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            – Oui ? demande-t-il en ouvrant la porte.

            – Monsieur Fitch ? Je suis Gabriel Alvarez, adjoint au bureau du shérif du comté de Columbia. Nous avons retrouvé votre voiture et votre voleuse.

            – Vraiment ? Puis-je la récupérer rapidement ? Je suis assez pressé et…

            – Venez, je vous emmène.

            *

            Le 4 × 4 du shérif adjoint traverse la nuit laborieusement. La neige a cessé, mais la route reste très glissante.

            – Qu’est-ce que vous êtes venu foutre dans notre bled ? grogne Gabriel Alvarez.

            – J’ai assisté à une convention de jeux vidéo à Seattle. Je faisais la route pour rentrer à San Francisco lorsqu’il a commencé à neiger et…

            – Les jeux vidéo, vraiment ? Mon gamin passe des heures devant ces trucs-là. Ça nous promet une belle génération de décérébrés.

            – Ça se discute, répond Nick prudemment. Et ma voiture ? Où l’avez-vous retrouvée ?

            – Planquée dans un sous-bois, dans une forêt à vingt bornes d’ici. La jeune fille dormait à l’intérieur.

            – Comment s’appelle-t-elle ?

            – Ekaterina Svatkovski. Elle a seize ans. D’après ce qu’elle nous a dit, elle habitait dans une caravane avec sa mère à Bellevue. La maman est morte il y a deux mois. La fille a refusé d’être placée en famille d’accueil et elle a fugué du foyer où on l’avait assignée. Depuis, elle squatte à droite à gauche.

            – Que va-t-il lui arriver ?

            – Rien de bon, j’en ai peur. Nous avons contacté les services sociaux, mais ça ne réglera pas le problème.

            – Je devrais peut-être retirer ma plainte ?

            – Vous faites ce que vous voulez.

            – Je pourrais lui parler ?

            – Si ça vous chante, mais je vous préviens : on l’a mise en cellule, histoire de la faire un peu flipper quand même…

            *

            Nick pousse la porte de la cellule.

            – Salut Caitlín. Brrr ! On se gèle les fesses ici.

            – Cassez-vous !

            – Doucement ! C’est quoi, ton problème ?

            – Ma mère est morte, mon père s’est tiré, je n’ai pas de fric, pas d’endroit où dormir : ça vous va, comme tableau ?

            Il s’assoit à côté d’elle sur le banc en bois accroché au mur de la cellule.

            – Pourquoi refuses-tu d’aller dans une famille ou dans un foyer ?

            – Laissez-moi ! crie-t-elle en lui do

            Pour se défendre, il lui bloque les poings.

            – Calme-toi, bon sang !

            Elle le défie du regard et le repousse à l’extrémité du banc.

            – Mais qu’est-ce que tu comptes faire, au juste, par ce froid ? s’énerve-t-il. Zoner indéfiniment dans cette région pourrie ?

            – Lâchez-moi, putain.

            – Le flic m’a montré ton sac. J’ai vu tes manuels de biologie. Tu veux devenir médecin, c’est ça ?

            – Ouais et j’y arriverai.

            – Non. Pas si tu sèches les cours.

            Elle tourne la tête pour qu’il n’aperçoive pas les larmes qui lui montent aux yeux. Elle sait qu’il a raison. Elle a honte.

            – Laisse-moi t’aider, demande-t-il.

            – M’aider ? Pourquoi m’aideriez-vous ? On se co

            – C’est vrai, admit-il. Mais qu’est-ce que ça change ? Les perso

            Elle reste ferme.

            – Je vous ai dit non. Les gens ne vous aident jamais gratuitement. Je ne veux rien vous devoir.





            – Tu ne me devras rien.

            – On dit toujours ça au début…

            Il tire son échiquier de son sac et change de sujet.

            – Tu m’accordes ma revanche ?

            – Vous ne capitulez jamais, vous ! soupire-t-elle.

            – Je crois que c’est une qualité que tu possèdes aussi, Caitlín.

            – Arrêtez de m’appeler comme ça ! Qu’est-ce qu’on joue cette fois ?

            – Si tu gagnes, je me casse, propose-t-il.

            – Et si vousgagnez ?

            – Tu me laisses t’aider.

            Elle renifle. Il lui tend un mouchoir en papier.

            – OK, décide-t-elle. Après tout, si vous voulez une deuxième rouste… À vous les blancs.

            Il sourit, installe les pions sur l’échiquier et bouge sa première pièce. Elle fait de même.

            – C’est vrai qu’on se les gèle ici, dit-elle en grelottant.

            – Prends mon blouson, propose-t-il.

            Elle hausse les épaules.

            – Pas besoin.

            Il se lève et lui pose son cuir sur les épaules.

            Elle se blottit à l’intérieur et concède :

            – Ça pèse une to

            Ils repre

            Elle ferme les yeux et prend une décision qui la déleste d’un poids : elle va perdre la partie. Elle va accepter de se laisser aider par ce chevalier venu de nulle part.

            Elle ne le sait pas encore, mais elle est en train de vivre un moment décisif de son existence.

            Dans les a

            – Échec et mat, dit-il en déplaçant sa dame.

            – D’accord, la deuxième manche est pour vous.

            Satisfait, il lui posa la main sur l’épaule.

            – Bon, écoute-moi bien, Caitlín : je vais retirer ma plainte et appeler mon avocat. D’ici là, je te demande de rester tranquille, OK ?

            – Votre avocat ?

            – Il va te sortir de là et t’éviter les foyers et les familles d’accueil. Il va s’arranger pour que tu aies le droit de poursuivre ta scolarité au St. Joseph College.

            – C’est quoi ?

            – Un petit lycée privé catholique tenu par des bo

            – Mais comment je vais faire pour…

            – Tu auras droit à trois a

            Elle acquiesce en silence puis demande :

            – Je ne vous devrai rien ?

            Il secoue la tête.

            – Non seulement tu ne me devras rien, mais tu n’entendras plus jamais parler de moi.

            – Pourquoi faites-vous ça ?

            – Pour que tu ne puisses pas dire qu’on ne t’a pas do

            Il range l’échiquier dans son sac, se lève pour partir et regarde sa montre.