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II. Les Éclaireurs

CHAPITRE I L'homme

4 février 1875. L 'hiver avait été rude. La neige s'entassait dans les gorges des monts de Gilmerton. Le chasse-neige avait toutefois déblayé la voie ferrée, et le train du soir qui reliait les nombreux centres miniers de charbon et de fer ahanait en grimpant lentement la côte qui partait de Stagville dans la plaine pour Vermissa, la principale agglomération située au débouché de la vallée de Vermissa. À partir de là, la voie ferrée redescendait vers le croisement de Barton et la région exclusivement agricole de Merton. Elle était la voie unique, mais à chaque embranchement (et ils étaient nombreux) de longues files de wago

Car il était sinistre. Le premier pio

On venait d'allumer les lampes à pétrole dans le premier wagon de voyageurs où étaient assises vingt ou trente perso

Il a le teint frais; il est de taille moye

Ayant tenté à deux ou trois reprises d'engager la conversation avec le mineur le plus proche de lui et n'ayant obtenu en guise de réponse que quelques mots bourrus, notre voyageur se résigna au silence et il regarda d'un air maussade par la vitre le paysage qui disparaissait dans l'ombre. La vue n'était pas particulièrement réjouissante. À travers l'obscurité croissante se succédaient les lueurs rouges des fours accrochés aux flancs des montagnes. De grands crassiers et des tas de scories se profilaient de chaque côté, ainsi que de hauts puits de mines. Des agglomérations de petites maisons en bois, aux fenêtres desquelles commençaient d'apparaître des lampes, étaient disséminées ici et là le long de la voie. Les haltes étaient fréquentes; à chaque arrêt descendaient des travailleurs au teint basané. Les vallées du district de Vermissa n'étaient pas une résidence pour oisifs ou intellectuels. Partout s'étalaient les symboles austères d'une rude bataille pour la vie, du rude travail à faire et des rudes ouvriers qui l'accomplissaient.

Le jeune voyageur contemplait ce pays lugubre avec intérêt et répulsion; son expression montrait qu'un pareil décor était nouveau pour lui. Par moments il tirait de sa poche une lettre volumineuse à laquelle il se référait, et il écrivait sur les marges quelques notes griffo

– Oh! oh! camarade! dit-il. Tu me parais fin prêt!

Le jeune homme sourit. Il parut légèrement embarrassé.

– Oui, dit-il. Dans l'endroit d'où je viens, on en a besoin quelquefois.

– Et d'où viens-tu donc?

– De Chicago.

– Tu n'es jamais venu par ici?

– Non.

– Tu t'apercevras peut-être qu'il te sera utile, dit l'ouvrier.

– Ah! vraiment?

Le jeune homme prit un air intéressé.

– Tu n'as jamais entendu parler de ce qui se passait par ici?

– Non, jamais.

– Moi qui croyais qu'on ne parlait que de ça dans le pays! Tu ne tarderas pas à le savoir. Pourquoi es-tu venu dans la vallée?

– Parce qu'on m'a dit qu'il y avait toujours du travail pour un homme de bo

– Es-tu syndiqué?

– Bien sûr!

– Alors tu trouveras du travail, je pense. As-tu des amis?

– Pas encore, mais j'ai le moyen de m'en faire.

– Comment cela?

– Je suis membre de l'Ordre ancien des hommes libres. Il y a une loge dans chaque ville, et là où il y a une loge je trouve des amis.

Cette déclaration produisit un effet singulier sur son auditeur. Il regarda leurs compagnons de voyage d'un œil soupço

– Serrez-la-moi, dit-il.



Ils échangèrent une certaine poignée de main.

– Ça va. Vous m'avez dit la vérité. Mais je préférais en être sûr…

Il leva sa main droite à hauteur de l'œil droit. Le voyageur leva aussitôt sa main gauche à hauteur de l'œil gauche.

– Les nuits obscures sont déplaisantes, dit l'ouvrier.

– Oui, pour les étrangers qui ont à voyager, répondit l'autre.

– En voilà assez. Je suis le frère Scanlan, loge 341, vallée de Vermissa. Heureux de vous voir dans la région.

– Merci. Je suis le frère John McMurdo, loge 29, Chicago. Chef de corps: J.-H. Scott. J'ai de la chance d'avoir rencontré un frère si tôt.

– Oh! nous sommes nombreux par ici! Nulle part l'ordre n'est plus florissant que dans la vallée de Vermissa. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'un syndiqué aussi plein d'allant que vous n'ait pas trouvé du travail à Chicago.

– J'ai trouvé tout le travail que je souhaitais, répondit McMurdo.

– Alors, pourquoi êtes-vous parti?

McMurdo désigna en souriant les deux policiers.

– Je suppose que ces gaillards ne seraient pas fâchés de l'apprendre, dit-il.

Scanlan grogna avec sympathie.

– Des e

– Graves.

– Bon pour la prison?

– Et le reste.

– Pas un meurtre?

– Il est un peu tôt pour parler de ça, répondit McMurdo avec l'air d'un homme qui s'aperçoit qu'il en a dit plus qu'il ne l'aurait voulu. J'ai mes raisons pour avoir quitté Chicago. Que cela vous suffise! Pour qui vous prenez-vous, pour m'interroger de la sorte?

Ses yeux gris derrière ses lunettes s'enflammèrent de colère.

– N'en parlons plus, camarade. Je ne voulais pas vous offenser. Les copains ne penseront pas de mal de vous, quoi que vous ayez fait. Où allez-vous maintenant?

– À Vermissa.

– C'est le troisième arrêt. Où logerez-vous?

McMurdo sortit une enveloppe et l'approcha de la lampe qui fumait.

– Voici l'adresse: Jacob Shafter, Sheridan Street. C'est une pension de famille qui m'a été recommandée par quelqu'un de Chicago.

– Je ne co

Scanlan descendit, et McMurdo resta seul avec ses pensées. La nuit était tombée, et les flammes des nombreux fourneaux grondaient et léchaient les ténèbres. Dans ce décor blafard, des silhouettes sombres se courbaient, se tordaient, tiraient, virevoltaient avec des mouvements d'automates, au rythme d'un éternel rugissement métallique.