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Tandis que l’officier notait précieusement ce détail, Juve recevait au bureau de police un télégramme chiffré qui lui confirmait le renseignement, mais lui apprenait en outre que les étrangers, après s’être ravitaillés en essence et en huile, étaient repartis aussitôt…

Juve entraîna sur le quai le lieutenant de Loubersac :

— Soyons plus attentifs encore, déclara-t-il, nos gaillards ne vont pas tarder à arriver !

Depuis pas mal de temps déjà Henri de Loubersac, en dépit de ses préoccupations professio

L’officier se souvenait que lors de son entretien sur la berge de la Seine avec le faux Vagualame, Juve avait nettement insinué que Wilhelmine de Naarboveck devait avoir été la maîtresse du capitaine Brocq.

L’officier alors avait protesté.

Mais désormais qu’il savait que le faux Vagualame n’était autre que l’inspecteur Juve, ce propos lui était revenu à l’esprit et le torturait singulièrement.

Enfin, de Loubersac posa la question au policier.

Celui-ci fronça le sourcil, parut embarrassé.

La jeune fille blonde qui habitait avec le baron de Naarboveck et passait aux yeux de tous pour sa fille, s’appelait-elle bien Wilhelmine de Naarboveck ?

Mais valait il mieux ne rien dire ? Non. Il valait mieux faire parler Wilhelmine, en provoquant le lieutenant, en le forçant à interroger celle-ci.

Aussi Juve n’hésita-t-il pas, en dépit du mal qu’il faisait à Henri de Loubersac, à lui dire, hypocritement :

— Il m’en coûte, monsieur, de vous répondre sur ce point, car je crois deviner que votre assiduité chez le diplomate de la rue Fabert tient à ce que vous rencontrez chez lui une délicieuse perso

Vous êtes encore aujourd’hui en présence de ce même faux Vagualame… c’est moi, Juve… comme vous savez. Or, j’ai le regret de vous dire que, quelle que soit la forme extérieure que j’adopte, ma façon de penser, ma manière de voir les choses, ne varie que bien rarement…

L’officier avait compris, il pâlit. Ses lèvres se contractèrent. Il serra les poings.

Juve, satisfait du résultat obtenu, se répétait l’aphorisme célèbre de Basile : « Calomniez !… calomniez !… il en restera toujours quelque chose. » La nuit était tout à fait venue. Tandis que de Loubersac restait aux aguets, Juve retourna au poste de police.

Précisément comme il y arrivait, la so

Le caporal et le curé, en quittant Rouen, s’étaient rendus sur la route de Barentin, ils avaient dîné à l’hôtel du Carrefour Fleuriet, selon les dires du chauffeur, ils y passeraient la nuit, puis ils gagneraient Dieppe le lendemain à la première heure.

Juve rapporta ce renseignement au lieutenant de cuirassiers.

Ils causèrent encore quelques instants, puis ils se séparèrent, prétendant l’un et l’autre qu’ils allaient regagner leurs hôtels respectifs pour y prendre un peu de repos.

***

Toutefois Juve n’avait pas quitté les environs du quai. Il s’était installé dans une guérite de douanier et stoïquement s’apprêtait à y passer la nuit, en tête à tête avec ses réflexions. Le policier voulait être sûr que nul ne pourrait aborder le yacht mystérieux sans être vu de lui. C’est pour cela qu’il décidait de ne pas aller se coucher.

Au bout d’une heure à peine, Juve dressa l’oreille. Il entendit un bruit de pas furtifs dans le voisinage de sa guérite.

Si c’était le caporal Vinson ?

Il écouta encore ; les pas se rapprochaient. Juve tout doucement quitta son abri, quelqu’un se dressa devant lui et… les deux hommes s’étant reco

Juve était en présence du lieutenant Henri de Loubersac.

