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            – Putain, Melissa, on bosse quatre-vingts heures par semaine et elle nous traite de branleurs !

            – C’est vrai qu’elle est exigeante. Envers les autres comme envers elle-même. C’est quand même le seul chef de service qui accepte de se taper des gardes…

            – Ce n’est pas une raison pour nous parler comme à des chiens ! Pour qui elle se prend, bordel !

            – Pour ce qu’elle est : sans doute le meilleur chirurgien de cet hôpital. Tu savais qu’elle avait obtenu un score de 3 200 à son MCAT1 ? C’est la note la plus élevée depuis la mise en place du test et perso

            – Tu la trouves si exceptio

            – Elle est brillante, c’est sûr, admit Melissa à contrecœur. Je me demande comment elle a le temps de tout faire : elle bosse ici, au Heart Center, elle dirige un service de chirurgie pédiatrique qu’elle a créé à Jamaica Plain, elle do

            – Donc tu l’admires ?

            – Bien sûr. Et en plus, c’est une femme…

            – Je ne vois pas ce que ça change.

            – Ça change tout. Tu n’as jamais entendu parler de la « double journée » ? Elle doit s’occuper de sa famille, de son mari, de sa fille, de sa maison…

            Tim s’étira sur sa chaise. Un long bâillement décrocha sa mâchoire.

            – Pour moi, cette femme, c’est Robocop.

            Melissa regarda sa montre et but une dernière gorgée de son café.

            – On n’est pas à son niveau et on ne le sera probablement jamais, admit-elle, lucide, en se levant. Mais c’est justement ça que je lui reproche : ne pas comprendre que tout le monde n’a pas ses capacités.

            Les deux internes poussèrent un long soupir d’accablement. En traînant les pieds, ils se dirigèrent vers les ascenseurs, guère motivés par la perspective de reprendre le travail.

            Restée seule, Emma jeta un coup d’œil suspicieux derrière son épaule. Elle en avait appris suffisamment.

            Mieux valait ne pas trop s’attarder ici au risque de se faire repérer.

            Elle attrapa son sac à dos, mais, au dernier moment, céda néanmoins à la tentation de consulter sa messagerie.

            Elle avait un nouveau message de Matthew…

 11

            Une sorte de guerre

            L’amour est une sorte de guerre.

            OVIDE

            De :Matthew Shapiro

            À :Emma Lovenstein

            Je ne comprends pas votre colère, Emma. Je la trouve même étrange et déplacée.

            Comment pouvez-vous refuser de m’aider ?

            Matt

            De :Emma Lovenstein

            À :Matthew Shapiro

            Je n’ai pas dit que je ne vous aiderai pas.

            E.

            10 secondes plus tard.

            Mais vous n’avez pas dit le contraire non plus ! Si vous refusez d’empêcher l’accident de Kate, vous serez complice de sa mort !





            10 secondes plus tard.

            Arrêtez de me parler sur ce ton ! Et cessez de me menacer ou de me faire culpabiliser !

            Mais c’est de la vie de ma femme qu’il s’agit, espèce de folle !

            Ne me traitez plus jamais de folle !

            Alors, faites ce que je vous dis, compris ?

            Sinon, quoi ? Vous allez voir les flics pour me faire arrêter ? Vous allez débarquer chez moi, en 2011 ?

            J’aurais bien du mal…

            Pourquoi ?

            2 minutes plus tard.

            Pourquoi ?

            1 minute plus tard.

            Parce qu’en 2011 vous êtes morte, Emma…

            Pourquoi dites-vous ça ?

            Parce que c’est la vérité. Malheureusement.

            Vous mentez…

            1 minute plus tard.

            Vous mentez !

            Perplexe, elle attendit encore cinq minutes jusqu’à ce qu’un nouveau mail se matérialise sur son écran. Il provenait bien de Matthew, mais ne contenait qu’une pièce jointe au format PDF. Elle l’ouvrit avec appréhension. Il s’agissait d’un article du White Plains Daily Voice, un journal local d’une ville de la banlieue new-yorkaise.

            DRAME À WHITE PLAINS : une jeune femme se jette sous un train

            Une jeune femme de trente-quatre ans s’est do

            Arrivés en même temps sur les lieux, la police et les ambulanciers n’ont pu qu’établir un macabre constat : le cadavre déchiqueté de la jeune femme gisait sur les rails.

            La victime, Emma L., originaire de New York, a rapidement pu être identifiée grâce aux papiers retrouvés sur elle ainsi qu’à une lettre rédigée de sa main qui se trouvait dans son portefeuille, et dans laquelle elle expliquait les raisons de son geste désespéré.

            Psychologiquement fragile, la jeune femme était suivie depuis plusieurs a

            Après le drame, le trafic ferroviaire a été interrompu dans les deux sens pendant plus de deux heures, le temps d’appliquer les procédures judiciaires et d’évacuer le corps.

            Ce n’est qu’après 17 heures que la circulation sur la Harlem Line a pu reprendre normalement.

            The White Plains Daily Voice –  16 août 2011

            *

            Emma sentit sa gorge se nouer. Un frisson la paralysa pendant quelques secondes. Abasourdie, elle referma son écran et sortit de l’hôpital précipitamment. Sur le parking, elle se mit à courir comme si elle était poursuivie par la mort. Ses yeux s’embuaient. Perdue, paniquée, elle déambulait au hasard des rues, la tête basse, terrassée par la peur. La réverbération du soleil sur la neige se mêlait à ses larmes, lui do

            Elle s’installa au fond de la salle et resta un moment prostrée sur sa chaise. Lorsque la serveuse s’approcha de sa table, elle s’essuya les yeux, retira son manteau et commanda une vodka tonic. Avant même qu’on lui eût servi sa boisson, elle fouilla fébrilement dans son sac à la recherche de ses médicaments. Heureusement, elle avait toujours sur elle son « armoire à pharmacie ». Elle co

            C’était une sensation étrange : apprendre la nouvelle de sa propre mort dans le journal de l’après-midi… Étrange, mais pas si surprenante. Ainsi donc, elle était de nouveau passée à l’acte. Et cette fois, elle ne s’était pas ratée.