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Bobinette raconta en détail comment elle avait consenti à cacher le fameux débouchoir que Vagualame, un jour, était venu lui apporter. C’est elle qui avait aidé le bandit à concevoir un plan audacieux pour livrer cette pièce à l’étranger. C’est elle qui s’était déguisée en prêtre pour conduire le caporal Vinson à Dieppe. Elle ignorait d’ailleurs avoir affaire à Jérôme Fandor. Jusqu’au télégramme de Vagualame.

— Eh ! s’écria-t-elle, qui donc a encore tué le vrai caporal Vinson, il y a quelques jours à peine, au moment où il traversait la rue du Cherche-Midi ? Vous l’ignorez peut-être, messieurs, moi je le sais… c’est le meurtrier du capitaine Brocq, c’est le meurtrier de la chanteuse Nichoune, c’est Vagualame… toujours.

« Vagualame » poursuivit Bobinette, s’animant de plus en plus – désormais la jeune femme semblait au paroxysme de l’exaspération, – elle hurlait ses révélations sans timidité, sans craintes, comme un apôtre qui veut convaincre, comme un martyr au plus rude de son supplice. Vagualame !… vous vous demandez qui c’est, et vous cherchez dans les agents secrets, cette immonde population qui gravite autour de vos États-majors, à l’affût perpétuellement de quelque secret à surprendre…

Le commandant Dumoulin, qui depuis quelques instants ne tenait plus en place, s’était précipité vers elle ; d’un geste brusque, l’officier lui fermait la bouche avec sa grosse main, et terrifié presque, mais résolu, se tournant vers le colonel président du Conseil de Guerre, exigeait :

— Mon colonel, monsieur le président… je réclame le huis clos ! Il ne faut pas laisser porter de semblables accusations en public… Je vous en conjure, ordo

L’avocat de la défense se leva à son tour :

— Je suis d’accord, déclara-t-il, avec le ministère public, pour demander le huis clos.

Le colonel hocha la tête affirmativement, regardant le commandant Dumoulin, puis M eDurul-Berton.

Mais, tandis que les juges militaires s’entretenaient à voix basse des formalités à remplir pour que le huis clos fût prononcé dans les règles, le commandant Dumoulin, auquel le lieutenant Servin avait suggéré quelque chose, intervint à nouveau et dit :

— Monsieur le président, messieurs les membres du Conseil, eu égard aux graves déclarations du témoin, je requiers son arrestation immédiate.

L’officier venait à peine d’exprimer ce désir, qu’un grand cri retentissait.

Juve, devinant une intention de Bobinette, s’était précipité vers elle, mais, en dépit de sa rapidité, il arrivait juste pour recevoir la jeune femme défaillante dans ses bras.

Bobinette, qui sans doute avait pris sa décision depuis longtemps déjà, estimant le Conseil suffisamment renseigné pour prononcer l’acquittement de Fandor, venait d’absorber le contenu d’une petite fiole jusqu’alors dissimulée dans son manchon.

— La malheureuse, hurla Juve, elle s’est empoiso

Ce fut, dès cet instant, un indescriptible désordre dans la salle d’audience.

— L’audience est suspendue ! cria le colonel.

***

Il était neuf heures du soir, et la foule aussi nombreuse, aussi compacte dans la salle d’audience qu’à deux heures de l’après-midi, attendait.

Depuis la tentative de suicide de Bobinette, – la jeune femme n’était pas morte sur le coup et on l’avait emportée à l’infirmerie avec l’espoir, le très vague espoir de la ranimer, – l’audience avait été reprise et les magistrats dès lors siégeaient à huis clos. Mais les révélations de la coupable, non seulement avaient jeté le désarroi dans le réquisitoire que le commandant Dumoulin se proposait de prononcer, mais encore elles avaient fait la lumière dans l’esprit des juges et convaincu ceux-ci de l’i

À neuf heures du soir, le ministre public, ayant abando

Fandor était libre.

Un peu étourdi, le jeune homme, que pressait de questions une foule hétéroclite et bizarre de civils et de militaires qui l’empêchait de sortir de la salle d’audience, ne savait trop que répondre aux uns et aux autres.

Machinalement, il serrait les mains cordiales qui se tendaient vers lui. Il avait souri à la recommandation du lieutenant Servin, qui venait de lui murmurer à l’oreille, non sans une pointe d’ironie :

— Le jugement ne fait pas mention, monsieur, des vêtements que vous portez, mais il semble établi qu’ils ne vous appartie

Toutefois, peu à peu, la foule s’écoulait et Fandor, demeuré avec quelques confrères de la presse, pouvait les entretenir un peu plus longuement de ses émotions et de ses peines.

Mais soudain Juve arriva.

Fendant la foule des gens qui entouraient Fandor, Juve s’approcha du journaliste, l’embrassa sur les deux joues, puis, après cette effusion de sympathie, il lui murmurait précipitamment à l’oreille :





— Maintenant, mon vieux Fandor, ce n’est pas le moment de nous attarder. Partons vite. Je te conduis chez toi, pour que tu changes de vêtements, car ce soir… nous avons à faire…

— Ce soir ?

36 – AMBASSADEURS !… ?

— Filons, Fandor, nous allons arriver en retard…

Jérôme Fandor passait son pardessus et, dégringolant l’escalier à la suite de Juve, qui lui-même descendait deux marches par deux marches, cria au policier :

— Voilà où je vous attendais, Juve, depuis un quart d’heure. Il va bien falloir que vous do

— Au fait ! c’est vrai ! dit Juve, je m’amuse à t’intriguer, c’est probablement stupide… Fandor, nous allons au bal…

— Au bal ?

— Parfaitement ! et j’imagine que nous y ferons danser quelqu’un… de la belle façon !

— Qui donc ?

— Le maître de la maison !

— Juve, vous parlez par énigmes…

— Non… sais-tu chez qui nous allons ?

— Je ne vous demande que cela, Juve…

— Nous allons chez Fantômas !… pour l’arrêter.

— Mais, bon Dieu, Juve, que voulez-vous dire ?… Vous m’avez affirmé l’autre jour qu’il vous était impossible d’arrêter Naarboveck, n’était-ce pas là la vérité ?

— Si.

— Et ça ne l’est plus ?

— Ça l’est encore !

— Ah ça ! ne jouons pas sur les mots. C’est trop grave, Juve. Nous savons que Naarboveck est Fantômas, mais vous m’avez juré qu’il était impossible d’arrêter Naarboveck, vous me l’affirmez encore et pourtant vous m’a

Pour toute réponse, Juve tira sa montre et, le doigt sur le cadran :

— Tiens, regarde, Fandor, il est exactement dix heures et demie, n’est-ce pas ? nous allons être chez Naarboveck à onze heures moins le quart. Il me sera impossible de l’appréhender – tu le comprendras, cela, à onze heures vingt environ… – mais tu verras qu’à minuit moins le quart, minuit peut-être au plus tard, il me sera fort aisé de mettre la main au collet de Fantômas… et je ne m’en ferai pas faute !

— Juve, vous êtes assommant avec vos mystères…

— Mon cher Fandor, répondait Juve, pardo

— La volonté de qui, mon Dieu ?