêter la séquence qui se profilait à l'horizon des toutes prochaines secondes. Il eut un ultime réflexe de résistance.

– Écoutez… vous êtes flic et je suis… ça… ça ne va pas être possible, vous comprenez?

C'était incroyable la dose de désespoir authentique qui s'était révélée dans ces quelques mots. Il en fut lui-même abasourdi.

– Non… Je ne sais pas qui vous êtes, lui répondit-elle.

– Justement.

Jamais les yeux de la jeune femme n'avaient atteint cette intensité. Il sentit ses derniers composants de sécurité fondre, comme du silicium sous la flamme.

La main de la jeune femme effleurait à peine la sie

– Vous ne savez pas ce que vous faites, reprit-il dans un souffle.

– Non, c'est vrai… Mais ça n'a aucune importance et c'est ce qui m'éto

Sa voix s'était matérialisée en un souffle chaud qui était venu percuter son visage comme un vent du désert. Un parfum de menthe. Une nuée d'émotions l'envahit. Un ultime composant claqua.

Lorsque leurs lèvres se touchèrent, son cœur franchit définitivement la limite de vitesse autorisée.

Des siècles plus tard, lorsqu'il reprit pleinement conscience, le visage ovale et les cheveux de cuivre emplissaient tout l'univers. Il prit le visage en coupe dans ses mains, et fondit à nouveau dans un monde humide, soyeux et incroyablement vivant.

Plus tard encore, il vit ce sourire redoutablement désarmant prendre possession de son visage.

– Vous comptez brûler de l'essence toute la nuit?

Il ne réagit même pas. Elle se pencha pour tourner la clé de contact et ses cheveux vinrent lui chatouiller le visage, dangereusement.

Le silence pilo

Il essaya de reprendre pied. Il fallait qu'il revie

Elle fondait déjà sur lui, plaquant ses lèvres contre les sie

Il s'abando

Cela ne dura qu'une poignée d'instants.

Un to

Le pare-brise encadrait la plage et le hangar à l'autre bout. Ils sursautèrent et lui firent face tendus comme des câbles haute-tension. La porte du hangar était visiblement ouverte et partout des hommes couraient. Des flammes orange crépitaient dans la nuit. Il y avait une grosse voiture sur la piste qui menait à la route, tous feux éteints.



– Seigneur, souffla Anita en ouvrant sa portière, le 38 Magnum déjà bien en main.

Il se précipita à sa poursuite en lui hurlant de l'attendre.

Elle bondissait au bas de la dune, et il s'y jeta aussi.

Ils fonçaient déjà tous deux sur le sable mouillé. C'était le chaos là-bas.

Ils coururent côte à côte au ras de l'écume. Une seule pensée martelait son esprit. Putain, tu as laissé la Steyr-Aug et le fusil à pompe dans le sac de sport, tu as commis une foutue erreur, mec. Le 9 mm tournoyait autour de son poing, comme un faucon d'acier.

Dans sa course effrénée vers l'autre extrémité de la plage, il commença à se faire une idée plus nette de ce qui se passait. Ouelqu'un s'abritait derrière le hangar et tirait sur un groupe d'hommes qui se cachaient derrière la Datsun d'Anita. Il reco

Il sentit un immeuble entier s'affaisser au cœur de lui-même. Il faillit ne pas apercevoir les hommes se tourner vers eux, détectant leur course folle sur le sable. Il vit des flammes orange et des impacts exploser dans le sable, ou soulever des pics liquides dans les flots, autour d'eux. Des insectes foudroyants bourdo

Il n'y prit même pas garde. Il se mit à vider son chargeur en pleine course, en hurlant. L'arme tressautait dans ses mains, comme un appendice vivant, et frénétique. Il vit un des hommes s'effondrer en arrière et réalisa qu'Anita aussi tirait vers le groupe d'hommes qui tentait de rejoindre les autres, vers la voiture. Il entr'aperçut également Travis qui ouvrait à nouveau le feu. Le troisième homme, touché, s'affaissa étrangement sur les fesses.

Mais là-haut le type qui portait Alice arrivait déjà à la portière de leur véhicule, qui achevait un demi-tour.

C'était trop tard, nom de dieu. Il vit un homme sortir de l'obscurité et dévaler le chemin pour lancer quelque chose vers la voiture d'Anita, garée sur le bord du hangar.

Une énorme corolle de flammes gonfla, dans un to

Le cri de Travis. Un cri parfaitement désespéré, qui fit réso

Il rattrapa Anita sur les rochers entassés qui bordaient la rampe. Il vit Travis, debout près du hangar, vieilli de cent ans, le regard vidé de toute expression. Les bras ballants, son 45 pendant mollement le long de la jambe. Sur le terre-plein qui bordait le hangar, la Datsun d'Anita était en flammes, évacuant une grosse fumée noire, puant le plastique brûlé. Un corps ensanglanté et mutilé avait roulé sur les rochers, avec une pluie de Plexiglas et de métal noirci. Une fantasmagorie rouge et orange dansait sur la surface d'aluminium du hangar ainsi que sur le sable, le béton et la surface de la mer. À quelques mètres de là, assis au milieu du chemin, près des débris calcinés du coffre, Hugo vit un homme bizarrement assis, les deux jambes écartées, les mains à plat sur le sol, la têté baissée.

Un peu plus haut une autre silhouette était allongée, face contre terre, plus immobile qu'une pierre.

Il se dirigea tout de suite vers l'homme assis. Il y avait un pistolet à ses pieds, qu'il fit dinguer de sa botte, loin sur le côté. L'homme relevait doucement la tête. Son visage était livide et recouvert d'un film gras de sueur qui brillait dans la lumière dansante des flammes. Une grosse tache rouge s'étoilait sur son ventre. Le type respirait difficilement, par à-coups irréguliers.

Hugo plongea son regard dans le sien. Vu l'apparence de la blessure, c'était grave.

Il pointa lentement son arme vers le front de l'homme, qui loucha vers le canon.

Il aperçut Anita qui le rejoignait, suivie de Travis, avançant comme un automate.

– Ils ont tué Pinto… Et les fils du téléphone sont coupés.

La voix d'Anita était d'une gravité extrême.

Travis contemplait l'homme, mais il ne semblait même pas le voir. Son esprit fuyait dans la nuit, à la poursuite de cette voiture, et de sa fille.

Hugo se racla la gorge et prit son inspiration. Ce qu'il allait devoir faire lui tenaillait horriblement l'estomac, par anticipation.

– De quelle nationalité es-tu? demanda-t-il en anglais à l'homme, immobile comme un pantin aux fils sectio

L'homme toussa puis émit, dans un souffle:

– I'm French…

– Bien, reprit Hugo dans sa langue maternelle. Écoute, vous avez eu la bo

Il laissa sa phrase en suspens. Il fallait que le type intègre l'information. Avec toutes ses conséquences. Ce ne serait pas si facile…

Il puisa au fond de lui les ressources nécessaires pour continuer. Il détestait au plus haut point ce qu'il allait faire.

– Tu as remarqué comme moi que tes petits copains n'ont pas pris la peine de t'attendre… je vais passer un marché avec toi.

L'homme baissa la tête vers sa blessure et releva la tête. Un rictus distendait sa bouche. La douleur commençait sans doute à devenir insupportable.

Hugo ferma les yeux un instant. Prit une profonde inspiration. Il fallait juste ne pas penser et assurer le coup, nom de dieu.