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            Emma était descendue au Four Seasons, le grand hôtel qui do

            Avant de prendre une décision, elle avait besoin d’observer le bonhomme. Elle co

            Elle avait facilement trouvé la maison des Shapiro, décorée de guirlandes et de couro

            Vers 10 heures, la porte s’était ouverte et elle l’avait aperçu pour la première fois en chair et en os. LUI, Matthew. Coiffé d’un bo

            Puis elle l’avait aperçue, ELLE. L’autre femme, Kate Shapiro. Une jeune blonde, mince et élancée, qui n’était pas seulement jolie, mais simplement… parfaite. Une beauté classique, toute patricie

            Après avoir accusé le coup – Kate était le genre de femme à côté de qui elle se sentait minable –, Emma avait pris la petite famille en filature jusqu’au Boston Public Garden, le parc qui servait de trait d’union entre Beacon Hill et Back Bay.

            – Regarde, chérie ! lança Kate à sa fille en désignant un écureuil dont la queue touffue dépassait de derrière un arbre.

            La petite fille bondit hors de sa poussette pour poursuivre l’animal, mais au bout de deux foulées, elle s’étala, le nez dans la poudreuse. Plus vexée que blessée, elle éclata néanmoins en sanglots.

            – Allez, mon cœur, viens avec papa.

            Matthew la remit dans sa poussette et le trio continua sa promenade, traversant Charles Street pour rejoindre le Boston Common, où une patinoire était installée les mois d’hiver. Pour consoler Emily, Kate acheta des marrons chauds au stand d’un vendeur ambulant. Ils les dégustèrent en observant les patineurs réussir des figures audacieuses ou chuter lourdement sur la glace. Ce deuxième cas de figure réjouissait particulièrement Emily.

            – C’est toujours plus amusant lorsque ce sont les autres qui tombent, n’est-ce pas, bébé ? la taquina son père.

            Puis ils migrèrent lentement vers le centre de la vaste pelouse où étaient rassemblés l’essentiel des promeneurs. Matthew hissa sa fille sur ses épaules. Les yeux brillants, elle admira la richesse des décorations de l’immense sapin de Noël qu’en vertu d’une vieille tradition, la ville d’Halifax offrait chaque a

            À quelques pas de là, Emma ne quittait pas Emily du regard. Comme la petite fille, elle avait aussi les yeux qui brillaient. Mais la flamme qui y brûlait était teintée d’amertume.





            Elle n’avait jamais co

            *

            Boston

            22 décembre 2011

            Au milieu de la nuit

            En pantalon de pyjama et tee-shirt des Red Sox, Matthew alluma la rampe d’éclairage qui entourait le miroir de la salle de bains.

            Impossible de fermer l’œil. Il avait la gorge sèche, des palpitations et une sale migraine. Il chercha deux capsules d’ibuprofène dans l’armoire à pharmacie et les avala d’un trait avec une gorgée d’eau. Il descendit l’escalier jusqu’à la cuisine. Depuis trois heures qu’il tournait et retournait dans son lit, une idée ne l’avait pas quitté. Une évidence qui s’était peu à peu imposée à lui. Une idée folle, trop belle pour être vraie, qui lui do

            Il pensa à ce rêve fou qu’avaient partagé tous les hommes : remonter le temps, pour corriger leurs erreurs et les injustices de la vie. Il songea au mythe d’Orphée et se vit dans la peau du joueur de lyre descendu jusqu’à la porte des Enfers pour supplier les dieux de lui rendre sa femme défunte. Kate était son Eurydice, mais pour la ramener à la vie, il avait désespérément besoin de l’aide d’Emma Lovenstein.

            Dans la pénombre, il alluma l’applique murale qui courait sous l’étagère en bois laqué de la cuisine. Il souleva l’écran de l’ordinateur portable, s’installa sur l’un des tabourets et rédigea un message à Emma dans lequel il mit tout son cœur et toute sa foi.

            *

            Boston

            Le 22 décembre 2010

            La famille Shapiro quitta les pelouses du Boston Common pour migrer vers l’est. Emma les suivit prudemment, restant à bo

            Bientôt, des effluves de café torréfié flottèrent dans l’air, à l’approche du North End, le quartier italien. Sur Hanover Street, les vitrines des traiteurs et des pâtisseries faisaient saliver le chaland : mozzarella di buffala,artichauts à la romaine, pain de Gênes croustillant, struffoli au miel, ca

            En se tenant par la main, Matthew et sa femme pénétrèrent dans un restaurant tout en baies vitrées où ils devaient avoir leurs habitudes. The Factoryétait une trattoria à la mode à l’ambiance mi-familiale, mi-branchée, fréquentée aussi bien par des étudiants co