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La Terre se retrouva isolée et son économie devint chancelante, ce qui fut à l’origine de graves dissensions. Dans le cadre d’une tentative désespérée qui s’avérerait peu judicieuse, son gouvernement imposa des taxes protectio
Le départ des scientifiques et des techniciens du Système de Sol permettait aux spatiaux de bénéficier du concours des esprits les plus brillants et privait la Terre de ses plus grands talents. Les responsables de ce monde décidèrent alors d’interdire l’émigration des membres de certaines catégories socioprofessio
Gaia effectua son dernier voyage vers la Terre en l’an 2125, et lorsqu’elle appareilla à nouveau son équipage fit vœu de ne jamais y revenir.
Une vague de rébellion et de mutinerie générale balaya les étoiles : d’autres stations furent closes, des sondes et des missions se rendirent vers des systèmes inexplorés pour des raisons qui n’étaient pas uniquement d’ordre économiquec On trouvait de plus en plus d’individus avides de ces libertés qui paraissaient menacées.
Les Stations Viking et Mariner furent construites quand les statio
En 2201, des scientifiques et des techniciens dissidents qui bénéficiaient du soutien financier d’importants investisseurs de Mariner fondèrent une station à Cyteen, une planète très différente de Pell. Le travail admirable d’un de ces chercheurs et l’essor économique rapide des nouvelles industries de ce monde permirent la fabrication de la première sonde supraluminique en 2334 ; un événement qui modifia les contraintes temporelles du vol spatial et bouleversa de façon définitive les règles du commerce et de la politique.
L’histoire de Cyteen est non seulement caractérisée par un développement fulgurant de sa croissance économique et des progrès de la science, un phénomène sans précédent depuis l’aube des temps, mais aussi – et ce fait peut paraître paradoxal – par la réapparition de techniques tombées en désuétude : moteurs à combustion interne et production industrielle en pesanteur. Ces mesures avaient pour but de limiter les navettes entre ce monde et ses stations orbitales, compte tenu de ses importants besoins pour se développer à un niveau de type terrien. De nouvelles méthodes furent employées pour créer des poches d’atmosphère respirable dans ce milieu mortel pour l’homme. Si de tels travaux furent entrepris, ce fut parce que Cyteen représentait une opportunité biologique unique pour l’humanité. Ce monde privé d’espèce autochtone évoluée possédait un double écosystèmec pour ne pas dire deux écosystèmes indépendants – dus à l’isolement presque absolu de ses continents – très différents l’un de l’autre mais surtout sans points communs avec ceux de la Terre et de Pell.
C’était en fait un véritable paradis pour les biologistes. L’absence de toute vie intelligente faisait en outre de cette planète un nouveau berceau de civilisation pour l’humanité, après la Terre elle-même.
Les origines des Guerres de Compagnie ne furent pas que politiques. On compte parmi leurs causes la brusque expansion du commerce et la mobilité de la population, l’application inflexible de mesures inadéquates par des agences terrie
Une telle entreprise était vouée à l’échec. Cyteen n’était plus isolée, dans l’Espace-profond. Elle était à son tour devenue une planète-mère pour Espérance, Pan-paris et Lointaine, et elle proclama son indépendance en 2300. L’a
Les marchands s’empressèrent de déserter les routes spatiales proches de Pell, ce qui eut pour effet de réduire l’approvisio
La création sur Pell de l’Alliance mercantile permit à la seconde puissance commerciale de l’Espace-profond de voir le jour et mit fin à l’hégémonie de la Terre sur ses colonies dispersées.
Une des conséquences inattendues de ce conflit fut le Traité de Pell. Cette charte, qui établissait des liens économiques entre trois sociétés humaines installées dans des écosystèmes très différents, est de nos jours la force motrice d’une nouvelle structure d’échanges qui transcende la politique et les systèmes.
Commerce et intérêt commun se sont avérés, en fin de compte, plus puissants qu’une armada de vaisseaux de guerre.
Chapitre Premier
1
C’était depuis les airs qu’on découvrait le mieux le caractère désertique de ce monde : d’immenses étendues que l’arrivée des humains n’avait pas modifiées, un sol non revendiqué par l’homme et aussi dénudé que celui d’une lune, des terrains rocailleux et des bosquets de lainebois où seules les ondes des radars en orbite pouvaient pénétrer. Ariane Emory se pencha vers le hublot pour regarder ce spectacle de désolation. Elle restait désormais dans le compartiment passager. Il lui fallait admettre que sa vision n’était plus assez perçante et ses réflexes plus assez rapides pour lui permettre de prendre les commandes de l’appareil. Elle aurait pu aller à l’avant, pousser le pilote de son siège et le remplacer : c’étaient sonjet et sonpilote, et le ciel était vaste. S’il lui arrivait parfois de s’accorder encore ce plaisir, elle ne trouvait plus cela aussi grisant qu’autrefois.
Seul le sol restait inchangé, sur la majeure partie du continent. Et lorsqu’elle l’étudiait par le hublot il lui semblait remonter le temps, visiter Cyteen cent ans après l’arrivée des humains, à une époque où nul n’aurait pu imaginer la fondation de l’Unionc quand la guerre se résumait à un simple mécontentement général et le terraformage de ce monde n’avait pas encore commencé.
Seulement deux siècles s’étaient écoulés depuis que les premiers colons avaient atteint cette étoile, entrepris la construction de la Station et posé le pied sur cette planète.
Quarante ans plus tard quelques vaisseaux étaient arrivés à leur tour, pour faire modifier leurs propulseurs et pouvoir se déplacer à des vitesses supraluminiques ; et le temps avait accéléré son cours, en laissant derrière lui la lumière. L’évolution était telle que des équipages croisaient des engins si rapides qu’ils les croyaient d’origine extraterrestre. Ce n’était pas le cas, la réalité s’avérait encore plus fantastique. Ces bolides étaient pilotés par des humains. Et les règles du jeu s’en trouvaient bouleversées.
Les vaisseaux stellaires s’essaimaient telles des graines emportées par le vent. Les labos génétiques de Reseune installés en amont du fleuve engendraient des êtres humains. Leur rendement n’était limité que par le temps nécessaire pour sortir les nouveau-nés des cuves utérines, et les nouvelles générations prenaient la relève pour assurer la reproduction de leur espèce. Et ce processus se poursuivrait jusqu’au jour où – pour citer son oncle – il y aurait suffisamment d’hommes pour peupler les zones inhabitées, coloniser cette planète et construire d’autres stations stellaires semblables à Espérance et Lointaine. Des noyaux d’humanité dotés de leurs labos et de la possibilité de créer à leur tour la vie et de croître.