Jovialement, Juve résuma d’un mot la situation :

— Tenez, mon lieutenant, s’écria-t-il, nous pouvons dire que, civils ou militaires, dans notre métier, le vôtre et le mien, on vit perpétuellement sur le pied de guerre !





Philosophiquement ils allumèrent pipe et cigarette et, résignés à passer une nuit blanche, ils se remirent à arpenter le quai.

22 – ILS ONT FILÉ

Tandis que le policier Juve et Henri de Loubersac s’apprêtaient à passer toute leur nuit en guettant l’arrivée des traîtres, Fandor veillait, lui aussi…

De plus en plus persuadé que le faux curé, ou du moins celui qu’il accusait d’être un faux curé, se disposait à l’entraîner dans de périlleuses aventures, il ne voulait pas dormir, il ne dormit pas…

Fandor, qui n’avait garde de bouger dans son lit et feignait, au contraire, un profond sommeil, réfléchissait toujours. Il se convainquait tout d’abord que si lui-même ne fermait point l’œil, le prêtre, son voisin de lit, ne reposait pas davantage. Si lui, Fandor, se méfiait de l’abbé, il était évident que l’abbé se méfiait au moins autant du caporal Vinson…

— Si seulement mon curé dormait, pensait Fandor, je ficherais le camp maintenant. Mais ce bonhomme-là, j’en suis sûr, a les yeux grands ouverts.

« Attention à la manœuvre, pensait Fandor, il ne faut rien brusquer, mais il ne faut pas que je laisse échapper l’occasion qui ne manquera pas de se produire… C’est bien le diable si ce maudit curé n’a pas, à un moment do

Pour ne pas compromettre la réussite du plan qu’il avait formé dans son esprit, Fandor eut la patience méritoire d’attendre longtemps encore…

— Vous êtes éveillé, caporal ?

(Le prêtre l’interrogeait enfin à voix basse…)

— Parfaitement, monsieur l’abbé. Vous êtes reposé ?…

— Je n’ai fait qu’un somme…

— Voulez-vous vous lever le premier, caporal ? Quand vous aurez fini votre toilette, je commencerai la mie

— Mais, monsieur l’abbé, je ne veux pas vous faire attendre, levez-vous d’abord.

— Non pas ! sans façon.

Fandor n’eut garde d’insister.

En deux temps, trois mouvements, ainsi qu’il en avait pris l’habitude à la caserne, le faux caporal Vinson était débarbouillé, habillé, prêt.

— Mon cher abbé, déclara-t-il alors, si vous le voulez bien, je m’en vais m’assurer que votre mécanicien est debout et lui dire de préparer la voiture…

— J’allais vous le demander, caporal…

Le journaliste ne monta nullement réveiller le chauffeur. Il descendit, au contraire, dans la cour de l’hôtel où, d’un clignement d’œil, il rassura l’hôtelier.

— Nous avons passé une très bo

Fandor n’hésita pas, il était chauffeur expert.

Le jeune homme accomplit rapidement les manœuvres nécessaires, puis affirma à l’hôtelier qui le considérait curieusement :

— Si l’on me demande, dites que je vais faire un essai sur la route et que je reviens dans trois minutes…

Fandor sauta sur le siège, embraya, passa en virtuose la gamme des vitesses. La voiture déboucha de la voûte de l’hôtel sur la grand-route…

— Ficher le camp par Rouen, pensait Fandor, serait évidemment préférable, car j’aurais beaucoup plus de chance de pouvoir prendre un train express…  Mais, d’autre part, puisque j’ai le bonheur de porter l’habit militaire, je courrais gros risque de me faire ramasser… je vois cela d’ici… le sous-off de service s’approchant de moi à la gare… Peut-être suis-je déjà signalé… Je ne me soucie nullement d’être arrêté… Au contraire, si je me sauve jusqu’à une petite gare ignorée, je n’aurai qu’à raconter un boniment fantaisiste à la buraliste pour obtenir qu’elle me délivre, le plus i