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L’HOMME. Oui-oui, bien sûr… Ensuite, je me suis remarié.

LE DOCTEUR. Vous vous êtes remarié ? Très bien. Et votre femme s’appelle, vous m’avez dit…

L’HOMME. Grelot. Irène Grelot.

LE DOCTEUR. Comment avez-vous dit ? Irène ?

L’HOMME. Oui, Irène.

LE DOCTEUR. Mais, voyons, elle est mariée ! Avec Michel.

L’HOMME. (Il est stupéfait.) Avec quel Michel ?

LE DOCTEUR. Son mari.

L’HOMME. Ça ne se peut pas ! Elle n’est pas mariée ! Je veux dire, qu’elle est mariée avec moi.

LE DOCTEUR. Mais qu’est-ce que vous attendez de moi ?

L’HOMME. Je sais qu’elle est venue ici. Il est probable qu’elle revie

LE DOCTEUR. Mon métier n’est pas de rechercher les femmes des autres. Et je ne suis pas certain qu’Irène soit votre femme. Et qu’elle s’appelle Irène. Et qu’elle viendra ici. Et je suis encore moins certain qu’elle existe vraiment.

L’HOMME. Elle existe !

LE DOCTEUR. Alors, rentrez chez vous et attendez-la là-bas. (Il le pousse vers la sortie.)

L’HOMME. (Opposant une résistance.) Docteur, je vous en supplie…

LE DOCTEUR. Je ne peux vous aider en rien. Au revoir. Pas par là, cette porte n’est destinée qu’à l’entrée des patients. Par ici, s’il vous plaît.

LE DOCTEUR accompagne L’HOMME vers la sortie de secours et reste seul près de la table où est posée la valériane. Son visage reflète une évidente perplexité.

FIN DU PREMIER ACTE

ACTE II

LE DOCTEUR est dans son cabinet. Entre IRÈNE, dans une robe très élégante.

IRÈNE. (Gaiement.) Bonjour, docteur ! Me revoilà !

LE DOCTEUR. (Extrêmement froid.) Si je peux me permettre, qui êtes-vous ?

IRÈNE. (Éto

LE DOCTEUR. Je vous reco

IRÈNE. Pour quoi faire ? Je m’appelle Irène, vous le savez, voyons.

LE DOCTEUR. Comment puis-je savoir que vous vous appelez vraiment Irène ? Du reste, quand bien même ce serait Irène, cela ne signifie rien. Vos papiers, s’il vous plaît.

IRÈNE. Je ne les ai pas avec moi.

LE DOCTEUR. Et moi, je vous redemande encore une fois : vos papiers !

IRÈNE ouvre son sac, fouille, mais au lieu de la carte d’identité prend un mouchoir, sanglote et commence à essuyer ses larmes.

LE DOCTEUR. (Inquiet.) Qu’avez-vous ?

IRÈNE ne répond pas. LE DOCTEUR verse dans un verre de l’eau de la carafe et l’apporte à IRÈNE.

IRÈNE. (Repoussant le verre.) Laissez-moi !

LE DOCTEUR. Que se passe-t-il ? Vous m’en voulez ? Vous ai-je froissée ?

IRÈNE. Selon vous ?

LE DOCTEUR. Mais comment ?

IRÈNE. (À travers des larmes.) Et vous osez demander comment ? Vous m’aviez fait très bo

LE DOCTEUR. Calmez-vous…

IRÈNE. Laissez-moi partir.

LE DOCTEUR. (La retenant.) Vous ne co

IRÈNE. Qui est venu ? Une autre femme ?

LE DOCTEUR garde le silence, troublé.

Et elle aussi a dit qu’elle était sa femme ?

LE DOCTEUR. Oui.

IRÈNE. Et alors ? Ne me dites pas que vous l’avez crue ? Arrivez-vous à tenir un compte des fous qui vie

LE DOCTEUR. Oui mais voilà, Michel l’a reco



IRÈNE. Vous ignorez qu’il n’a pas de mémoire ? Et puis, est-elle vraiment venue ?

LE DOCTEUR. Oui, bien sûr.

IRÈNE. (Elle s’approche de la porte et appelle Michel.) Chéri, viens.

Entre MICHEL.

Dis-moi, est-ce qu’une femme est venue ici en mon absence ?

