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— Déguisée en bohémie

— Cela ne te regarde pas… Tu n’as qu’à faire ce que je t’ai dit : je te do

Vagualame fouilla dans ses poches. Il ajouta, en tendant à la jeune femme un carnet :

— Dans les pages de cet agenda, tu trouveras deux billets de banque de cent francs, c’est plus qu’il ne te faut pour te grimer convenablement. Je te redo

Tout en causant, Bobinette et Vagualame s’étaient éloignés du Veau-qui-Pleure.

Par un dédale de petites rues noires et mystérieuses, le bandit avait conduit sa compagne jusqu’à une sorte d’impasse fermée à l’un de ses bouts par une haute maison. Au rez-de-chaussée, une large boutique occupait la moitié de la façade, et, bien que la devanture de fer fût descendue, on pouvait voir, à des rais de lumière, qu’on veillait à l’intérieur.

Brutalement, ainsi qu’il faisait toujours, Vagualame mit la main sur l’épaule de Bobinette.

— Attention ! recommanda-t-il, il ne s’agit plus de plaisanter maintenant !… Tu vas venir avec moi ; je vais l’introduire, parce que cela est nécessaire, chez de nombreux amis que j’ai ici… des amis qui d’ailleurs me co

— De cette librairie ? interrogeait Bobinette.

— Oui. C’est une librairie… Donc, tu saisis ce que je te conseille ? En cas de besoin, tu écris une lettre à mon nom, au nom de Vagualame, tu la remets directement à la patro

Tout en parlant, Vagualame avait frappé trois coups espacés, puis encore deux autres coups au volet de fer de la boutique. Une clé grinça dans la serrure, la porte s’ouvrit. Le bandit, d’une bourrade, fit passer devant lui Bobinette, qui, subitement éblouie, se demandait si elle ne rêvait point lorsque, abando

— Bonjour, Sophie, dit Vagualame à une jeune femme qui venait au-devant de lui, rien de nouveau, ce soir ?

— Rien de nouveau, Vagualame…

— Sophie, reprenait Vagualame, je vous amène une nouvelle amie… qui, peut-être, pourrait avoir un de ces jours à vous apporter une lettre pour moi…

La patro

— Les frères sont-ils prévenus, Vagualame ?

— Les frères ne sont point encore prévenus, mais je leur présenterai mon amie au premier jour…

Au moment où Vagualame terminait, on frappait à la devanture. Une voix :

— Police, ouvrez.

Le bandit, cependant, ne semblait nullement ému…

— Tiens, fit-il simplement et d’un ton quelque peu narquois, voilà que vous avez été encore une fois signalée comme n’obéissant pas aux prescriptions de la loi sur le travail.

Et, tout en parlant, Vagualame, qui menaçait du doigt la femme qu’il avait appelée Sophie, se dirigea vers la porte de la boutique, où, collant son œil à la serrure, il regarda ceux qui se présentaient chez la libraire à cette heure indue.

Mais Vagualame avait à peine appuyé son visage à ce trou de serrure que l’accordéoniste se prenait à pâlir.

— Bougre, ce n’est pas ce que je croyais… c’est la brigade des recherches… L’inspecteur Juve ! l’agent Michel !… Du sang-froid, Sophie, ils ne peuvent co





En deux enjambées, Vagualame rejoignit alors Bobinette, interdite et blême de frayeur. Il prit la jeune femme par le bras, l’attira violemment vers le fond de la salle, gagna un recoin de la boutique, dont le sol, par exception, n’était pas encombré de piles de livres… Et, une fois là, Vagualame ordo

— Serre tes jupes entre tes jambes… N’aie pas peur !…

Le bandit ne se trompait pas : c’était bien la brigade des recherches qui cernait l’entrée de la boutique.

Sans bruit, glissant au long des maisons comme de véritables ombres, sur la pointe des pieds, le revolver d’une main, une lanterne sourde de l’autre, une quinzaine de bourgeois s’étaient groupés.

Juve, qui les commandait, do

— Faites attention, Michel, nous avons vu entrer les oiseaux, donc ils sont là… Il ne faut pas qu’ils nous échappent… Dès que je vais être entré dans la boutique, ne quittez plus cette porte… Il n’y a pas d’autre issue… ne laissez sortir perso

— Soyez tranquille, Juve, perso

À peine s’était-il écoulé trois minutes entre la première sommation de Juve et le moment où la libraire ouvrait sa porte… Mais ces trois minutes, le bandit les avait mises à profit.

— Ne crie pas ! n’aie pas peur ! souffla Vagualame en poussant Bobinette… Ce n’est pas encore ce coup-ci qu’ils nous prendront !…

Bobinette se sentit bousculée, entraînée dans un coin de la pièce… et soudain le sol se déroba sous ses pas. Elle roula sur une sorte de plan incliné, un véritable toboggan…

Bobinette, glissant dans le vide, crampo

— Silence, répétait le bandit, tandis que la jeune femme, parvenue à l’extrémité de la glissière, roulait sur le plancher d’une sorte de cave où s’entassaient encore des piles de volumes…

Déjà Vagualame avait tiré de sa poche une boîte d’allumettes. À la lueur clignotante de la brindille de bois, il faisait signe à sa compagne d’écouter.

— C’est bien cela, dit-il, les agents perquisitio

— Mon Dieu ! gémit Bobinette, si vous croyez qu’il trouve la trappe, qu’allons-nous faire ?

Vagualame ne semblait nullement ému. Il haussa les épaules et, ayant tiré de sa poche un rat-de-cave, l’alluma.

— Dame, dit-il, en haussant la lumière, il y a plusieurs partis à prendre : tu peux, si tu le veux, Bobinette, choisir un volume dans tous ces livres et attendre tranquillement… Tu peux, si tu le préfères… mais assez !

Vagualame soudain s’approchait du tas que formait dans un angle de la réserve où il se trouvait une importante collection de journaux illustrés… Du poing, il frappa trois coups sur le dos des brochures, disant à voix basse :

— Ouvrez ! ce sont des frères !…

Et Bobinette, stupéfaite, vit l’énorme pile de volumes osciller sur sa base, puis, sans bruit, se diviser en deux, se séparer… Les journaux démasquaient une porte secrète… Mais la jeune femme n’eut pas le temps de réfléchir à ce nouveau mystère. Vagualame déjà l’entraînait.

— Tu vois, ma chère amie, railla-t-il, qu’il n’est point inutile d’avoir des relations dans tous les mondes, et que ton excellente patro

Bobinette croyait rêver. Vagualame venait de la faire passer dans une sorte de grande salle éclairée par des torches de résine, et dans cette salle une vingtaine de jeunes gens, debout, saluèrent avec vénération Vagualame, s’avançant vers eux la main tendue…