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Il comprenait, en effet, pourquoi, si véritablement le prêtre était une femme déguisée, il avait tant hésité à coucher dans une chambre commune avec Fandor, pourquoi maintenant il n’osait point abando

Fandor, cependant, souhaitait le bonsoir à son compagnon et, peloto

— Je ne sais pas ce qui va se passer, se disait-il, méfions-nous…

Le jeune homme avait grand-peur de s’endormir, il se montrait exagérément prudent.

La lumière n’était pas en effet éteinte depuis dix minutes que quelqu’un voulut entrer dans la chambre et, se heurtant à la porte fermée, la secoua, comme éto

— Qui va là ? demandait Fandor.

— Bon !… bon !… ne vous dérangez pas…, répondit-on…

Et, dans le couloir, Fandor entendit que l’on s’éloignait.

— Quelqu’un qui se trompe, pensa le journaliste. Et il retomba dans ses réflexions.

— Évidemment, aujourd’hui, j’ai fait une promenade charmante, mais demain, à Dieppe… puisque c’est à Dieppe que nous allons maintenant, ce voyage pourrait très mal finir… De deux choses l’une : ou il va falloir que je m’occupe du débouchoir volé et, dans ce cas, je devrai me livrer à un jeu terriblement périlleux, ou mon faux curé m’a raconté des histoires inventées à plaisir… et je ne sais pas ce qui m’attend, ce qui n’est guère amusant !…

Mais Jérôme Fandor était interrompu dans ses réflexions. À nouveau quelqu’un voulait entrer dans la chambre…

— Qui va là ? demande encore le journaliste…

Mais trouvant la porte fermée, le visiteur s’était déjà éloigné et ne répondit pas.

Jérôme Fandor écoutait un instant, il n’entendait plus que la respiration régulière de l’abbé, celui-ci dormait ou feignait de dormir…

— De plus, pensait Fandor, reprenant le cours de ses réflexions, que diable disait ce télégramme reçu tout à l’heure au garage ? Il m’a semblé que mon abbé en était assez ému… il m’a semblé surtout qu’il me regardait fixement, après en avoir achevé la lecture… c’est mauvais, cela !…

Une troisième fois on frappait à la porte ou plutôt on essayait d’entrer d’autorité dans la chambre…

Fandor énervé bondit hors du lit, et saisissant la clé que le prêtre avait posée sur sa table de nuit, ouvrit rapidement, passa la tête dans le couloir :

— Mais qu’est-ce qu’il y a donc ? demanda-t-il, c’est assommant à la fin…

Il se trouva face à face avec un jeune paysan qui parut profondément interloqué d’apercevoir le journaliste en chemise…

— Que voulez-vous ? précisait Jérôme Fandor.

— Bé dame ! faisait l’autre…

Et du doigt il montrait la porte que Fandor tenait toujours à demi ouverte.

Le journaliste regarda ce qu’on lui montrait.

Une seconde, il demeura muet de stupéfaction, puis éclata d’un franc éclat de rire.

Sur la porte, à l’aide de deux punaises, un farceur avait fixé un écriteau « W.-C. », probablement décroché ailleurs !

Le journaliste comprenait maintenant à merveille pourquoi trois perso

 Fandor haussa les épaules, arracha l’écriteau, referma sa porte et s’en vint se recoucher…





Mais comme il arrangeait confortablement son oreiller, une pensée se faisait jour dans son esprit :

— Je parierais gros que mon prêtre ne dort pas du tout, malgré sa respiration régulière, je jurerais que c’est lui qui a trouvé le moyen d’accrocher cet écriteau, pour être certain que nous soyons dérangés tout le temps et qu’il ne puisse pas s’endormir…

Et devinant la ruse, Fandor fronçait les sourcils :

— Oh ! mais !… oh ! mais ça commence à m’e

Jérôme Fandor s’occupa à se réciter Le Cid, pour être bien certain de se tenir éveillé…

21 – ENTENTE CORDIALE

— Faisons la paix ? offrit Juve.

Le policier tendait sa main large et vigoureuse :

— Faisons la paix, franchement, sans arrière-pensée !

Le lieutenant de Loubersac était en face de l’inspecteur de la Sûreté. Sans hésiter l’officier accepta le pacte et serrant dans les siens les doigts de Juve :

— C’est entendu, monsieur, nous sommes bien d’accord.

L’inspecteur et l’officier se trouvaient sur la jetée du port de Dieppe. Il était trois heures de l’après-midi et par ce jour froid de décembre les flots au loin avaient un aspect sinistre. La tempête venait d’ouest et les rares bateaux de pêche qui s’étaient aventurés au large ralliaient avec la marée la direction du port.

Depuis qu’ils étaient arrivés à Dieppe, Juve et Henri de Loubersac s’étaient machinalement efforcés de s’éviter l’un l’autre, mais la topographie de la ville devait évidemment les ramener sans cesse au même point, car à peine s’étaient-ils tournés le dos avec des mines maussades et e

***

La veille au soir, à la suite de son arrestation sous la forme de Vagualame, Juve avait été conduit au Dépôt par les inspecteurs de la Sûreté, ses collègues.

Mais aussitôt dans le taxi où il montait sous la surveillance de l’agent Michel et de son compagnon, Juve s’était fait reco

Ils accueillaient sans enthousiasme le récit de Juve, car au fond, ils se sentaient profondément vexés, non seulement de ne pas avoir arrêté le coupable, qu’ils avaient mission d’appréhender, mais encore de n’avoir pas, sur-le-champ, découvert que l’individu grimé qu’ils entraînaient hors de l’hôtel de Naarboveck n’était autre que leur collègue.

Celui-ci, dès le début de l’étrange entretien qui avait lieu dans le taxi, pendant le court trajet qui séparait l’Esplanade des Invalides de la Préfecture de police, s’était douté, avec son flair habituel, que l’agent Michel et son collègue n’étaient pas en bo

Et Juve, ne voulant pas compromettre son plan de campagne, renonçant à son premier projet, avait décidé de ne point leur parler du caractère éminemment suspect de Bobinette, encore moins de la complicité de la jeune femme avec le véritable Vagualame, complicité que depuis quelques jours, surtout depuis le soir même, il avait catégoriquement établie.

Que pouvait-on faire de Juve une fois au Dépôt ?

Force fut à Michel de lui enlever les menottes et de lui rendre sa liberté. Toutefois, Michel sollicita de son collègue la promesse formelle qu’il viendrait, dès le lendemain matin, mettre M. Havard au courant de ce qui s’était passé.

Juve avait promis.

Le lendemain matin, en effet, le policier, dès sept heures, était reçu par le Chef de la Sûreté. Il espérait n’être retenu que quelques minutes à peine et pouvoir s’en aller à la gare de l’Est attendre l’arrivée du caporal Vinson. Malheureusement, l’entretien fut long et le policier une fois rendu libre, renonça à son projet. Il était trop tard. Au surplus, Juve n’avait pas perdu son temps à la Préfecture, car un coup de téléphone venant du Deuxième Bureau de l’État-Major avait avisé la Sûreté que le caporal Vinson, arrivé à Paris, allait se rendre prochainement à Dieppe où un bateau de plaisance étranger prendrait possession d’une pièce d’artillerie dérobée et recueillerait vraisemblablement à son bord, par la même occasion, le caporal en question.

Juve, muni de ces renseignements qui coïncidaient avec ceux recueillis par lui la veille au soir, de la bouche même de Bobinette, qui complétaient en somme ceux de la jeune femme, décida qu’il importait au plus vite de gagner Dieppe et d’y effectuer une surveillance.