MICHEL. (Le plus tranquillement du monde.) Je n’ai vu perso

IRÈNE. A-t-elle dit qu’elle était ta femme ?

MICHEL. Comment aurait-elle pu le dire, si elle n’est pas du tout venue ?

IRÈNE. Et toi, tu as dit qu’elle était ta femme ?

MICHEL Je n’ai que toi au monde, et tu le sais très bien. (Il l’embrasse.)

IRÈNE. Merci, chéri. (Au docteur.) Eh bien, me croyez-vous maintenant ?

LE DOCTEUR. Je ne sais pas quoi penser… d’ailleurs, il y a encore une circonstance… Outre la femme, un homme aussi est venu…

IRÈNE. Et alors ?

LE DOCTEUR. Il a affirmé qu’il… qu’il était votre mari.

IRÈNE. Mon mari ? (Elle rit bruyamment.) Mon Dieu, quel dur métier que celui de psychiatre ! Qui ne voyez-vous pas défiler ! (Elle continue de rire.)

LE DOCTEUR. Je ne vois pas ce qu’il y a de risible.

IRÈNE. Mais le voici, mon mari, là, devant vous ! Il vous faut d’autres preuves ? Qu’à cela ne tie

MICHEL, obéissant, ôte sa chemise. LE DOCTEUR examine le grain de beauté. IRÈNE s’adresse au DOCTEUR.

Vous en êtes-vous convaincu ?

MICHEL. Docteur, ce grain de beauté n’est-il pas dangereux ?

LE DOCTEUR. Non.

MICHEL. (S’accrochant.) Malgré tout, je vous demanderai de me l’enlever. Je crains qu’il dégénère en une tumeur maligne.

LE DOCTEUR. Je vous assure qu’elle est inoffensive. Et de plus, je ne suis pas chirurgien.

MICHEL. Êtes-vous urologue ? Ça tombe bien, j’ai justement de gros problèmes de ce côté-là. Je vais vous montrer… (Il porte la main à la ceinture.)

LE DOCTEUR. Ce n’est pas la peine !

MICHEL. Je vous montre, quand même. Puisque vous êtes urologue…

IRÈNE. (L’interrompant.) Merci, chéri, ce n’est pas la peine. Attends-moi, s’il te plaît, dans la salle d’attente. Mais ne t’en va pas. (Avec insistance.) Tu as retenu ? Ne t’en va pas. Nous n’allons pas tarder à rentrer à la maison ensemble.

MICHEL sort.

LE DOCTEUR. Excusez-moi, si je me suis permis de douter de vous. Je dois l’avouer, cet homme m’a fait perdre le sens.

IRÈNE. Mais vous êtes certain qu’il est vraiment venu ?

LE DOCTEUR. Que signifie « certain » ? Bien sûr, qu’il est venu ! (Déconcerté.) Ou il n’est pas venu ? Bon, admettons, qu’il soit, comme vous dites, fou. Mais la femme m’a montré ses papiers d’identité, alors que vous, excusez-moi, je ne sais même pas comment vous vous appelez.

IRÈNE. Comment ça, vous ne savez pas ? Pas plus tard que ce matin, vous m’avez téléphoné deux fois en m’appelant Irène.

LE DOCTEUR. (Au bout du rouleau.) Ah ! oui, c’est vrai… J’avais oublié…

Pendant ce temps, IRÈNE range son mouchoir, prend son poudrier et se refait une beauté. Rangeant le poudrier dans son sac, elle pousse un cri de joie.

IRÈNE. Oh ! Finalement, j’ai un document. Et en plus avec photo. Mon permis de conduire. Tenez, regardez, je vous prie.

LE DOCTEUR. Pas la peine, je vous crois.

IRÈNE. Là, vous me croyez, mais dans cinq minutes vous cesserez à nouveau de me croire. Comme tous les hommes. Regardez, quand même.

LE DOCTEUR prend le permis à contrecœur.

Que lisez-vous ?

LE DOCTEUR. « Irène Grelot ».

IRÈNE. Tout est en règle ?

LE DOCTEUR. Oui.

LE DOCTEUR rend le document à IRÈNE. Elle le fait disparaître dans son sac et en prend des photographies.

IRÈNE. Mon mari vous a-t-il dit que nous étions à la même école ?