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            Comment retrouver Romuald dans ce labyrinthe de ferrailles et de tôles ?

            – Romuald ! Romuald ! cria-t-elle plusieurs fois, mais le vent et la neige emportèrent ses cris dans le néant.

            Elle chercha des yeux un indice ou un détail qui puisse l’orienter, mais on n’y voyait pas à trois mètres.

            Chassant les flocons qui s’accrochaient à son visage, se servant de son téléphone portable comme d’une lampe-torche, elle courut à perdre haleine, face au vent, remontant vers le nord-est de la zone industrielle. Tarassov avait sans doute cherché l’endroit le plus éloigné de la route pour entreposer sa voiture. Soudain, un bruit la fit s’arrêter. Elle venait de marcher sur du gravier. Elle éclaira le sol en reprenant son souffle.

            Un chemin montait jusqu’à un gigantesque entrepôt.

            Elle avança de quelques pas pour éclairer un pa

            ABATTOIRS RÉGIONAUX

            COMTÉ DE HILLSBOROUGH

            Elle reprit sa course jusqu’au bâtiment principal. Là, elle remarqua des traces de pneus qui commençaient à être recouvertes par la neige. Son cœur bondit dans sa poitrine. On était venu ici récemment.

            Elle poussa de toutes ses forces la haute porte coulissante qui do

            – Romuald !

            L’endroit était plongé dans le noir, mais un bruit de chauffage ou de climatisation bourdo

            Emma actio

            Au milieu du bâtiment, elle reco

            Elle s’approcha de la camio

            Perso

            Elle regretta de ne pas avoir emporté avec elle le petit revolver compact du cascadeur.

            – Romuald ?

            Au bout de la pièce principale, un couloir en forme de coude débouchait sur une enfilade de portes en ferraille. La première do

            En partant, le tueur avait pris soin de tout éteindre. Sauf…

            Le souffle du générateur !

            Elle revint sur ses pas pour tenter d’identifier la source du bruit. Le ronro

            – Romuald ?

            Non, c’est impossible. Pas là…

             Romuald ? C’est moi, Emma, tu m’entends ?

            Elle essaya d’ouvrir la porte, mais en vain. En se baissant, elle remarqua une pièce en acier brossé en forme de gouvernail. Elle la tourna à fond et la porte du local réfrigéré s’ouvrit.

            Accueillie par un souffle polaire, elle se rua à l’intérieur.

            – Romuald !

            À la lueur de son téléphone, au milieu de l’obscurité, elle aperçut la capuche en fourrure de la parka de l’adolescent.

            Elle se précipita sur lui. Il était couché, inanimé. Mobilisant toutes ses forces, elle le tira pour l’extraire du frigo mortel et le ramena à l’air ambiant. Elle mit son téléphone sur haut-parleur, appela le 911 et demanda une ambulance d’urgence pour prendre en charge un patient atteint d’hypothermie.

            En attendant les secours, elle chercha une respiration qu’elle ne trouva pas, un pouls qu’elle était trop nerveuse pour capter. La peau de Romuald était livide, bleutée, cadavérique.





            Merde !

            Elle n’avait pas la moindre couverture pour le réchauffer. Alors lui revinrent en mémoire les gestes de survie qu’elle avait appris quelques mois plus tôt, lors d’un stage qu’avaient dû suivre tous les employés de l’Imperator. Un truc que sur le moment elle avait trouvé débile et sans intérêt, n’imaginant pas un seul instant que cela lui serait peut-être utile un jour. Heureusement, les manipulations qu’elle avait faites sur un ma

            Et un et deux et trois ! Un et deux et trois !

            Elle compta trente compressions, puis administra à l’adolescent deux insufflations par bouche-à-bouche.

            Ne meurs pas !

            La rage au cœur, elle recommença le cycle du massage cardiaque, en essayant de conserver un rythme régulier.

            Et un et deux et trois…

            À chaque pression sur la cage thoracique, elle risquait de lui briser les côtes.

            Et un et deux et trois…

            Le temps s’était arrêté. Emma était ailleurs. Elle menait une guerre. Celle que la vie livre contre la mort.

            Ne meurs pas, Romuald ! Ne meurs pas !

            Un an plus tard…

            Replay

            S’il est vrai que nous ne pouvons vivre qu’une seule partie de ce qui est en nous, qu’advient-il du reste ?

            Pascal MERCIER

            Université de Harvard

            Cambridge

            19 décembre 2011

            L’amphithéâtre était bondé, mais sans un bruit.

            Les aiguilles du cadran en bronze de la vieille horloge murale marquaient 14 h 55. Le cours de philosophie délivré par Matthew Shapiro touchait à sa fin.

            La so

            Le parc baignait dans une belle lumière automnale. Depuis dix jours, la température particulièrement douce pour la saison et le soleil abondant offraient aux habitants de Nouvelle-Angleterre un été indien aussi agréable que tardif.

            – M’sieu Shapiro ! Réflexe !

            Matthew tourna la tête vers la voix qui l’interpellait et eut l’intuition de lever les yeux. Un ballon de football américain arrivait dans sa direction.

            Il le réceptio

            Il venait de s’engager sur le passage piéton pour rejoindre la station de métro lorsqu’une vieille Chevrolet Camaro pétaradante déboucha à l’angle de Massachusetts Avenue et de Peabody Street. Le jeune prof sursauta et marqua un mouvement de recul pour ne pas être écrasé par le coupé rouge vif qui s’arrêta à son niveau dans un crissement de pneus.

            La vitre avant descendit pour laisser apparaître la chevelure rousse d’April Ferguson, sa colocataire depuis l’assassinat de sa femme.

            – Hello, beau brun, je te ramène ?

            – Je préfère rentrer en transport en commun, déclina-t-il. Tu conduis comme si tu étais dans un jeu vidéo !

            – Allez, ne fais pas ton pétochard. Je conduis très bien et tu le sais !