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— C’est absurde !
— Il faut leur démontrer que tu n’es pas un imposteur.
— Je sais qui je suis !
— Comment le prouveras-tu à des gens qui ne te co
Elle y réfléchit, et eut des frissons.
— Tu n’as qu’à le leur dire.
— Ils me suspecteraient de mentir. Un enregistrement génétique constitue une preuve irréfutable, mais nous pourrions leur adresser un prélèvement effectué sur le généset d’Ari que nous conservons dans nos labos. Ils risqueraient d’estimer que tu n’es pas la même Ari et que tu n’as aucun droit sur ses biens. C’est pour cette raison que tu dois te présenter devant ce tribunal, et dire aux juges que c’est ton fichier génétique, que tu es Ariane Emory, et que tout ce que réclament les membres de la Commission te revient de droit.
Elle se tourna vers Florian et Catlin, blêmes et figés. Elle reporta son attention sur oncle Denys.
— Et eux ? On pourrait aussi me les prendre ?
— Si tu n’existais pas, comment pourrais-tu détenir leurs contrats ?
— C’est ridicule, oncle Denys. Complètement absurde !
— C’est à toi de le prouver. J’aurais voulu t’éviter cette épreuve pendant ta convalescence, mais le temps presse. Nos adversaires ne perdent pas de temps et ils feront voter un décret pour te spolier de tout, la totalité de ce qui t’appartient, parce qu’ils n’ont jamais entendu parler de toi. Il est indispensable que tu ailles dire aux juges que ces choses te revie
— Quand ?
— Sous peu. Dans quelques jours. Ce n’est pas tout, Ari. Si nous n’avons pas révélé ton existence, c’était pour éviter d’attirer l’attention sur toi. Si tu vas à Novgorod, tes e
— Qui, ser ? demanda Catlin.
— Un certain Rocher, et des exaltés dont nous ignorons l’identité. Ari ira dans la capitale sous bo
— Serons-nous armés, ser ?
— Je doute qu’une telle mesure soit appréciée. Non. Vous devrez être attentifs, regarder autour de vous, faire en sorte qu’il ne puisse rien arriver à Ari.
Elle prit une inspiration profonde.
— Et moi, quel sera mon rôle ?
— Comparaître devant la cour. Tu te présenteras aux juges et répondras à leurs questions. Ils voudront savoir quand tu es née, quels sont ton nom et ton matricule. Giraud sera présent. Il te dira comment tu dois te comporter.
Elle en eut des sueurs froides.
— Je ne veux pas de Giraud ! Je veux que ce soit toi qui m’accompagnes.
— Oncle Giraud est plus qualifié que moi pour de telles démarches, ma chérie. Il fournira des enregistrements et tous seront bien forcés de te croire. Ils voudront sans doute disposer d’un prélèvement cellulaire, mais ce n’est qu’une petite piqûre de rien du tout et tu es une grande fille courageuse. Tu sais en outre que c’est indispensable. Pour prouver que tu ne mens pas. Ils ont tous vu des photos d’Ari Emoryc il sera facile de les convaincre. Mais il n’y aura pas que les juges. Il faudra aussi compter avec les journalistes, qui seront nombreux. Je doute cependant qu’ils soient méchants avec une petite fille, et ils auront peur d’oncle Giraud.
Elle n’aurait jamais cru que Giraud pourrait servir un jour à quelque chose. Mais oncle Denys avait raison, son frère était bien plus fort que lui en ce domaine.
S’il n’était pas son principal E
— Florian et Catlin partiront avec moi ?
— Oui.
— Les juges ne pourront pas me les prendre ?
— Ils ont tous les droits, ma chérie, sauf celui de te voler. Il te suffit d’apporter des preuves de ton identité, c’est tout. Voilà pourquoi tu dois aller à Novgorod. Sinon plus rien ne sera sûrc pas même ici.
Ari était assise dans un des fauteuils de cuir de RESEUNE UN : un siège si grand que ses pieds effleuraient à peine le plancher. En face d’elle, Florian et Catlin échangeaient leurs places pour regarder tour à tour par le hublot. Mais Ari en avait un pour elle toute seule et elle voyait l’arrière-pays s’étendre en contrebas, à perte de vue.
Avant de se poser à l’aéroport de Novgorod ils survoleraient l’agglomération : le port spatial, le Palais de l’État et les docks vers lesquels se dirigeaient les péniches qui descendaient avec lenteur la Novaya Volga. Ils verraient la Baie de Swigert et l’Océan. Le pilote indiquait leur position et les noms des sites qu’ils pouvaient voir ; en ce moment la Grande Cuvette occidentale, un simple point brun sur les cartes et une grande tache brune avec un lac en son centre depuis les airs. Pour interroger cet homme elle n’avait qu’à presser un bouton sur l’accoudoir du siège.
— Nous atteignons la chaîne du Kaukaz qui s’étend sur notre droite, a
Ils lavaient autorisée à aller à lavant pour admirer le long ruban de la Novaya Volga.
Après lui avoir demandé si elle aimait prendre l’avion le pilote s’était fait un devoir de dire à quoi servaient les commandes, montrer comment il fallait procéder pour changer de cap et expliquer quel était le rôle des ordinateurs de bord.
C’était passio
Elle eût aimé se débarrasser de son plâtre qui gênait ses mouvements et offrait à oncle Giraud l’opportunité de lui dire de rester sanglée dans son siège.
Mais elle désirait surtout en finir au plus tôt avec cette histoire de juges et de journalistes. Selon oncle Denys, elle pourrait ensuite visiter la cité. Ce serait formidable. Elle fêterait son a
Elle se demandait malgré tout ce qui se produirait si oncle Denys s’était montré trop optimiste.
Si Giraud ne réussissait pas à convaincre les juges.
Oncle Denys ne cessait de répéter que les erreurs judiciaires appartenaient au passé, que les nouvelles méthodes d’identification les rendaient impossibles. En outre, la loi était la loi et nul ne pouvait s’approprier le bien d’autrui sans une décision de justice préalable, et faire un procès à une petite fille eût été impensable. D’autant plus que Giraud avait au bureau de la Défense des amis habilités à classer des fichiers dans la rubrique confidentielle.
Autrement dit, top secret.
Les journalistes sont plus à craindre que les juges, lui avait déclaré oncle Denys. Ils exhumeront de vieilles photos de la première Ari et ils te parleront d’une enfant née à Reseune il y a très longtemps, la DP d’Estelle Bok. Cette expérience s’est soldée par un échec, mais tu as surmonté tous les problèmes qu’elle a eus. S’ils te comparent à elle, tu devras leur répondre que tu es Ari et qu’ils pourront le constater quand tu seras devenue grande. Je sais que tu te débrouilleras très bien. Rien ne t’oblige à être polie avec les journalistes agressifs, mais ils se laisseront plus facilement convaincre si tu es gentille avec eux.
Ce qui semblait laisser présager une bagarre. Oncle Denys lui avait en fait conseillé de Travailler ces gens, et il était un spécialiste de la question.
L’E
Ce qui l’inquiétait, car elle se demandait si les juges n’en feraient pas autant.
L’autre soir, quand ses azis étaient restés dans sa chambre, Catlin était venue lui demander à l’oreille :